« Je ne suis pas le portrait type des coureurs de ce monde », concède Josianne Boudreault, en raison d’un certain surplus de poids. La maman de 31 ans, qui reprend goût à la course à pied, a tout donné dans le défi virtuel Gaspesia 100, se hissant avec fierté parmi les premières au classement de son groupe Strava, créé pour l’occasion.
Les organisateurs de l’ultra-trail Gaspesia 100 ont mis sur pied ce défi pour pallier l’annulation de leur événement annuel. Les 3000 participants devaient courir 160 km en un mois, à raison de 40 km par semaine. La course virtuelle se termine ce week-end, au moment où devait avoir lieu la véritable Gaspesia 100, dans le géoparc mondial UNESCO de Percé, au Québec.
Le mois dernier, Josianne, qui est gérante d’un cinéma à Rimouski, a vu qu’une amie s’était inscrite au défi. Et sur un « gros coup de tête », elle a décidé de se lancer dans l’aventure elle-aussi.
« J’avais envie de revivre la passion de la course et de tester le trail plutôt que les circuits sur route », dit-elle.
Il faut dire qu’il y a une dizaine d’années, Josianne courait souvent et participait à des épreuves organisées de 10 km. Mais les événements de la vie ont fait en sorte qu’elle a fait beaucoup moins d’activité physique et qu’elle a pris beaucoup de poids.
« J’ai joué au yoyo avec mon poids, avoue Josianne. Je suis devenue casanière et moins active après ma grossesse. »
Une prise de conscience
La Covid-19 a beaucoup influencé Josianne dans sa volonté de changer de mode de vie. « Le coronavirus m’a fait prendre conscience que je voulais être active et rester en santé pour pouvoir, dans une dizaine d’années, toujours m’occuper de mes proches et de mon fils, confie-t-elle. D’être la maman active et non la maman à la maison qui ne fait rien. Je veux vraiment faire cela pour ma famille et pour que mon fils, aussi, soit plus actif. C’est une décision de mieux-être. »
Le défi virtuel lui a donc donné le petit élan qui lui fallait pour se remettre en forme, tout en traversant la période de confinement plus facilement, admet-elle.
« Au début du confinement, j’étais morose, mais je me suis remis à vivre avec ce défi. Même à distance, j’avais l’impression de courir ensemble, avec les autres », s’enthousiasme-t-elle.
Les débuts n’ont pas été faciles. Même en courant quelques kilomètres par jour, elle constatait qu’elle était parmi les derniers du groupe Strava auquel elle avait été ajoutée (NDLR : pour des raisons purement techniques, les 3000 participants ont en effet été répartis dans plusieurs groupes créés par les organisateurs du Gaspesia 100 spécifiquement pour le défi virtuel. Les membres de chaque groupe peuvent suivre l’avancée des uns et des autres et se comparer grâce à un classement en temps réel, en fonction du nombre de kilomètres ou du dénivelé parcouru, du temps passé à courir, de la vitesse moyenne, etc.)
Josianne s’est prise au jeu et a augmenté son kilométrage, jusqu’à passer près de 20 heures sur ses jambes par semaine, et se plaçant parmi les premiers du groupe en termes de kilométrage. La troisième semaine, elle avait déjà atteint 250 km au compteur… sur 160.
La peur du regard des autres
« Au début, je ne voulais pas courir dehors, de peur du regard des autres sur moi, car je n’ai pas le physique d’une coureuse », avoue Josianne.
La première semaine, elle a donc couru sur son tapis roulant, chez elle. Puis, elle s’est forcée à aller dehors, soit très tôt le matin ou tard le soir, pour ne pas être vue.
Rapidement, sa perception de la course a changé. Elle s’est dit que la compétition n’était qu’un prétexte, qu’un début. Ce défi Gaspesia 100, c’est le coup de pouce dont elle avait besoin pour se mettre en action. Et dans sa tête, son objectif va bien au-delà du simple résultat.
« Ma meilleure expérience de cette course, c’est de voir à quel point c’était finalement facile de l’intégrer dans mes journées, se félicite-t-elle. Je souhaite vraiment que cela continue! »
Josianne retient que les êtres humains ont souvent tendance à se mettre des barrières, des bâtons dans les roues et que lorsque l’on dépasse nos craintes, quelque chose de vraiment beau émerge. « J’espère pouvoir la refaire en 2021, planifie-t-elle. J’aimerais me refaire une place dans le milieu de la course. »
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