Qui n’a jamais entendu dire : « courir, ça fait mal au dos » ou « courir, ça tasse les lombaires »? Le raisonnement est simple : la course à pied est une succession de sauts sur une jambe puis sur l’autre, et les chocs qui en résultent endommageraient la colonne vertébrale, en particulier par un amincissement des disques.
Cette logique semble légitime quand on sait que les coureurs font en moyenne 10 000 pas par heure. Pourtant, une étude récente vient invalider la théorie selon laquelle la course à pied abîmerait le dos. Dans les faits, la colonne se renforcerait grâce à la course à pied. Explications.
L’impact positif de la course à pied sur les disques lombaires
Une équipe de chercheurs australiens a comparé les imageries par résonance magnétique (IRM) de la colonne lombaire de trois groupes de personnes dont l’âge moyen était de 30 ans. Il y avait des non-coureurs, des coureurs récréatifs (20-40 km/semaine) et des coureurs aguerris (50 km et +/semaine).
Les résultats révèlent que les deux groupes de coureurs ont une meilleure hydratation discale et un contenu plus important en glycosaminoglycanes que les non-coureurs. Ces deux marqueurs sont des témoins importants de la qualité tissulaire et de la force des disques intervertébraux. De plus, les coureurs qui parcouraient au moins 50 km par semaine possédaient des disques plus épais que les deux autres groupes.
En utilisant une technique d’imagerie novatrice, les auteurs sont même parvenus à démontrer que l’impact positif le plus marqué de la course à pied sur le disque se situe au niveau du nucleus (noyau), soit la partie centrale du disque qui est impliquée dans les hernies discales. C’est la première fois qu’une étude rapporte qu’une réponse adaptative, anabolique et hypertrophique est possible dans les disques intervertébraux humains.
Si l’on suppose que les efforts en flexion/compression et torsion peuvent être délétères pour le disque, les auteurs suggèrent qu’une « probable fenêtre anabolique » en compression axiale (liée à l’impact) serait bénéfique pour les disques. Celle-ci se situerait entre 0,44 et 0,59 g d’accélération, subie lors d’un jogging à faible vitesse ou à la marche rapide (environ 7 km/h). Ainsi, la conclusion des auteurs est que l’application de charges répétées en compression pendant la course pourrait bien être bénéfique pour les disques lombaires.
Courir pour se renforcer, une réalité
Ces données viennent « tordre le cou » à la fausse croyance selon laquelle la course à pied abîme le dos. En fait, courir pourrait bien être l’une des meilleures activités pour renforcer votre dos et en particulier, vos disques.
Bien entendu, cette étude présente des limites méthodologiques qui nous invitent à la prudence, notamment en ce qui a trait au protocole transversal de l’étude. En effet, la comparaison entre les individus à un moment précis ne permet pas de déterminer un lien de causalité entre la course et la solidification des disques chez l’humain.
Un protocole longitudinal, dans lequel une augmentation des marqueurs structurels augmente chez un groupe de coureurs, en comparaison avec un groupe de non-coureurs, est nécessaire. Cependant, les trouvailles sont concordantes avec des études animales, celles sur d’autres tissus tels que les os, les muscles et les cartilages, et semblent au fond tout à fait logiques.
Quelques recommandations :
Il est souvent contre-indiqué de courir si vous avez un lumbago (entorse lombaire sévère) ou des douleurs dans la jambe de type « sciatique ».
Si vous ressentez de temps à autre des douleurs en lien avec l’inactivité physique, courir est sans doute un excellent choix d’activité pour diminuer vos risques d’avoir mal au dos. Soyez cependant progressif lors de l’augmentation.
En complément, l’étude dont il est question dans ce texte :
Ce texte a initialement été publié sur le site web de La Clinique du coureur et adapté par Distances+ dans le cadre d’un partenariat.