Malgré un abandon sur le clou de sa saison 2018, la Montréalaise Emmanuelle Dudon est très satisfaite d’une saison qui l’a menée des plages marocaines aux Alpes françaises, en passant par le désert de l’Utah. Retour sur une saison mouvementée, marquée par l’ultra, ultra-distance.
À peine quelques jours après son retour de la colossale Moab 240, une course sillonnant les déserts de l’Utah sur près de 385 km et cumulant un impressionnant 9000 mètres de dénivelé positif, Emmanuelle Dudon dit se sentir « étrangement très bien! »
Coureuse très aguerrie, Emmanuelle s’est récemment découverte une passion pour les courses surpassant la barre psychologique des 100 miles (160 km). C’est ce qui l’a menée sur la ligne de départ de la Moab 240, à la mi-octobre.
Ayant dû abandonner après 50 km en raison de calculs rénaux, la Montréalaise ne s’est pas laissé abattre. Médecin de formation, elle savait qu’elle serait en mesure de recourir une fois les pépins rénaux passés. Elle tenait absolument à soutenir Daniel Legresley, son partenaire d’entraînement. Emmanuelle est donc retournée courir avec son ami pour l’accompagner jusqu’au fil d’arrivée, cumulant malgré tout un total d’environ 210 km.
Sereine malgré une blessure en début de saison
Coureuse de route et de courtes distances depuis de nombreuses années, la quarantenaire a sauté à pieds joints dans le monde de la course en sentier il y a environ cinq ans. Sa passion l’a menée un peu partout dans le monde, notamment en France (Grand Raid de Camargue) et dans les Rocheuses (TransRockies). Elle a aussi pris part à des courses moins éloignées comme la Vermont 50.
« La course [en sentier] est une échappatoire, un plaisir que je m’offre, explique-t-elle. On a assez de pression dans la vie professionnelle. Quand je cours, même en compétition, ça me permet d’évacuer tout ça. En compétition, je veux finir, c’est tout. »
C’est cette mentalité qui, selon elle, lui a permis d’aborder avec sérénité cette saison en dents de scie.
Le printemps dernier, Emmanuelle s’est en effet blessée lors du Trail d’Aoreora, au Maroc. Elle a dû cesser la course pendant trois mois. « J’ai eu une déchirure au mollet en tombant. J’ai donc fait beaucoup de vélo et d’entraînement croisé, histoire de bien me remettre. »
En raison de cette blessure, elle a dû faire une croix sur deux courses qu’elle avait prévues en juillet, soit le Trail Verbier St-Bernard, en Suisse, et la MaXi-Race d’Annecy.
Il était toutefois hors de question qu’elle annule sa participation au mythique circuit de l’Ultra Tour des 4 Massifs, une tournée des massifs montagneux entourant la région grenobloise, dans les Alpes françaises. C’est en mode « entraînement » qu’elle a abordé cette course. La formule en étapes, sur quatre jours et avec très peu de repos, allait lui permettre de se préparer adéquatement à ce qui l’attendait en fin de saison.
Après ce « week-end-choc » dans les Alpes, Emmanuelle se sentait d’attaque pour arpenter les sentiers de la Moab 240, qui longent la rivière Colorado. « J’abordais cette course avec une bonne part d’inconscience, car il est difficile d’avoir des attentes précises sur ce type de distances, raconte-t-elle. J’y allais pour faire une immense balade dans le désert de l’Utah, me promener la nuit dans cette immensité vide, dans l’espace. »
C’est d’ailleurs cette sérénité qui lui a permis de se relever de l’abandon et de retourner sur le parcours pour soutenir son ami. « Le fait d’être retournée a effacé l’impression du DNF », confie-t-elle. « Tout est dans la façon de l’aborder. En retournant comme accompagnatrice pour Daniel, j’ai oublié d’avoir mal et j’ai eu l’impression d’avoir la plus belle course. »
De beaux objectifs en vue
Malgré cet abandon bien rattrapé à la Moab 240, Emmanuelle ne remet pas en question ses objectifs et affirme même avoir vécu une renaissance.
A priori, la Transgrancanaria l’attend à la fin février ainsi qu’une autre course de très longue distance « du style Tor des Géants », à l’automne, et qui reste à déterminer. À moyen terme, à l’instar de bien d’autres coureurs, ce sont les sentiers de l’UTMB qu’elle aimerait sillonner.
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