Nolio : la jeune pousse française de l’entraînement devenue l’outil de référence des coachs 

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François Dupont et Alexandre Bouquet, les deux gars derrière Nolio - Photo : courtoisie

Imaginée en 2017 par deux jeunes ingénieurs encore à l’école, François Dupont et Alexandre Bouquet, l’application Nolio vise à optimiser la relation entraîneur/athlète en simplifiant la planification, la gestion et le suivi des entraînements tout en offrant une analyse fine de la progression et des performances au quotidien. Initialement développé spécifiquement pour les coachs, Nolio a du succès auprès des professionnels qui l’ont testé. La plateforme, personnalisable, compte aujourd’hui plus de 20 000 utilisateurs à travers la France, mais aussi le Québec, la Belgique et la Suisse. La jeune entreprise grenobloise a d’ailleurs opéré un tournant dans son développement en offrant depuis septembre 2022 la possibilité aux sportifs de trouver un entraîneur et/ou un plan d’entraînement.devenant accessible à tous les sportifs, et en signant plusieurs partenariats majeurs, notamment avec la Fédération française d’athlétisme. Les deux entrepreneurs ont l’ambition de devenir numéro 1 en Europe.

À noter que Nolio est l’un des partenaires majeurs de la première saison de La Bande à D+, le talk-show de Distances+, que vous pouvez retrouver sur toutes les plateformes de podcast.

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Le projet Nolio est né sur les bancs de l’école 

François Dupont et Alexandre Bouquet se sont rencontrés durant leurs études à l’École nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées (Ensimag) de l’Institut polytechnique de Grenoble. Tous les deux athlètes et passionnés de « tech », ils ont imaginé Nolio alors qu’ils étaient encore en alternance.

« Il n’y avait pas beaucoup de sportifs en école d’ingénieur », se souvient Alexandre. Les deux garçons se sont donc naturellement rapprochés. C’est François, qui était à cette époque sportif de haut niveau en ski de fond, qui a le premier exprimé l’idée d’améliorer la manière de monitorer ses entraînements, parce qu’il trouvait l’utilisation des fichiers Excel désuète et trop lourde. « C’était dépassé et ça nous frustrait », raconte-t-il. À l’heure de Strava et des objets connectés, ils estimaient que la manière de communiquer les entraînements devait également évoluer et se simplifier en misant sur une meilleure ergonomie pour gagner du temps notamment. Cette réflexion les a guidés dans la conception de Nolio.

Un outil destiné d’abord aux entraîneurs

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Nolio a signé un partenariat avec la Fédération française d’athlétisme – Photo : courtoisie

Concrètement, l’application Nolio — sur le web (nolio.io) et les appareils mobiles (disponible sur Android et iOS) — permet aux entraîneurs de gérer tous leurs athlètes individuellement ou en groupe, de programmer des cycles et des séances dans les moindres détails, et de prévoir ainsi plusieurs semaines d’entraînement au calendrier. Une messagerie privée dédiée sur la plateforme permet à chaque athlète d’échanger avec son entraîneur en temps réel, après les séances par exemple. En recevant immédiatement les données de ses athlètes après chaque sortie, un coach peut s’adapter et par exemple réviser en temps réel les prochaines séances prévues en cas de coup de fatigue inattendu. L’application permet de réagir vite et de s’adapter aux conditions du moment, ce qui peut éviter une blessure ou encore les affres du surentraînement.

La gestion des données, c’est l’un des points forts de Nolio. Ses fondateurs ont travaillé d’arrache-pied pour que leur application puisse être liée avec la quasi-totalité des objets connectés (montres, compteurs, GPS, capteurs de puissance, capteurs de glycémie, etc.) toutes marques confondues. « C’est le gros plus! Tout est centralisé, stocké, ce qui facilite l’analyse », affirme le tout nouveau vice-champion du monde de trail long, Nicolas Martin, qui utilise la plateforme à la fois en tant qu’athlète et en tant qu’entraîneur (il accompagne entre autres le champion d’Europe de course en montagne Sylvain Cachard et le jeune traileur prometteur Mathieu Delpeuch).

Nolio rassemble des statistiques qui sont parfois éparpillées entre différents écosystèmes de marques différentes. « J’ai un capteur de puissance, deux compteurs et une montre. Là, tout se retrouve au même endroit », témoigne le triathlète Yannick Matejicek.

