Kinésiologue, sportive et coureuse accomplie, Natacha Gagné n’avait pas imaginé que courir dans son quartier avec les amis de son garçon la mènerait à la tête d’une initiative qui est maintenant reconnue dans tout le Québec : le Grand club de course, réservé aux enfants de 5 à 15 ans.
Mine de rien, tout a commencé en 2014, un beau soir d’été, par une course avec fiston dans le quartier. Elle invite les amis de ce dernier à se joindre à des sorties qu’elle anime. L’engouement est là, à un point tel que dès l’automne, elle met en place des activités plus structurées.
Plus de 30 enfants s’inscrivent à sa première session d’activités. Son programme charme les petits et, le printemps suivant, neuf grands clubs de course voient le jour dans la grande région de Québec, tous animés par des entraîneurs chevronnés, tels que Raphaël Plouffe et Sarah Bergeron-Larouche, pour ne nommer que ceux-ci.
L’importance de miser sur le jeu et la diversité
C’est par le jeu et des périodes d’entraînement que les jeunes coureurs sont progressivement amenés à vivre des expériences agréables en course à pied avec le club. « À cet âge, il faut que l’entraînement soit ludique. On veut que l’activité physique devienne un plaisir. Il ne faut surtout pas camper les enfants à la pratique d’une seule activité », explique-t-elle.
« J’encourage les parents à faire vivre plusieurs expériences motrices à leurs trésors. Les enfants doivent sauter, nager, lancer, attraper, courir. C’est important et c’est là que se développent les habiletés et les acquis qu’ils garderont toute
leur vie », poursuit Natacha.
Ainsi, les activités de son club de course sont diversifiées. Le programme propose de la course sur route, en sentier et, même, sur piste quand les installations sont accessibles. « Les programmes sont progressifs et conçus dans le respect du développement des petits et des plus grands. Par exemple, mes “grands” coureurs expérimentent des sensations d’entraînement comme l’essoufflement ou la récupération », indique la kinésiologue.
Les jeunes ont aussi la chance de rencontrer des coureurs d’élite. « On a invité Florent Bouguin à venir parler aux enfants de son expérience de course et du plaisir qu’il en tire », souligne, à titre d’exemple, Natacha.
Le tournant d’une vie
D’abord instructrice de conditionnement physique pour les militaires, puis gestionnaire de programmes de conditionnement, Natacha souhaitait donner un nouveau tournant à sa vie professionnelle.
« Le Grand club est arrivé à point. Quelque temps auparavant, j’avais pris la décision de devenir travailleuse autonome en coaching, consultation et accompagnement sportif. J’avais vraiment besoin de nouveaux défis. Je cherchais quelque chose qui bougeait plus, un projet où je pouvais m’épanouir », explique-t-elle.
Courageuse, mais aussi consciencieuse, elle se lance, non sans prendre la peine de compléter ses nombreuses formations professionnelles en activité physique par un cours en démarrage d’entreprise. « Ce que je fais pour moi, c’est la même stratégie que j’applique pour mes athlètes, pour les gens que j’accompagne ou pour le Grand club de course. J’ai des objectifs clairs et une vision stratégique. Je sais où je dois aller pour que ça fonctionne », confie-t-elle.
Une « grande » aventure qui ne fait que commencer
Le succès du Grand club de course confirme d’ailleurs que son approche est gagnante. « Ça se développe à la vitesse grand V. Je m’entoure des meilleures personnes pour m’aider et je souhaite vraiment que cela devienne un grand courant national! Je vois grand pour moi, mais surtout pour mes “grands” coureurs », affirme avec enthousiasme la coureuse et entrepreneure.
Ce sont peut-être ses racines saguenéennes qui nourrissent cette vision, croit-elle, mais chose certaine, elle a vu juste : déjà plus de 600 enfants ont participé au Grand club en 2016, dans 42 clubs répartis partout au Québec et, en 2017, des grands clubs seront lancés en France.
« Et ce n’est pas terminé! Je prépare un grand événement d’envergure en juin pour mes jeunes coureurs. Un événement digne des plus grandes courses officielles, mais juste pour les enfants. »
Elle demeure convaincue que l’activité physique est un élément de réponse à plusieurs problèmes rencontrés par les jeunes et elle espère que ses actions contribueront à sensibiliser les parents à l’importance de les faire bouger.