Après avoir complété sa plus grande distance à vie lors du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana, David Bombardier, auteur du blogue Courir, un pas à la fois, devait affronter ce week-end le 160 km du Bromont Ultra. Une blessure l’oblige à changer ses plans, mais sa détermination demeure. Portrait d’un coureur surprenant; rien ne le destinait à faire des ultras.
C’est durant sa course à Harricana, vers le kilomètre 50, que sa cheville a commencé à lui donner des soucis. Heureusement, au ravito suivant, une physiothérapeute a été en mesure de lui faire un taping pour qu’il puisse poursuivre sa route.
« C’est comme si je m’étais tordu la cheville, mais il ne m’était rien arrivé. Après la course, on m’a confirmé que j’avais bien une entorse. J’ai fait plus de 60 km avec cette blessure et disons que ça ne m’a pas aidé », dit-il.
Après réflexion, c’est finalement pour la distance du 80 km qu’il prendra le départ dimanche prochain.
« Je suis encore en récupération et je me suis rendu compte que ça n’avait pas de bon sens de faire un 100 miles dans cet état-là. Peut-être qu’avec le mental, je pourrais venir à bout de la distance, mais sans aucun plaisir : je veux apprécier mon premier 100 miles. J’ai décidé de prendre ça plus mollo et d’y aller en mode fun run avec deux amis coureurs, Fanny Guévin et Dominic Poirier, pour bien finir la saison », explique l’athlète de 39 ans.
Un coureur résilient
Ce n’est pas une blessure qui risque de décourager David Bombardier. De ses débuts à course en 2009 jusqu’en 2015, il n’est jamais parvenu à dépasser la distance du demi-marathon. Malgré tout, il n’a jamais abandonné.
« J’avais des crampes aux mollets, ça n’avait aucun bon sens. J’ai deux filles en garde partagée, c’était difficile de trouver le temps de courir. Et comme j’arrêtais de courir l’hiver, c’était encore plus difficile le printemps. Avec le recul, je pensais que j’aimais ça, courir sur route, mais je n’aimais pas ça tant que ça », avoue-t-il.
Après avoir finalement complété le marathon de Montréal en 2015, son seul et unique marathon, il se tourne vers la course en sentier.
« C’était pour conjuguer le plaisir de la randonnée et celui de courir. À partir de 2016, j’ai augmenté mes distances, se souvient-il. En y allant progressivement, j’étais capable de faire de plus longues distances. C’est assez fou le chemin parcouru! »
Courir l’Infinitus avec Hélène Dumais
En plus d’Harricana, David Bombardier a participé à deux courses de 100 km en 2018 : le Fuego y Agua Nicaragua en mars dernier et le Québec Mega Trail en juin. C’est d’ailleurs lors de sa participation au Fuego y Agua qu’il a connu Hélène Dumais, une rencontre qu’il juge marquante.
« Elle se cherchait des gens pour l’accompagner pour l’Infinitus, qui était trois mois plus tard. Sur un total de 888 km, j’ai couru 160 km avec elle en un peu plus de trois jours. Il fallait que je me pince. Je suis qui moi pour pacer Hélène Dumais? Un ti-clin qui sort de nulle part! C’était un peu surréel, rigole-t-il. J’ai tellement appris des trucs que je fais maintenant machinalement. »
Il aura d’ailleurs besoin de tous les trucs à sa disposition pour atteindre son objectif ultime de 2019 : l’Ultra-Trail du Mont-Blanc avec ses 171 km et 10 000 m de D+.
« J’ai réussi à amasser les 15 points ITRA requis pour l’inscription avec pour objectif d’être pigé en janvier, dit-il. Je me croise les doigts. J’ai fait tout ce que je pouvais. C’est un peu fou de dire que je n’ai jamais couru de 100 miles et que dans 11 mois je pourrais être à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. »
Pour apprivoiser cette distance et optimiser sa préparation, il compte d’ailleurs participer au Gaspesia 100 l’été prochain. « L’UTMB, c’est mon rêve depuis trois ans, quand je faisais encore des petites distances. Je me rends compte que ce qui paraissait inatteignable le devient, en y allant étape par étape », se réjouit-il.
Un pas à la fois
Journaliste dans un quotidien pendant 12 ans, David Bombardier est maintenant relationniste pour la Ville de Sherbrooke. C’est le goût d’écrire et de partager sa passion qui l’a incité à lancer le blogue Courir, un pas à la fois.
« C’était il y a trois ans, au lendemain de ma participation au marathon de Montréal. Je voulais raconter ce que j’avais vécu afin que les gens qui tripent sur la course puissent me suivre », explique David.
De fil en aiguille son auditoire a grossi et plus de 2500 personnes sont maintenant abonnées à sa page Facebook.
« Des gens m’écrivent pour me dire que je les inspire. Pourtant, j’écris seulement sur ce que j’aime. Hélène Dumais m’inspire, elle est inspirée par d’autres et moi, j’en inspire également. Chaque personne par ses actions en inspire d’autres, c’est comme une réaction en chaîne », explique-t-il.
Depuis sa course au Nicaragua, il a pris goût au voyage, il ambitionne d’ailleurs de faire une course par année à l’étranger. « Je vais au Guatemala en février prochain pour le Ultramaratón Xocomil : une course de 90 km avec 8000 m de D+. C’est costaud et c’est là que j’ai du fun, avoue-t-il. On fait l’ascension de plusieurs volcans autour du lac Atitlán, ça va être paradisiaque. C’est comme si tout devient maintenant accessible, le terrain de jeu s’agrandit. »