C’est le « projet ultime » des frères Berg. Peut-être la raison d’être des Éditions Mons. C’est un grand et beau livre qui prend de la hauteur sur notre sport et les influenceurs de la course en sentier à contre-pied en imposant le temps long, le temps lent, le temps passé aussi parce qu’il raconte, en photos et en mots, une histoire du trail sur papier classieux, avec élan et modernité, esthétisme et luminosité, lucidité et indépendance, à travers ses monuments et ses légendes de chair et de sang. C’est de l’art et c’est un objet rare — et lourd —, donc précieux, qui est là pour rester longtemps, même si l’histoire n’est pas finie. Même si l’histoire s’accélère.
Comme son petit-frère « Grand Trail », « Grands Trails » — avec deux S —, est un pavé imprimé dans une mare devenue océan. Parce que tellement différent. C’est un travail nécessaire, marquant, important, qui permet de prendre du recul sur l’évolution d’une discipline plurielle. Il n’y a pas que les ultras, il y a les sentiers, peu importe les distances, et toutes les jolies « folies » que des millions de coureurs s’offrent en pleine nature.
Les auteurs, le journaliste et traileur Frédéric Berg et le photographe Alexis Berg donc, mais aussi le journaliste de L’Équipe Aurélien Delfosse, ont fait un choix qui leur ressemble, celui de l’artisanat. Le livre haut de gamme de 500 photos et 360 pages à fort grammage sera imprimé à l’ancienne près des montagnes, en Isère, par la Manufacture des Deux Ponts, une institution depuis 1935.
« Grands Trails » — qui « n’est pas une nouvelle version, ni une suite de “Grand Trail”, mais bien une création originale et inédite », sortira en juin. Du moins si tout va bien, car en 2023, fabriquer un beau et gros livre est un sacré défi. C’est pourquoi ses auteurs font appel à leurs futurs lecteurs pour pré-commander le bouquin et ainsi assurer son financement. Ils espèrent en pré-vendre 700 exemplaires d’ici la fin avril. Il en va de la survie des Éditions Mons (voir lien ci-dessous).
Frédéric et Alexis Berg et Aurélien Delfosse ont pris le temps de répondre tous les trois, par écrit, aux questions de Distances+, qui soutient amicalement le projet « Grands Trails ».
DISTANCES+ : Qu’est-ce qu’on va trouver dans Grands Trails?
FRÉDÉRIC : On va y trouver la décantation de plusieurs années au plus près de ce sport. On présente une quarantaine de courses, certaines incontournables, d’autres plus confidentielles, mais qui nous ont interpellés. Il y a aussi des rencontres avec les actrices et les acteurs du trail, que nous sommes allés rencontrer, parfois plusieurs fois. Il y a enfin des articles d’analyse sur des thèmes importants, avec parfois des prises de position courageuses. Il y a des sommets d’émotions et des montagnes de surprises.
ALEXIS : Nous voulions faire un grand livre de photographie, un objet intemporel qui raconte et illustre l’histoire de ce sport.
Ce livre, il est pour qui? Il s’adresse à qui?
FRÉDÉRIC : Il s’adresse à toutes celles et ceux que ce sport intéresse, intrigue, interroge, inquiète. Celles et ceux qui le pratiquent, mais aussi celles et ceux qui sont tentés, et pourquoi pas celles et ceux qui le rejettent.
ALEXIS : Pendant des années, lors de mes voyages, j’ai vu « Grand Trail » dans le salon des gens, des anonymes et des champions, sur leur table basse. Et des centaines de fois, sur des sentiers pendant des courses, des gens me glissent un mot en passant pour me dire qu’ils sont là à cause de « Grand Trail ». L’objectif de ce nouveau livre, plus beau, plus profond, c’est de continuer cela pour 10 ans.
AURÉLIEN : C’est par ailleurs un beau livre, avec une maquette riche et des centaines de photos de courses et de montagnes d’Alexis Berg. Le livre s’adresse donc aussi à ceux qui veulent prendre un grand bol d’air frais et se promener à travers un bel objet à offrir ou à mettre en avant dans sa bibliothèque.
Qu’est-ce qui change, concrètement, entre le premier « Grand Trail », publié en 2015 aux Éditions La Plage, et le « Grands Trails » 2023, publié aux Éditions Mons, votre maison d’édition?
