François Desjardins-Turcotte espère amasser 5000 $ pour le syndrome de Williams en parcourant 5000 km sur les côtes ouest et est des États-Unis. Photo: François Desjardins-Turcotte.
Après avoir sillonné, à la course, les 2500 km qui séparent Victoria et San Diego, François Desjardins-Turcotte entame la seconde phase de son aventure sur la côte est du continent. Un projet peu banal, à l’image du parcours de cet ex-notaire de Montréal qui est maintenant guide touristique à Jasper.
Quand François Desjardins-Turcotte a pris le traversier reliant Victoria, en Colombie-Britannique, à Port Angeles, dans l’État de Washington, il a cru un temps que son aventure allait se terminer en queue de poisson.
« Je me suis présenté avec mon gros sac à dos et ma poussette. Ce n’est pas comme si j’avais déjà accompli quelque chose, mon aventure commençait. Le douanier n’avait pas l’air impressionné du tout et ne semblait pas approuver mon projet. J’avais peur qu’il me dise : “Non, tu es trop bizarre, tu restes au Canada”. »
Après 11 semaines d’effort, il a finalement atteint San Diego, près de la frontière avec le Mexique, en empruntant, pour l’essentiel, le réseau de pistes cyclables.
« Il y a des portions où j’ai dû faire 60 km dans la journée parce qu’il n’y avait tout simplement rien entre les deux. J’avais autour de 60 livres de matériel avec moi. Pour l’hébergement, j’ai fait beaucoup de camping et j’ai dormi occasionnellement dans un hôtel quand le temps était plus gris », se rappelle-t-il.
Courir pour une bonne cause
L’athlète de 30 ans a fait du camping la plupart du temps lors de son périple. Photo: François Desjardins-Turcotte.
L’idée de faire cette course a germé lors d’un voyage à vélo qu’il a fait en Europe en 2016. Il a alors réalisé qu’il préfère nettement la course au vélo et qu’un voyage de course serait son prochain objectif.
« Mon meilleur ami m’a suggéré de faire une campagne de financement pour le syndrome de Williams, dont sa nièce est atteinte. C’est une maladie génétique qui entraîne plusieurs problèmes de santé, dont des problèmes cardiaques. Mon objectif est de 5000 $, soit un 1 $ pour chaque kilomètre parcouru, précise-t-il. L’argent sera utilisé pour le congrès annuel de l’association québécoise, pour permettre aux familles touchées d’échanger et de s’informer. »
De Victoria jusqu’à San Francisco, il a voyagé incognito jusqu’à ce qu’il conçoive une grande affiche pour publiciser son projet.
« Depuis ce temps, j’ai reçu plein d’encouragement et des gens s’arrêtent pour faire un don. Une dame m’a remis une carte cadeau Subway en me disant : “Tu vas sûrement avoir faim à courir comme ça”. Il y a une proximité qui se développe avec les gens en courant dans leur ville et leur rue », explique-t-il.
Une nouvelle vie
A priori, rien ne destinait François Desjardins-Turcotte à se lancer dans ce genre d’aventure. Après avoir étudié le droit, il a exercé, pendant quelques années, la profession de notaire dans un grand bureau montréalais.
« J’étais proche d’un burn-out avec une relation amoureuse qui se terminait, une période pas facile, se souvient-il. J’avais besoin de quelque chose de nouveau et, lors d’un voyage en Europe, j’ai croisé une fille de Jasper qui m’a incité à venir travailler dans sa ville. »
Comme dans un film, cette fille, avec laquelle il avait gardé contact, est devenu sa copine et il travaille et habite maintenant dans la région de Jasper.
« Je suis capitaine de bateau et guide touristique au lac Maligne, à 40 km de Jasper. Je n’ai jamais regardé en arrière depuis. Je me sens bien dans ce travail, je me sens cohérent. Je n’ai pas un train de vie élevé : j’ai un travail saisonnier, ce qui me permet de partir à l’aventure durant l’hiver », explique l’athlète de 30 ans.
Un problème d’adaptation
François pousse tout le matériel nécessaire à son périple. Photo: François Desjardins-Turcotte.
Dans l’été qui a précédé son périple, François s’est entraîné intensément à la course à pied. Il considère qu’il était bien préparé à ce chapitre. Son adaptation a plutôt été de pousser une poussette chargée d’un lourd sac à dos.
« J’aurais dû faire plus de musculation au niveau des bras et des épaules. C’est un effort supplémentaire des mollets alors que je n’ai jamais eu de problème de ce côté dans les 6 années où j’ai pratiqué la course. Les deux premières semaines ont été difficiles. Mais, depuis cet épisode-là, ça se passe super bien avec quelques semaines de plus de 300 km et une journée où j’ai même parcouru 72 km. »
Avec autant de kilomètres au compteur, il se considère au sommet de sa forme, comme il a été à même de le constater lorsqu’il a participé à un marathon lors de son passage à San Francisco.
« Malgré 750 km dans les pattes les trois semaines précédentes, j’ai fait mon meilleur temps à vie, s’enthousiasme-t-il. Je suis en train de découvrir mes propres capacités. »
À l’assaut de la dernière étape
De San Diego, il a pris l’avion jusqu’à Fort Lauderdale, en Floride, pour compléter la seconde moitié de son voyage qu’il a commencée le 3 février dernier.
« Je vais courir en longeant la côte jusqu’à Montréal. Ça risque de m’amener un peu au-dessus de 5000 km. Je pense arriver au Québec début mai, mais, d’un autre côté, je ne veux pas arriver trop tôt parce que la météo en avril dans les Adirondack risque d’être plutôt froide », dit-il.
Il a entamé la dernière portion de son aventure avec beaucoup de sérénité.
« Je me considère chanceux de pouvoir courir tous les jours, explique-t-il. J’ai la possibilité de courir chaque matin dans des endroits différents. Je connais la destination de ma journée, mais je ne sais pas ce qu’il y aura entre les deux. C’est vraiment cool! »