Les coureurs empruntent les sentiers du mont Royal – Photo : courtoisie
Près de 1600 coureurs sont attendus au départ de la huitième édition du Tour du mont Royal Brébeuf (TMRB) ce dimanche. Cet événement accessible est en voie de devenir l’une des courses les plus populaires au Québec, en plus d’être considéré comme une pouponnière de coureurs en sentier.
Comme l’explique Patrick Daigle, le fondateur de l’événement, de nombreux coureurs sur route y font leur initiation. « Tu ne vas pas courir la première fois en sentier à Saint-Donat, alors qu’ici c’est intéressant pour essayer. Aux gens qui font de la course sur route et qui m’écrivent, je dois leur expliquer la réalité du dénivelé et des conditions des sentiers. Un coureur sur route, quand il fait moins que sa vitesse sur l’asphalte, ce qui est inévitable en sentier, psychologiquement, il se trouve mauvais. »
Une activité scolaire
Pour celui qui est professeur d’éducation physique au Collège Brébeuf, l’idée du TMRB a germé auprès de ses étudiants. « À la base, je suis un coureur en sentier depuis 25 ans. J’emmenais mes étudiants courir sur le mont Royal dans plein de petits sentiers perdus. Même si la majorité des étudiants habitaient autour, à Outremont ou Westmount, ils me disaient : “Je ne suis jamais venu sur le mont Royal, je ne connais pas ce coin-là.” »
C’est à cette époque qu’il conçoit le parcours des trois sommets qui permet de relier le sommet de l’Université de Montréal, avec celui du mont Royal et de Westmount. « Je faisais cette boucle comme défi de fin de session, on passait par les petites rues et les escaliers dans Westmount et mes étudiants trouvaient ça bien trippant », se rappelle-t-il.
Puis, il y a huit ans, sur un coup de tête, il décide de lancer une invitation sur Facebook : “Course sur le mont Royal dimanche prochain si ça vous tente“. « Il y a 125 personnes qui se sont présentées. À la seconde édition, il y a eu 500 personnes et j’étais plutôt surpris », raconte Patrick.
Un défi logistique
Organiser une course de cette envergure à Montréal est une entreprise complexe. « Quand tu tiens un événement dans les grands parcs, tu as besoin d’une autorisation spéciale de la Ville de Montréal. Il faut aussi une autorisation avec l’UdeM, HEC et Polytechnique parce qu’on passe sur leurs terrains. Juste en frais de fermeture de rue, on a au-delà de 7000 $ », explique Patrick Daigle.
Plus d’une centaine de bénévoles prêtent main-forte le jour de l’évènement. « Il y a des groupes de scouts qui viennent et en contrepartie, on leur donne des sous pour leurs activités. Le défi, c’est qu’on est à la fin octobre, il fait froid, je ne peux pas mettre n’importe quel bénévole sur la montagne. Les scouts sont habitués à être dehors. »
Même le balisage peut s’avérer complexe en milieu urbain. « On fait l’installation des drapeaux le samedi, mais il y a du monde qui les enlève, explique-t-il. C’est déjà arrivé que le responsable revienne sur son chemin et voit une petite famille ou les enfants ont des poignées de drapeaux dans les mains. Il y a aussi des gens qui ne sont pas contents de voir un événement sur la montagne. Les dimanches matin, deux équipes partent à six heures et font le parcours au complet pour s’assurer que tout est correct. »
Une formule gagnante
Avoir le magnifique gymnase du Collège Brébeuf comme base opérationnelle offre de nombreux avantages. « Les gens ont accès à des douches chaudes à l’arrivée. Avant la course, ils peuvent se changer à l’intérieur et sortir seulement deux minutes avant le départ. Ce n’est pas pour rien que c’est une des courses les moins chères à Montréal, le Collège fournit tout gratuitement. »
Comme l’explique Patrick, c’est dans la mission du collège Brébeuf de redonner aux quartiers limitrophes. « C’est pour ça qu’il y a des enfants de Sainte-Justine et du Dr Julien qui viennent courir ici gratuitement. Et on redonne des sous à des groupes du quartier. Le Collège a tout de suite embarqué quand j’ai soumis l’idée il y a huit ans. »
Cette année, les parcours demeurent essentiellement les mêmes, avec les distances de 1, 3, 5, 11, 16, 26 et 42 km, mais certains changements sont attendus au niveau de la nourriture. « On va annoncer du nouveau cette année, mais ça reste dans le même esprit de bonne bouffe chaude d’après course. Quatre ravitos sur la montagne, de l’eau essentiellement, mais il va peut-être y avoir d’autres choses cette année », explique-t-il.
Un club de course
Le TMRB c’est aussi un club de course qui existe depuis la seconde édition. « Les gens nous disaient que ça serait le fun d’essayer le parcours. On a donc fait quatre jeudis où on a couru ensemble sur la montagne. Puis, les gens ont dit : c’est cool, mais ça serait le fun de s’entraîner encore plus. Une fois que tu te mets le doigt dans l’engrenage, ça part », explique Patrick en riant.
Le club compte maintenant une centaine d’inscriptions, et entre 30 et 40 personnes participent aux entrainements du mercredi soir. « Ça se déroule d’avril à octobre, raconte Patrick. Et ce n’est pas juste des sorties entre amis, on a des vrais entraîneurs. On débute par des séances d’entraînement structurées, puis on va dehors pour découvrir les sentiers et maîtriser les techniques en montée et en descente. »
Encore des rêves
Même si l’évènement a atteint une certaine maturité, cela n’empêche pas Patrick Daigle de rêver. « J’aimerais ça voir un 100 km, mais ça veut dire de fermer les routes longtemps et là, c’est compliqué, on parle d’un changement de garde au niveau des policiers. »
Pour le reste, le TMRB approche de sa capacité limite. « On n’ira jamais plus haut que 1800 coureurs pour garder la qualité de l’événement. J’ai fait beaucoup de compétition et c’est le fun de faire des événements ou ça respire. Tu as le temps de te changer, d’aller à la ligne de départ, tu peux prendre une collation et jaser avec le monde. Il faut que ça reste convivial », conclut-il.à