FRÉDÉRIC : Ce qui change, c’est l’ouverture vers de nouveaux horizons et la connaissance accumulée pendant huit ans. C’est le fruit de dizaines de reportages à travers le monde, de milliers d’heures de suivi et de centaines d’interviews et d’échanges. Je pense qu’on s’est aussi débarrassés de notre naïveté. Nous n’avons plus seulement des yeux admiratifs ou émus, mais un regard plus lucide, et parfois critique. Mais toujours bienveillant.
AURÉLIEN : Huit ans, à l’échelle d’un sport qui se structure et n’existe dans sa forme actuelle que depuis une petite trentaine d’années en France, c’est un gouffre qu’il fallait combler. Le sport s’est professionnalisé, le profil des coureuses et coureurs a changé. Une génération nouvelle a émergé. Et de nouveaux enjeux liés au développement de la discipline sont apparus et dessinent son avenir.
ALEXIS : Il faut imaginer qu’en 2015, nous avons fait « Grand Trail » en un an, montre en main. Alors que pour « Grands Trails », nous profitons d’un travail au long cours, des années d’expérience, des centaines de courses et d’interviews. Entre-temps, nous avons fait des projets comme le livre « La Clinique du Coureur — La santé par la course à pied » ou « Les Finisseurs » (sur la Barkley), mais depuis la création des Éditions Mons, nous préparons « Grands Trails » comme le projet ultime.
En 2015, un jeune circuit international battait son plein, l’Ultra-Trail World Series (UTWT). Hormis l’inévitable Hardrock, les 12 ultra-trails mis en avant dans « Grand Trail » étaient au calendrier de l’UTWT (qui a disparu en 2021 pour donner naissance à l’UTMB World Series). Quels ont été vos filtres pour « sélectionner » les trails que vous mettez en avant dans la nouvelle génération de « Grands Trails »?
FRÉDÉRIC : Il y a forcément les incontournables qui restent. Les autres sont le résultat de nos propres recherches, de notre curiosité : montrer des faces moins connues, mais essentielles, parfois très authentiques, comme le fell running (à l’image du Bob Graham Round par exemple, NDLR), les Pyrénées… Mais il manque encore la Corse — que nous irons bientôt explorer —, des virées pyrénéennes et des pays inexplorés. Être exhaustif est impossible et surtout inutile.
ALEXIS : En 2015, j’étais le photographe officiel de l’UTWT. Il n’y avait que des ultras dans « Grand Trail », ce qui est extrêmement restrictif. Depuis, heureusement, nous avons ouvert les yeux sur la variété des distances, les marathons de montagne, le skyrunning. La sélection des 40 courses pour « Grands Trails » s’est bâtie avec le temps. Chaque année, j’essayais de découvrir de nouvelles épreuves, comme Zegama, la Spine Race, le Tor des Géants ou Sierre-Zinal, pour les avoir ensuite dans le livre.
En 2015, on découvrait 16 portraits d’athlètes, essentiellement des hommes dans « Grand Trail ». La liste de ces champion·ne·s, dans leur ordre d’apparition dans le livre, raconte à elle seule une histoire du trail : Kilian Jornet, Emelie Forsberg, Antoine Guillon, Anna Frost, Gediminas Grinius, Laurence Klein, Ryan Sandes, Anton Krupicka, Stephanie Howe, Scott Jurek, Sébastien Chaigneau, Iker Karrera, Dawa Sherpa, Florent Bouguin, François d’Haene et Thomas Lorblanchet. Quel a été votre filtre de sélection pour « Grands Trails »? Quels sont les athlètes mis·en avant?
FRÉDÉRIC : Beaucoup sont à nouveau là, parfois sous forme de clins d’œil. Mais une nouvelle génération s’est faite sa place et nous avons rencontré bien d’autres athlètes, parfois des anonymes qui disent quelque chose de cet univers. Au-delà des performances et de l’aura médiatique, ce qui nous a intéressés ce sont des paroles franches, des éclairages sur des sujets importants (les femmes, la maternité, le surentraînement, le dopage…)
ALEXIS : Le premier portrait de « Grands Trails » est celui de Courtney Dauwalter, une évidence. Les femmes ont une place centrale dans « Grands Trails », même si elles sont encore trop peu nombreuses au départ des ultras. Nous avons voulu nous renouveler. Par exemple, on retrouve Emelie Forsberg, Scott Jurek et François d’Haene, mais sous la forme d’interviews. Certains portraits vont surprendre, ou donner accès à des personnalités méconnues du grand public, comme Corinne Favre, Pablo Vigil, Matt Carpenter ou Hillary Allen.
