50 % des athlètes contrôlés après le Grand Trail des Templiers 2024 par l’association antidopage Athletes for Transparency étaient positifs à un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS)

viaduc de Millau
Vue sur le viaduc de Millau depuis les corniches du Rajol, en Aveyron, sur le parcours des Templiers - Photo : Nicolas Fréret

Les tests réalisés par l’association anti-dopage Athletes for Transparency à l’issue du Grand Trail des Templiers 2024 dans le cadre du nouveau « Programme de santé » — en marge des prélèvements officiels de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) — ont révélé que 50 % des participants contrôlés après avoir passé la ligne d’arrivée avaient consommé de l’ibuprofène (Advil, Motrin…), un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), les jours précédant la course, ont fait savoir Les Templiers ce jeudi 14 novembre.

Le nouveau point de règlement des Templiers (article 6) prévoit des sanctions jusqu’à une heure de pénalité ou une disqualification à l’encontre d’un•e athlète confondu•e qui n’aurait pas préalablement informé l’organisation de sa prise de médicaments, mais les organisateurs ont pris la décision de ne pas les appliquer cette année « compte tenu de la première mise en place de la politique de santé sur l’édition 2024 et de l’utilisation de l’AINS en dehors de la compétition ».

Les AINS comme l’ibuprofène ne figurent pas sur la liste des produits interdits par l’Agence mondiale antidopage, mais leur utilisation sans prescription durant un entraînement ou une compétition peut être considérée comme une conduite dopante et elle est risquée pour la santé à l’effort.

Le Festival des Templiers, qui n’a donc pas appliqué sa nouvelle règle en vigueur, explique son manque de sévérité par la nature « avant tout éducative » de sa démarche, tenant à rappeler que l’utilisation de certains produits pendant une compétition comporte des risques pour la santé des traileurs, et potentiellement un « effet boostant sur la performance ».

Invoquant le respect de la vie privée, l’organisation n’a pas divulgué le nom des athlètes contrôlés positifs à l’ibuprofène. En revanche, elle a rendu publique les données statistiques des prélèvements de l’association Athletes for Transparency, précisant notamment que sur les 10 athlètes élites contrôlés après la course, la moitié étaient positifs aux AINS. Toutefois, les traces relevées étaient infimes, a confié Pierre Sallet, qui supervise les analyses en question, à Distances+, soulignant que les médicaments n’ont assurément pas été ingurgités pendant la course et qu’il est possible de trouver ces mêmes quantités d’AINS dans l’eau que l’on consomme. Il est donc difficile, selon lui, d’exclure que ces traces soient la conséquence d’une contamination.

Selon les informations de Distances+, plusieurs athlètes élites sont déçus, voire frustrés, que les sanctions n’aient pas été appliquées dès la première année et regrettent que cette décision des Templiers entraîne une possible suspicion des coureurs et coureuses qui ont été testé·e·s négatifs. C’est ainsi que le traileur français Théo Detienne a décidé de publier sur ses réseaux sociaux le bilan de ses contrôles (la conclusion uniquement, pas les données biologiques) afin de lever les doutes éventuels quant à sa probité, lui qui avait terminé 5e du Grand Trail. Le jeune athlète professionnel, qui s’est offusqué du nombre de traileurs concernés, a appelé les neuf autres athlètes à faire de même, soutenu notamment par Thibaut Baronian qui somme surtout les contrôlés négatifs de suivre l’exemple de son ami.

À noter que les athlètes de haut niveau suivis à l’année par l’Agence française de lutte contre le dopage, à l’image du champion d’Europe et vainqueur du Grand Trail Thomas Cardin, du champion du monde de trail Benjamin Roubiol ou encore de la championne de France Blandine L’hirondel (3e) et de la championne du monde Clémentine Geoffray (4e) n’ont quant à eux pas été contrôlés après la course par Athletes for Transparency (seulement avant), mais par l’AFLD, et que les résultats ne sont, eux, pas connus au moment d’écrire ces lignes. Ils ne sont donc pas concernés par le communiqué des Templiers. Précisons que la liste des athlètes français soumis par l’AFLD à des obligations spécifiques définies par le code mondial antidopage est publique, mais qu’en revanche l’AFLD ne communique pas sur la liste des athlètes qu’elle contrôle durant un événement.


Voici ce que disait la co-fondatrice du Festival des Templiers, Odile Baudrier, au micro de La Bande à D+ en marge de l’événement en octobre à propos de l’évolution du règlement en matière de politique de santé et d’antidopage.


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