Les organisateurs de l’UT4M restent motivés malgré deux annulations successives

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L'UT4M offre des paysages somptueux - Photo : N. Grez / UT4M

N’eût été la crise du Covid-19, c’est ce weekend que devait avoir lieu l’Ultra-Tour des 4 Massifs, l’UT4M, une course qui s’est imposée dans le paysage des ultra-trails en France. Même si l’événement a été annulé, pour la deuxième année consécutive, son fondateur assure avoir confiance en l’avenir. Distances+ remonte le fil de son histoire.

En 2019, Sébastien Accarier avait choisi d’annuler la compétition qu’il a créée. En avançant son événement, organisé juste avant l’UTMB, plus tôt dans l’été, il avait fait face à beaucoup de mécontentement. Les compétitions concurrentes, dans la région de Grenoble, n’avaient, semble-t-il, pas apprécié l’empiétement dans le calendrier de course.

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« Ce n’est que deux années, on verra la troisième », lance Sébastien Accarier, victime lui aussi de la crise, qui a forcé l’annulation de la presque totalité des événements sportifs. « On est juste deux fois plus maudits que toutes les courses qui n’ont pas pu avoir lieu cette année, dit-il en rigolant. On va espérer qu’il n’y ait pas de troisième fois. On dit ˝jamais deux sans trois˝, mais on sera l’exception qui confirme la règle », poursuit-il plus sérieusement.

L’histoire de l’UT4M a commencé en 2013, mais en très peu d’éditions, l’événement aux 13 courses réparties sur quatre jours, dans les Alpes, a séduit les amateurs de trail.

Les différentes courses de l’UT4M ont en effet de quoi ravir les plus férus de paysages somptueux grâce à la traversée de quatre massifs autour de Grenoble : le Vercors, le Taillefer, Belledonne et la Chartreuse. Les coureurs passent par plusieurs sommets, comme le Pas de la Vache, le Grand Colon, le Plateau des lacs, le Moucherotte, l’Habert de Chamechaude ou encore le Col du Loup, point culminant de l’édition 2020 de l’épreuve phare, le Xtrem 160 (169 km, 11 000 m D+), à 2399 m d’altitude.

Une course jeune

La chaîne des Alpes est le théâtre de nombreuses courses avec, notamment car la liste est longue, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le Marathon du Mont-Blanc ou encore la Maxi-Race d’Annecy, des compétitions qui sont déjà bien implantées. 

C’est une autre épreuve qui a inspiré Sébastien Accarier : la Course du cœur, 750 km en quatre étapes entre Paris et Bourg-Saint-Maurice, en Savoie. Le concept de course à étape l’avait séduit et il a eu envie de le reproduire près de chez lui, à Grenoble.

« Nous, on avait quatre massifs. Un jour, l’idée a germé de découper ces massifs en quatre étapes », raconte Sébastien Accarier. La première édition a eu lieu du 23 au 25 juillet 2013 et comportait trois courses : un 160 km en relais (11 000 m D+), un 160 km individuel et un 100 km (6400 m D+). L’épreuve reine avait été remportée à l’époque par Fabrice Arêne, en 29 h 25 min, et par Géraldine Leroy, en 34 h 43.

« On a construit notre événement progressivement, poursuit Sébastien Accarier. On a commencé par ajouter deux courses courtes de 40 km. » [NDLR : elles ont été ajoutées sur deux années, l’une en 2014 et l’autre en 2015]. Des distances réduites qui attirent de nouveaux coureurs, parmi lesquels Aurélien Collet, qui a remporté les deux 40 km organisés en 2015.

« Ils nous ont montré la voie, puisque quelques-uns d’entre eux avaient enchaîné les deux courses », indique Sébastien Accarier.

Un meilleur grimpeur et un meilleur sprinteur

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Photo : N. Grez / UT4M

Petit à petit l’événement connaît des évolutions. Tout d’abord au niveau du parcours. Selon Sébastien Accarier, « la première année on avait déjà 80-90 % des points essentiels qu’on voulait visiter. On a pu compléter à la marge en travaillant avec chacune des communes. »

Des modifications qui ont permis d’intégrer le Pic Saint-Michel et le Plateau des lacs au parcours. « C’est un endroit qui est juste magnifique et qui tranche vraiment des décors qu’on peut rencontrer par ailleurs », affirme le Grenoblois au sujet du deuxième lieu.

« On a décidé d’élargir progressivement cette notion pour permettre à des coureurs de construire le menu qui leur convient », dit Sébastien Accarier. En 2016, deux autres 40 km sont intégrés ainsi qu’un 160 km Challenge. Les participants peuvent alors choisir de faire un, deux ou trois 40 km ou alors s’engager sur le 160 km, mais à raison de quatre 40 km en quatre jours.

Spécificité de ce challenge de 160 km : il y a des chasubles, qui font offices de dossards, avec des couleurs distinctes pour le coureur en tête au classement général, la première femme, le meilleur grimpeur et le meilleur sprinteur. Les classements des grimpeurs et des sprinteurs sont fait grâce à des portions chronométrées qui permettent d’établir un classement du temps de la montée et un classement du temps de la descente. Une inspiration que Sébastien Accarier suppose venir du Tour de France, sans en être certain.

« Lorsqu’on court, on voit très bien que certains coureurs sont meilleurs que d’autres en descente et d’autres meilleurs en montée. Il y a des jeux qui se font entre participants dans la course. L’objectif, c’était de permettre aux coureurs de réaliser un peu plus ce jeu, mais dans un esprit plus compétitif », explique-t-il.

En 2018, un 20 km avait été organisé et trois autres 20 km devaient être instaurés dans chacun des quatre massifs pour accompagner la création du nouveau Challenge 80

De coureur à bénévole, il n’y a qu’un pas 

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Photo : N. Grez / UT4M

Avec ces changements réguliers, l’événement a attiré de plus en plus de coureurs, mais aussi de bénévoles. Parti avec une petite équipe de 300 personnes en 2013, ils étaient 800 en 2018 et auraient dû être entre 800 et 1000 si la campagne de recrutement avait pu être menée à son terme cette année.

En plus des bénévoles, Sébastien Accarier peut aussi compter sur les coureurs pour donner un coup de main. « Luca Papi est venu très souvent à l’UT4M. Toutes les fois où il a terminé sa course, il est reparti aider les bénévoles, et pas pour quelques minutes, pour longtemps. C’était important pour lui d’œuvrer des deux cotés de la barrière », confie le directeur de course avant de préciser qu’il est loin d’être le seul athlète à faire ça.

Ces images de coureurs qui donnent un coup de main restent d’ailleurs parmi ses meilleurs souvenirs après l’achèvement de la première édition. « On sautait dans le vide, on ne savait pas trop où on allait atterrir. C’était un moment très intense, comme j’en ai rarement vécu. Je suis sorti de cette première édition avec un état de fatigue qui n’avait aucune comparaison avec ce que j’avais pu vivre en course », confie Sébastien Accarier en remontant le fil de ses souvenirs.

Pour 2021, l’organisation souhaite poursuivre la mise en place des trois 20 km et du challenge 80 qui étais prévus cette année.

Pour montrer qu’il ne se décourage pas et pour faire subsister l’événement, Sébastien Accarier s’est élancé le 11 juillet pour faire le parcours du 160 km.

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