Quelle rencontre — ou quel entretien, puisque vous connaissiez ou suiviez déjà très bien plusieurs athlètes qu’on retrouve dans le livre — vous a le plus marqué?
FRÉDÉRIC : Je dirais Xavier Thévenard, même s’il est bien difficile de choisir, parce qu’il a gardé en lui la part de l’enfant que son père décrit avec émotion : un gamin qui avait quelques difficultés à l’école et qui a trouvé seul les moyens de les surmonter. Xavier sait où il va, ce qu’il veut, profondément. Et même quand le destin le freine, il garde le cap.
ALEXIS : Jim Walmsley est en couverture de « Grands Trails ». C’est une forme de clin d’œil, car cette photo a été réalisée à quelques kilomètres de celle d’Emelie Forsberg qui était en couv de « Grand Trail ». Surtout, je me souviens de ma première rencontre avec Jim. C’était dans le Colorado, il était encore un inconnu et c’est exactement le moment où le processus de ce nouveau livre a commencé. Un fil rouge, en quelque sorte.
AURÉLIEN : Il y a aussi la parole rare et libre de Mimmi Kotka qui évoque longuement dans le livre le syndrome de RED-S dont elle a été victime et qui a failli mettre un terme à sa carrière. Elle se raconte en complète transparence, révélant ses faiblesses et ses fêlures comme peu d’athlètes de haut niveau le font.
Qu’est-ce qui, selon vous, a changé dans le monde du trail entre 2015 et 2023?
FRÉDÉRIC : Ce qui a changé, c’est Kilian Jornet. Il est devenu meilleur. Ce qui a changé, aussi, c’est le nombre de pratiquants qui a plus de doublé.
ALEXIS : À la fois dans le rang des élites et — avant tout — dans les pelotons, on voit émerger une nouvelle génération. Le sport grandit, mais aussi, je crois, il rajeunit.
AURÉLIEN : Ce qui a changé, c’est que les femmes n’acceptent plus le rôle de faire-valoir qu’elles ont longtemps joué. Certaines, comme Courtney Dauwalter, redéfinissent les frontières du genre dans un sport où hommes et femmes courent ensemble et sur le même parcours. Ce qui a changé, enfin, c’est l’influence grandissante de l’argent et des sponsors. Le trail n’est plus une culture alternative ou marginale, mais un marché porteur dans lequel les marques rivalisent pour exister.
Qu’est-ce qui a changé dans votre pratique en l’espace de 10 ans? Comme coureurs/traileurs, mais aussi comme journalistes?
FRÉDÉRIC : Moi, j’ai vieilli. J’ai passé le cap des cinquantièmes moins rugissants, et je mesure que je dois courir autrement. Mais je continue, passionnément. Mon objectif est clair : continuer à courir le plus longtemps possible, ce qui implique de moins courir, de plus doser. En tant que journaliste, rien n’a vraiment changé dans ma façon de travailler. Ce qui a changé, c’est l’accès plus compliqué aux athlètes, un modèle économique qui interroge et une frontière très poreuse entre la communication et l’information. Un journaliste ne peut pas faire de la communication, point!
ALEXIS : Il y a encore cinq ans, j’étais un photographe marcheur. Je ne courais presque pas et c’était, en quelque sorte, une manière de voir ce sport avec un œil différent. Depuis, j’ai traversé ce miroir-là. Les dossards ne m’attirent pas, mais cela a fait évoluer mon regard. Ce qui, en toute circonstance, est l’hygiène nécessaire d’un photographe.
AURÉLIEN : Mon travail de journaliste spécialisé à L’Équipe a beaucoup évolué. J’ai eu la chance de beaucoup voyager, de découvrir de nombreuses courses et de pouvoir aller dans le fond des choses via des projets d’ampleur comme « Les Finisseurs ». D’un point de vue plus personnel, j’ai désormais franchi le pas et quitté Paris pour retrouver les Hautes-Alpes. En partie pour pouvoir passer plus de temps en montagne, courir plus librement tel que je le faisais adolescent. Je prends toujours très peu de dossards, cours de façon moins régulière, mais plus conscient de ce que je fais. En ça, le trail a beaucoup changé : le savoir accumulé et développé sur l’entraînement et la récupération n’a plus d’équivalent avec ce qui existait il y a huit ans. On est progressivement sorti du culte du volume, comme dans beaucoup d’autres sports d’endurance, pour aller vers davantage de qualitatif. À mon humble niveau, c’est aussi ce que j’essaie de faire : courir pour se faire du bien, et pouvoir le faire longtemps, quelle que soit la distance, la fréquence et l’allure à laquelle on le fait.