La première version prototype de Nolio, mise en ligne en 2018, avait reçu des retours très positifs de la part d’entraîneurs pour qui l’application avait été pensée. « Ils sont le cœur de Nolio, qui est avant toute chose un outil-métier pour les coachs », insiste d’ailleurs François Dupont.

Désormais, Nolio est multisports. Même si la course à pied au sens large est le sport numéro 1, la plateforme est aussi bien utilisée pour les entraînements de ski de fond, de ski alpin et de ski alpinisme que pour le vélo de route, le vélo de montagne et le triathlon. Il n’y a pas vraiment de limites sur le principe. La preuve, Alexandre Bouquet et François Dupont ont récemment noué un partenariat avec la Fédération française d’aviron en vue d’aider les athlètes pour leur préparation aux Jeux olympiques de 2024 et avant cela avec la Fédération suisse de Canoë.

Ce qui était initialement un projet en parallèle de leur vie de jeunes actifs a rapidement pris toute la place dans la vie professionnelle d’Alexandre et François. Ils reconnaissent avoir été pris de court, il y a déjà 4 ans, lorsqu’un entraîneur leur a demandé à l’issue de sa phase de test quel était le tarif pour utiliser Nolio avec ses athlètes. « On n’en savait rien, confient les deux garçons. Ça nous est tombé dessus et c’est seulement à ce moment-là qu’on s’est mis à réfléchir à notre modèle économique ».

Fraîchement diplômés, neuf mois après avoir commencé à conceptualiser Nolio, Alexandre et François ont jugé que c’était le bon moment pour se lancer dans l’aventure. « Nous nous étions donné deux ans », se remémore Alexandre. « Deux ans pour sortir deux SMIC », tout en bénéficiant du chômage acquis en alternance pour payer les factures. C’est comme ça qu’ils sont devenus entrepreneurs à 25 ans.

Des entraîneurs de référence comme carte de visite

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Nicolas Martin, vice-champion du monde de trail long 2022 – Photo : FFA

Plus de 1000 entraîneurs ont déjà adopté Nolio selon Alexandre Bouquet, notamment de grands noms du trail, comme Patrick Bringer (entraîneur entre autres de Nicolas Martin et Ugo Ferrari), Éric Lacroix, Thomas Lorblanchet (champion du monde de trail 2009, quadruple vainqueur des Templiers) ou encore Simon Gosselin (responsable de la performance sportive de l’équipe Sidas-Matryx), Sébastien Cornette et Sabine Ehrström (spécialiste de la performance en trail court, 5e du Grand Trail des Templiers 2022 en tant qu’athlète). On peut aussi mentionner David Gosse (entraîneur en course sur route), Bruno Heubi (ancien spécialiste du 100 km) ou Remy Marcel et Karoly Spy (entraîneur triathlon de Yannick Matejicek), pour ne citer qu’eux.


Écoutez Ugo Ferrari, Sabine Ehström, Nicolas Martin et Thomas Lorblanchet partager leur expérience de Nolio dans l’émission La Bande à D+


Comment François et Alexandre en sont arrivés là?

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François Dupont et Alexandre Bouquet ont débuté le développement de Nolio alors qu’ils étaient encore en école d’ingénieur – Photo : courtoisie

« Il y a eu un effet de bouche à oreille, la recommandation d’un coach auprès d’un pair est ce qui a le plus de valeur », se félicite François Dupont.

Mais ce bouche-à-oreille n’aurait pas été possible sans l’idée d’impliquer dès le départ des entraîneurs influents. Nolio a en effet mis les coachs au centre de son développement en créant des groupes tests, demandant sans cesse des retours pour déployer de nouvelles fonctionnalités et s’adapter à leurs besoins. Et ce, même en allant chercher des entraîneurs « pas fan de technologies » comme Patrick Bringer (il est décrit ainsi par ses protégés Nicolas Martin et Ugo Ferrari, qui recevaient de sa part à l’époque des fichiers texte avec le planning de leur semaine). Ils ont également été impliqués dans le développement de la plateforme pour ne pas seulement tenir compte des plus « geeks ».

Pendant de longs mois, les deux Grenoblois se sont consacrés à 100 % au développement de Nolio avant d’être accompagnés par l’incubateur annécien Outdoor Sport Valley (OSV), ce qui leur a permis de sortir de leur « grotte » et de leur profil de développeur. « Une étape difficile », avoue Alexandre. Ils ont ensuite commencé à recruter. Un autre développeur d’abord, puis une spécialiste en communication et des alternants pour constituer une équipe, en cette fin d’année 2022, de six personnes. 

