C’est aujourd’hui, 22 janvier, qu’est lancée la tournée québécoise du festival du film de montagne de Banff, et ce jusqu’au 13 mars. À cette occasion, plus de 23 villes au Québec auront la chance de voir les neuf films présentés. Distances+ a eu l’opportunité de voir quatre des films au programme. Voici ce qui nous a interpellé.
Reel Rock 14 : The High Road
Un film de Peter Mortimer et Josh Lowell
Nina Williams fait de l’escalade et, plus précisément, du « free solo ». C’est-à-dire de l’escalade en solitaire, mais surtout, sans corde ni équipement. Cela signifie que toute chute est, au mieux, synonyme de blessure et, dans les autres cas, d’accident mortel. Autant dire que tout au long du film règne une certaine tension.
Le spectateur accompagne Nina dans sa progression vers sa tentative d’escalader en « free solo » le fameux rocher « Too Big To Flail », en Californie.
Dans ce film, Nina Williams est tout simplement impressionnante. Elle ignore le concept de la gravité. Son corps passe au-delà de cette règle physique en permettant à tous ses muscles de se tendre. Au point que, dans ses mouvements, chacune de ses fibres musculaires est révélée au spectateur.
Nous nous retrouvons subjugués, la respiration coupée, le cœur à l’arrêt, dans l’attente interminable que Nina Williams se soit rendue saine et sauve en haut de la paroi. Il s’agit d’un pur ballet.
Pendant quelques minutes, le temps semble être en suspens. Nina danse. Cette ode à la lenteur des mouvements permet de saisir la finesse nécessaire à une telle performance. Chaque geste est d’une précision horlogère, un résumé de perfection, posé au ralenti sur la roche, permettant à l’athlète de suspendre sa vie à une seule phalange qui la retient de tomber dans le vide.
La mise en scène alterne entre musique enlevée et douce qui s’accorde parfaitement aux moments que l’on nous fait vivre, jusqu’à l’instant où, Nina Williams arrivée au sommet du rocher, l’on ressent toute l’euphorie de l’athlète. Une délivrance.
Surfer Dan
Un film de Tim Kemple
Dans ce film, Dan Schetter est appelé Surfer Dan. Le film aurait pu s’appeler Surfer « Lieutenant Dan », en référence au célèbre personnage du film Forrest Gump.
Car Dan Schetter n’a pas peur des éléments lui non plus. Il les défie, diront certains. Pourtant, il ne semble pas y voir un combat quelque qui soit, mais juste une façon de profiter d’un sport qui l’a sauvé de l’alcoolisme et lui a rendu sa vie.
L’homme vit pour le surf. Sommairement. Le logis est modeste, la camionnette rouillée s’accède par les portes arrières et, quand le vent est propice aux vagues, Dan part vite, après avoir pris soin de lancer à bout de bras son café et le verre qui va avec dans le jardin. Le personnage est placé.
Partant de ce principe, Dan surf même en hiver. Même sur les vagues du lac Supérieur lorsque les températures sont largement en dessous de 0 et que celui-ci est envahi de glace.
Dan voit les vagues pour ce quelles sont : des vagues. Il passe outre le fait que son « spot » de surf est coincé au milieu d’un site industriel loin des clichés de cartes postales, outre le fait qu’à des températures si froides la seule manière d’accrocher encore à sa planche est de mettre le plus de cire possible en espérant qu’elle ne gèle pas entièrement, et outre les conditions météorologiques dantesques.
Le spectateur saisit toute l’ampleur de Dan lorsque, au bout d’une jetée croûtée de glace et frappée par les vagues dont l’écume gèle aussitôt qu’elle est en suspens dans l’air, il s’égosille à crier au caméraman avec un enthousiasme irréel que les conditions sont bonnes et saute dans des eaux aussi démontées que gelées.
Autant vous prévenir : en regardant ce film, le froid s’infiltrera dans vos vêtements et sous votre peau. Vous sentirez la glace figée sur votre visage, mais en voyant avec quelle déconcertante candeur Dan plonge tête première entre des icebergs pour aller attraper ses vagues, vous en viendrez à vous demander si le froid existe réellement ou si, après tout, ce n’est pas Dan qui a raison : toute sensation est relative.
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