Alexis, plusieurs excellents photographes de trail ont percé ou sont en train de percer pour raconter notre sport. Qu’est-ce qui fait, selon toi, que tu te démarques? Le point de vue de Frédéric et d’Aurélien est aussi intéressant évidemment…
ALEXIS : Quand j’ai commencé la photo de trail, il y a donc dix ans, je n’avais aucune connaissance des images existantes dans ce sport. J’ai donc tracé ma voie et bricolé mon style avec des références plutôt extérieures au sport, comme le photo-journalisme, et des esthétiques plutôt cinématographiques. Aujourd’hui encore, mon but n’est pas de me démarquer, mais de prendre soin de mon regard propre, et donc de ma curiosité et mon plaisir à faire des images.
FRÉDÉRIC : Ce qui fait la différence, à mon sens, c’est le regard évidemment, mais surtout l’engagement. Une photo est comme une phrase : elle a un sujet, un verbe et parfois un complément. Elle doit avoir une respiration, mais surtout provoquer une émotion. Comme la poésie.
AURÉLIEN : J’ai fait de nombreux reportages et voyages avec Alexis. Lui à la photo, moi à l’écriture pour L’Équipe par exemple. Dans « Grands Trails », il y a de nombreux clichés qui me rappellent une balade en montagne, un moment partagé, le décor d’une amitié. Alexis n’est pas un photographe comme les autres. Son regard est plus large, sa patience plus grande, sa détermination plus profonde. Et il a une vision. Je crois que c’est ce qui nous a réunis, chacun dans nos spécialités : lorsque nous commençons quelque chose, nous voyons au fond de nous le point d’arrivée, la forme de l’objet que nous concevons, les contours du cliché ou de l’article qui n’existe pourtant pas encore. « Les Finisseurs » est un bon exemple. Le jour où nous discutons de l’idée, le livre existe déjà.
J’ai le souvenir d’avoir attendu des heures et des heures avec lui, au Grand col Ferret, à la Tower de la Barkley, au Tre Cime di Lavaredo, pour un cliché. Tous les photographes le font. Mais ce qui m’a toujours marqué, c’est que dans ces moments-là, il est comme possédé : il parle au ciel, il se couche dans l’herbe, se penche au-dessus du vide, repousse le froid, reste imperméable à la pluie. Il voit ce qui va se passer. Pas l’action en elle-même. Ce n’est pas un photographe d’action (même si ses clichés de Zegama prouvent qu’il en est tout à fait capable), ce n’est pas un photographe de sport. Mais un photographe humaniste. Il replace le coureur dans son environnement, le remet à son échelle. Il ne glorifie rien, mais saisit l’athlète dans sa vie quotidienne et son milieu naturel. En cela, ses photos sont la meilleure représentation de ce qu’est le trail, d’où son succès : elles parlent de voyage, d’introspection, de sensibilité, de fragilité, de bonheur fugace, de beauté, d’amour, de lien, d’humain. Dans « Grands Trails », l’auteur de « Born to Run », Christopher McDougall, dit que le trail est resté amateur dans l’esprit. Il permet encore à chacun d’entre nous de succomber à son intuition personnelle et de se dire « Moi aussi, je peux faire ça… » Les photos d’Alexis produisent le même effet.
Qu’est-ce qui diffère entre les entretiens d’athlètes célèbres de notre sport que vous avez menés pour « Grand Trail » et les interviews que l’on trouve dans les autres médias?
FRÉDÉRIC : Pas simple de répondre à cette question. La différence, c’est peut-être le temps long : des entretiens menés sur plusieurs années.
ALEXIS : Le temps, oui, est notre plus grand luxe. Nous avons pu suivre les athlètes sur des années, en compétition, en coulisse, les voir évoluer, les connaître intimement, être témoin direct de tellement de moments forts. « Grands Trails » est le résultat de tout cela, mais c’est aussi le produit d’une certaine expertise, après avoir achevé des projets conséquents comme « La Clinique du Coureur » ou « Les Finisseurs ».