Le travail de cette équipe porte ses fruits puisque Nolio est adoubée par bon nombre d’entraîneurs, mais aussi d’athlètes qui l’ont adopté au quotidien. Ugo Ferrari — qui est en passant à la barre du podcast de Nolio sur l’entraînement — raconte que l’application a changé son approche globale de sa pratique. Lui qui courait sans cardio il y a quelques années s’est pris au jeu des données après quelques saisons en demi-teinte. « 2018, 2019, et 2020 ont été terribles pour moi, dit-il. J’en faisais beaucoup trop. Au bout d’un moment, quand tu ne progresses plus, tu commences à te poser des questions […] J’ai découvert Nolio avec mon entraîneur et je m’y suis mis petit à petit. Cela m’a permis d’affiner mon volume d’entraînement. La relation avec mon entraîneur n’a pas changé, mais la manière de m’entraîner a changé », ponctue-t-il.

Le triathlète Yannick Matejicek, licencié à l’AS Monaco et récemment 6e des mondiaux à Hawaï, a lui aussi trouvé en Nolio un précieux outil. Avec 38 heures de travail et 20-25 heures d’entraînement hebdomadaire, chaque minute dédiée à l’organisation de sa pratique est comptée. « J’utilise Nolio depuis trois ans et j’ai abandonné mon fichier Excel, explique-t-il. Mon entraîneur compare rapidement les charges d’entraînement pour optimiser mes semaines et surtout m’éviter une blessure. Tous les athlètes que je côtoie utilisent Nolio aujourd’hui. »

Une application désormais ouverte à tous les sportifs

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Nolio permet une analyse fine des performances – Photo : courtoisie

Depuis la fin de l’été, « chaque sportif peut chercher et trouver sur Nolio un coach parmi le vivier d’entraîneurs enregistrés ou choisir un plan d’entraînement en fonction de ses besoin directement sur la plateforme », s’enthousiasme Alexandre et François qui bossait sur ce projet depuis des mois. Une version premium est aussi proposée. Elle offre davantage de données et des statistiques hebdomadaires, mensuelles et annuelles prévisionnelles. 

C’est une formule « gagnant-gagnant », selon les deux gars de Nolio. D’un côté ça donne de la visibilité aux entraîneurs à l’heure du coaching à distance. De l’autre, le choix des prestations à la carte se multiplie pour les sportifs motivés qui n’ont pas forcément les armes pour s’entraîner correctement tout seuls ni le budget pour s’offrir un coaching personnalisé.

François Dupont et Alexandre Bouquet voient grand. Ils ont affirmé leur ambition de devenir la première plateforme d’entraînement en Europe d’ici 2025. Pour cela, ils vont continuer le développement de Nolio. Et ils ont plus d’un tour dans leur sac. 

Le premier concerne la ludification de Nolio. La plateforme propose déjà un système de records, pour le moment sur les watts développés en cyclisme, qui motive et récompense les sportifs en fonction de leur performance. Cette fonctionnalité va se généraliser à d’autres données. « Si un coureur réalise une performance sur 10 km, la plateforme pourra par exemple lui indiquer qu’il est dans le top 10 des utilisateurs Nolio », explique François, dont l’exemple n’est pas sans rappeler Strava et son système de segments. 

D’autres fonctionnalités verront le jour très prochainement. « On priorise en fonction de nos affinités et de la demande, dit Alexandre. “Il y a beaucoup de directions dans lesquelles on souhaite aller”. Parmi elles, le développement d’un module de suivi de la Variation de la fréquence cardiaque (VFC) utilisable directement sur la plateforme avec sa ceinture, un module de préparation physique “qui facilitera la programmation de séances de musculation” et l’arrivée à moyen terme de questionnaires, sur le style de vie et les habitudes des athlètes, dans une approche “holistique” de l’entraînement.

À écouter les athlètes interrogés par Distances+, rien de manque à ce jour sur la plateforme, ou presque. “La principale limite est pour moi aujourd’hui l’impossibilité de travailler hors ligne, mais c’est peut-être compliqué au niveau technique”, note Nicolas Martin. 

Nolio redoublera d’efforts dans les années à venir pour aller chercher de nouveaux marchés, notamment anglophones, où règne l’entreprise Training Peaks, qui offre une solution similaire pour les cyclistes et les triathlètes. Des défis de tailles, qui font aussi la beauté des aventures entrepreneuriales. 


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