L’ITRA, l’Association internationale de course en sentier, a revu et corrigé sa manière de catégoriser les dizaines de milliers de trails qui sont organisés un peu partout sur la planète. Dès à présent la distance de l’épreuve et, nouveauté, une projection de l’effort fourni par les coureurs seront pris en compte.
Le nouveau système de points ITRA s’appliquera dès 2019.
Cette nouvelle classification compte sept catégories différentes de courses en sentier, du format XXS au format XXL.
« L’ancienne classification […] n’apportait pas suffisamment de cohérence au regard des efforts fournis par les coureurs », a estimé l’instance mondiale.
Comme de fait, contrairement à une épreuve sur route, deux courses en sentier de même distance ne peuvent être raisonnablement comparées sans évoquer le dénivelé et le type de terrain. Si on regarde par exemple les temps records des courses de 100 km du circuit Ultra-Trail World Tour, on constate qu’il a suffit 7 h 48 à l’Américain Jim Walmsley pour avaler le Tarawera Marathon en Nouvelle-Zélande en 2017, alors que le Français Emmanuel Gault avait mis 10 h 10 pour venir à bout de la CCC (l’une des épreuves de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc) en 2011. Les années suivantes, avec trois kilomètres de plus, les vainqueurs de la CCC ne sont toutefois jamais parvenus à passer sous la barre des 11 h 20. Autrement dit, pour un ultra-trail de 100 km, le temps de course d’un athlète élite peut varier de plusieurs heures.
Prenons un autre exemple, plus local. Il a fallu 57 min 51 à Alexandre Ricard pour remporter le 10 km du Québec Méga Trail (726 m D+) en 2014, alors qu’Alexis Giguere a remporté le 10 km Harricana (200 m D+) en 44 min 55 en 2017.
Pourtant, jusqu’à présent, deux courses d’une même distance qui demandaient un effort extrêmement différent en fonction du dénivelé faible de l’une et le dénivelé élevé de l’autre pouvaient se retrouver dans la même catégorie, quand bien même les temps de course allaient du simple au double. Inversement, deux courses avec des temps de course identiques pouvaient être classées dans deux catégories différentes du simple fait d’une différence de distance.
Pour y remédier et être plus juste, l’ITRA a donc modifié sa méthode de calcul pour obtenir une valeur de ce qu’elle appelle le kilomètre-effort. Elle additionne la distance en kilomètre et le centième du dénivelé positif en mètre. Par exemple, le nombre de « km-effort » d’une course de 65 km et 3500 m de dénivelé positif respecte la formule suivante : 65 + (3500/100)= 100 km-effort
Sur la base du tableau ci-dessous, vous êtes ensuite en mesure de déterminer la catégorie de la course à laquelle vous participez. Une course de « 100 km-effort » sera classée M et octroiera 3 points ITRA.
Le 125 km de l’Ultra-Trail Harricana et ses 4040 m de dénivelé se traduisent ainsi: 125 + (4040/100) = 165,4… Il s’agit donc d’un trail XL qui apportera 5 points ITRA aux finissants.
Le temps de course, donné à titre indicatif
Notez que le résultat du calcul mathématique devrait correspondre à une fourchette de temps de course, que l’on retrouve également dans le tableau. Ce temps de course approximatif est basé sur le temps du vainqueur des épreuves, dès lors que celui-ci est un athlète de niveau international, avec une moyenne de points au moins égale à 830. Au Canada, en date du 5 mars 2018, seuls Bob Krar (899) et Nick Elson (861) sont concernés.
Selon l’ITRA, contactée par Distances+, le temps de course pourrait, à de rares exceptions, entrer en contradiction avec la nouvelle classification basée sur le km-effort. L’association nous a mentionné un seul exemple : Gorge Water Falls, en Oregon, qui fait 50 km en distance, 80 km-effort et le temps moyen des premiers coureurs est de 4 h (catégorie S). Mais cette course sera tout de même en catégorie M parmi des courses d’une durée approximative comprises entre 5 h et 8 h, a tranché l’organisation.
En passant, un rappel, pour avoir le droit de participer – autrement dit de se qualifier – à l’UTMB, il est indispensable d’obtenir, avant de passer à l’étape de la loterie, 15 points ITRA en maximum trois courses au cours des deux années précédentes.