AURÉLIEN : Les athlètes que nous avons interrogés nous connaissent. Ils connaissent notre travail comme nous connaissons le leur. Cela permet d’aller plus loin, d’obtenir de leur part une plus grande liberté de ton, plus de profondeur et de variété dans les thématiques abordées. Pour reprendre un terme américain, c’est un livre d’insider. Nous sommes allés sur toutes les courses dont nous parlons, sans exception. Et nous avons rencontré en personne et dialogué avec tous les athlètes que nous présentons. C’est donc un livre fait au plus près de ce sport et de ceux qui le pratiquent.
Quelles sont vos motivations à faire le choix de l’édition classique, sur papier, alors que la presse écrite est plongée dans une crise sévère et alors que le prix du papier a explosé? Et qu’est-ce qu’apporte un livre par rapport à sa version numérique? D’ailleurs, y aura-t-il une version numérique?
FRÉDÉRIC : On a créé une maison d’édition parce que l’on croit à l’objet livre. Ce qui érode la presse magazine c’est aussi sa difficulté à se renouveler, à préserver son indépendance. Notre maison d’édition n’a de comptes à rendre qu’à nous-mêmes. Dans un monde de plus en plus virtuel, le sport reste une activité tangible. Un livre aussi. Une fois qu’il est là, il ne s’efface pas.
ALEXIS : Il n’y aura pas de version numérique de « Grands Trails ». Le numérique, populaire pour les publications universitaires par exemple, n’a pas de sens pour les beaux-livres. Ce qui menace l’édition, je crois, n’est pas le prix du papier ou un éventuel désintérêt de l’objet livre. Ce qui menace l’édition, ce sont les plateformes de ventes qui font mourir les librairies. Mais il suffit de pénétrer dans une librairie indépendante pour saisir toute la créativité et la résistance de l’édition en France.
Pourquoi avez-vous fait le choix du financement participatif pour l’édition de vos livres depuis la création des Éditions Mons? Et qu’est-ce que cela implique pour un livre massif comme « Grands Trails », avec énormément de contenu, qui était pour ainsi dire terminé quand vous avez lancé l’opération de socio-financement. Peut-on imaginer qu’il ne parte finalement jamais à l’imprimerie si l’objectif n’est pas atteint?
FRÉDÉRIC : Certains de nos livres ne sont pas passés par un financement participatif, mais la majorité oui. Parce que l’impression d’un livre coûte cher et que c’est aussi une façon de ne pas passer par un prêt bancaire. L’économie du livre est ainsi faite que l’éditeur qui a payé tous les frais de conception et de réalisation d’un livre, impression comprise, commence à toucher l’argent des ventes réelles au bout de quelques mois. Un financement participatif, c’est aussi une forme de dialogue avec une communauté de lecteurs, un contrat de confiance. Si l’objectif n’est pas atteint, ce sera un échec, mais le livre sortira, avec des options financières plus complexes.
ALEXIS : Dans ce cas, nous avons lancé les pré-commandes bien avant de terminer le livre. Avec un objectif élevé, mais nécessaire sur ce projet très ambitieux. À 15 jours du terme (au moment de répondre à cette question, NDLR), nous sommes encore loin d’avoir atteint la ligne d’arrivée de la campagne de « Grands Trails ». C’est un peu comme sur un ultra, on est partis avec l’idée qu’on franchira la ligne quoi qu’il arrive. No DNF!
Après l’athlète franco-américain Joe Grant, qui signera la préface?
FRÉDÉRIC : Il n’y a pas de préface cette fois. Ce n’est pas une pirouette, mais un choix.
ALEXIS : Jenn Shelton m’a fait des blagues pendant des années sur le fait que Joe Grant avait fait la préface et, elle, seulement la postface. Cette fois, nous signons l’introduction de « Grands Trails ».
AURÉLIEN : Nous faisons, cette fois, une introduction qui fera le pont entre « Grand Trail » et « Grands Trails ». Ce livre est sans doute une vision plus personnelle que le premier. Il y a beaucoup de nous à l’intérieur. Le choix de faire une préface a vite été écarté.
ALEXIS : On rêve que Grands Trails trouve sa place dans de nombreux salons. Et ouvre toujours plus de fenêtres sur l’extérieur.
Quelle place rêvez-vous pour un livre comme « Grands Trails » dans le monde du plein air?
FRED : Qu’une seule personne se mette à courir après l’avoir lu suffira à mon bonheur. Alors s’ils sont deux, mille…
ALEXIS : On rêve que « Grands Trails » trouve sa place dans de nombreux salons. Et ouvre toujours plus de fenêtres sur l’extérieur.
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