Malgré le diabète, Jean-Sébastien Drolet avale les kilomètres. Le coureur de Repentigny allonge peu à peu les distances et pousse ses limites. La saison 2019 sera chargée, mais ce n’est qu’un prélude à son rêve : participer à l’une des courses de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Lorsqu’il part en sentier, en plus de sa gourde et de petits morceaux de fromage, il apporte avec lui un gros stock de gels énergétiques. Il en consomme une toutes les 30-45 min.
C’est que le coureur de 41 ans doit réguler son taux de sucre sanguin, puisqu’il est atteint du diabète de type 1. En raison de cette maladie chronique, les glucoses qu’il ingère ne sont pas bien assimilés par l’organisme, par manque d’insuline. Il doit donc avoir une gestion très serrée de son alimentation et surveiller ce qui se passe dans ses veines en tout temps.
Diagnostiqué à l’âge de 5 ans, la maladie l’a longtemps empêché de faire toute activité physique. « Quand je jouais avec des amis, je faisais de violentes chutes de sucre », se souvient-il. C’est aussi par crainte qu’il ne s’est jamais vraiment mis au sport.
Puis, les appareils ont commencé à se développer. « Depuis 13 ans, j’ai une pompe à insuline qui me permet d’avoir une vie quasi normale », raconte-t-il.
Avec le temps, Jean-Sébastien, qui travaille comme directeur des comptes chez Desjardins, a appris à écouter son corps et à mieux comprendre comment il réagit en faisant des essais-erreurs. Sans la pompe à insuline, « ça aurait été beaucoup plus difficile », concède-t-il.
Il a appris à voir sa maladie comme « un partenaire » contre lequel il faut arrêter de se battre.
L’influence familiale
Poussé par son frère, qui lui lance un jour le défi de faire une course à obstacles, il se rend compte que le sport est à sa portée. Il y prend même goût à partir de 2015.
À la même époque, son père meurt d’un cancer. « Ça m’a fait réfléchir sur son hygiène de vie, qui n’était pas très bonne », explique-t-il.
À l’été 2017, une blessure au pied le prive de la course XMan qui lui tenait à cœur au mont Orford. « J’étais très déçu. Je voulais vraiment courir sur cette montagne », explique-t-il.
Quelques mois plus tard, il prend sa revanche sur la Xtrail, qui se déroule au même endroit. « Je me suis rendu compte que j’arrivais de mieux en mieux à gérer ma condition et j’arrivais enfin à profiter du moment présent », raconte-t-il.
S’il s’est déjà fait quelques frayeurs à l’entraînement, notamment à cause de violentes baisses d’énergie, le sportif n’a jamais abandonné une seule course.
Après la Xtrail Orford, Jean-Sébastien enchaîne les compétitions, avec notamment un premier demi-marathon sur route, un autre sur sentier et les 55 km du Bromont Ultra. Il embauche même un entraîneur, Benoît Talbot.
« Mon travail à Desjardins est très cérébral. Quand je cours, je décroche, je suis en contact avec la nature. Je ne suis plus dans l’espace-temps. Je suis vraiment dans le moment présent », raconte-t-il.
Cette année, il a déjà participé au Trail de la Nuit polaire (20 km) où il a terminé 41e (sur 56) malgré le gel de son appareil de glycémie et à la Virée nordique de Charlevoix en ski de fond (43 kilomètres) qu’il a conclue en 6 heures.
Au programme de sa saison à venir, le Québec Méga Trail (50 km), l’Ultra-Trail Harricana (65 km) et le Bromont Ultra, où il veut participer au 80 km.
Inspirer et rêver
Poussé par une grande motivation, Jean-Sébastien court pour lui, mais aussi pour tous les diabétiques, afin de leur montrer que c’est possible.
« Nous n’avons pas de limites. Tout est possible avec une certaine discipline. Les limites, il n’y a que nous-mêmes qui nous les fixons », philosophe-t-il, en espérant devenir une source d’inspiration pour les autres diabétiques.
La prochaine bataille à livrer, c’est de tout faire pour se rendre à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, où il espère participer à la « petite » course, l’OCC, longue de 55 km (3500 m de D+).
« C’est LA course que je voudrais réaliser, dit Jean-Sébastien, en se demandant quand même s’il réussirait à se rendre jusqu’au bout.
« Mais je ne lâcherai pas le morceau», promet-il.
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