Luis Tomas Lopez Villagran – Photo : Marjorie Veilleux
Les coureurs sont de plus en plus nombreux à réclamer une plus grande responsabilité environnementale de la part des organisations de course en sentier. Les événements de course génèrent en effet un grand impact écologique, notamment par le gaspillage fréquent de produits et la pression exercée sur les sentiers. Voici le troisième volet de notre série sur le virage au vert de l’ultratrail.
Individuellement, chaque coureur peut faire une différence dans la pratique de son loisir préféré, expliquent des coureurs qui adoptent délibérément des comportements respectueux de l’environnement en course à pied. Voici les conseils de Luis Tomas Lopez Villagran, Simon Meloche-Goulet et Annou Théberge.
« Peu importe ce que tu fais, tu vas avoir un impact sur l’environnement, donc l’idée est d’atténuer les impacts », explique Luis Tomas. Pour lui, tout comme pour Simon et Annou, cela commence par diminuer sa consommation de produits en tous genres. « Recycler et composter, c’est bien, disent-ils, mais il est encore mieux de ne rien avoir à recycler, jeter ou composter. » Cette philosophie s’étend jusqu’à l’achat d’espadrilles, de vêtements, de nourriture et d’accessoires.
« Il y a un côté fashion à la course aujourd’hui. Il y a toujours de nouveaux vêtements, avec de belles couleurs et de beaux designs. Mais est-ce nécessaire d’avoir dix paires d’espadrilles? », se demande Annou, qui use ses souliers minimalistes jusqu’à voir ses orteils à travers avant de les changer.
Celle qui a étudié en design industriel, où elle a tout appris sur la durée de vie des produits de consommation, travaille d’ailleurs aujourd’hui chez Myco Anna, une entreprise de vêtements féminins et d’accessoires écochics de la région de Québec.
« Je ne me vois pas comme la fille la plus éthique et exemplaire qui soit, mais j’essaie d’intégrer des comportements respectueux de l’environnement chaque fois que c’est possible en me disant que si tout le monde faisait le même petit geste, on ferait collectivement une belle différence », souligne celle qui prend le temps de ramasser les déchets qu’elle rencontre sur les sentiers.
Bio, recyclé, équitable…
Pour Luis Tomas, qui étudie en biologie à Rimouski, nous devons tous être conscients que nous faisons partie d’un ensemble plus grand que nous. « En courant, nous profitons des beaux paysages et de l’environnement, et cela devrait nous mettre la puce à l’oreille que pour continuer à faire de la course en sentier, il faut aussi faire un peu sa part pour préserver la nature », dit-il.
Insatiable curieux, l’ancien conseiller dans un magasin MEC reste à l’affût des différentes innovations et initiatives vertes dans l’industrie et le marché de la course. Il privilégie non seulement les entreprises qui proposent des produits biologiques ou recyclés, comme Patagonia, mais aussi celles certifiées équitables, c’est-à-dire qui sont reconnues comme ayant des pratiques respectueuses de leurs employés, comme Prana.
Les matières premières sont aussi à considérer dans le choix de nos vêtements, précise Luis Tomas, qui apprécie particulièrement la fibre naturelle de la laine de mérinos et celle de la noix de coco, reconnue pour ses propriétés antibactériennes. « Je préfère n’avoir que trois ou quatre t-shirts que j’adore, mais qui vont être durables à long terme », explique-t-il.
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Tout est dans le choix que l’on fait
Simon va lui-même encore plus loin. Végétarien, sans automobile et se qualifiant lui-même « d’un peu grano », il choisit presque exclusivement les courses à proximité de son domicile, dans les Laurentides, où il se déplace autant que possible à la course ou à vélo.
Pour lui, le choix de la nourriture est fondamental. « On est tous dans un long ultra de la vie, aussi bien mieux manger et avoir une meilleure hygiène de vie si tu veux te rendre le plus loin possible », dit-il. Ses conseils : lâcher les gels, choisir bio, évitez les emballages et les produits faits de sucre blanc. Ses trucs : écouter son corps pour reconnaître quels aliments sont bons pour soi… et boire une préparation de boisson énergisante faite maison à la base de vinaigre de cidre de pomme et de miel, qu’il apporte dans ses courses dans un pot Masson!
Si Simon et Luis sont conscients qu’ils sont un peu extrêmes dans leur souci de cohérence avec leurs valeurs environnementales, le deuxième allant jusqu’à se doucher avec ses vêtements de course afin de les réutiliser quelques fois avant de les laver dans la laveuse, ils croient quand même qu’il est simple pour chacun de faire sa propre petite différence. « On peut tout simplement commencer par transférer les vêtements d’un sport à l’autre au lieu de refaire une garde-robe seulement pour la course. À la base, courir est le sport le plus simple qui soit. Pourquoi le rendre compliqué? », s’interroge Luis.
L’ULTRATRAIL VIRE AU VERT :
- Partie 1 : Le difficile chemin vers des courses écologiques
- Partie 2 : Quand Équiterre se met à l’organisation de courses écologiques
- Partie 4 : Voici comment vous deviendrez vous aussi un coureur écolo