SPÉCIAL BEAR MOUNTAIN – La course transforme des vies, et pas besoin de faire partie de l’élite pour s’en convaincre. Brigitte Casavant, qui va prendre le départ samedi matin de l’ultra de 50 km à Bear Mountain, en sait quelque chose. Même si elle ne montera pas sur le podium, chaque pas qui la mènera vers le fil d’arrivée sera une petite victoire.
« Je n’ai pas d’objectif de temps », dit Brigitte, qui ne se rend pas dans l’État de New York pour gagner une médaille. Peu importe le chrono et la douleur, pour elle, courir est une nécessité.
« Ça m’aide à gérer mon anxiété », avoue-t-elle. L’émotion insidieuse, qui s’infiltre parfois dans le quotidien de Brigitte comme dans celui de bien des gens, ne résiste pas à l’entraînement et à la compétition. « La course m’aide à mieux respirer. En fait, ça m’oblige à bien respirer. Ça va beaucoup mieux depuis que je cours. Je suis moins impulsive, je suis un peu plus posée, moins réactive. »
Cette Montréalaise de 40 ans, qui travaille dans le domaine de l’édition, incarne bien cette majorité de coureurs qui se lancent sur de longues distances pour le plaisir et qui en tirent de grands bénéfices. Elle s’attaque toutefois à des défis auxquels tout le monde n’ose jamais s’attaquer, comme le 50 km.
Mais Brigitte a conscience que ces épreuves ne sont pas réservés aux athlètes de haut niveau. Elle s’est mise à l’ultramarathon lentement mais sûrement, carburant à la force du mental. « J’ai toujours eu un esprit fort, confirme-t-elle. J’ai une bonne tête. Si je décide de faire quelque chose, j’y vais. » Une caractéristique qu’elle partage avec les champions.
Lentement mais sûrement
Brigitte a toujours aimé être active, mais sans prétention. En 2008, elle a participé au rallye Roses des Sables, une course automobile dans le désert du Maroc. « Je pensais qu’il fallait être en forme, alors je m’étais entraînée, mais en fait, non, pas du tout », rigole-t-elle.
Dans la foulée, elle a continué à courir tranquillement, jusqu’à se mettre plus sérieusement à la course il y a cinq ans. Elle a rejoint le club des Pélicans de Rosemont, à Montréal et s’est améliorée en effectuant de bonnes séances d’entraînement de groupe.
C’est sur la route que sa « carrière » d’athlète a débuté.
Avec le groupe Esprit de corps, un organisme qui renforce les équipes en entreprise par le sport, elle a pris part au défi Montréal-New York en 2015. En trois jours, elle a complété huit relais de 10 km en alternance avec d’autres membres de son équipe. « C’est un défi physique, mais c’est surtout un défi humain, raconte-t-elle. Il y a énormément d’entraide dans le groupe, c’est ce qui nous soutient. La mentalité, c’est qu’on aide tout le monde et qu’on va se rendre jusqu’au bout (ensemble) », explique Brigitte, qui estime que la solidarité lui a donné des ailes.
Puis, elle a découvert la course en sentier. « J’étais tannée de courir sur la route, se souvient-elle. J’avais besoin d’être plus dans le moment présent. Quand on est dans la nature, c’est un pas après l’autre. Sur route, on est trop dans notre tête. » Elle rejoint donc le Club de Trail de Montréal et s’y entraîne régulièrement lors des sorties du club le mardi soir, sur le mont Royal.
Après avoir attaqué le mont Washington, toujours en équipe, ainsi qu’une course de 30 km sur le Mont-Royal, elle s’est jointe à un groupe d’amies ayant l’ambition de courir le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana.
Elle s’est tournée vers son entraîneure, Caroline Côté, et lui a demandé conseil. « Je doutais vraiment, je ne pensais pas être capable », reconnaît Brigitte, toujours tenaillée par ces émotions contradictoires. Au final, c’est la seule de son groupe d’amies qui a complété l’épreuve.
Forte de ces accomplissements, elle sait maintenant qu’elle est capable de se rendre au bout des 50 km de Bear Mountain. « J’ai tendance à me dire que si, moi, je suis capable, tout le monde est capable », dit-elle. Je n’ai pas un régime de vie très disciplinée, je ne m’entraîne pas de façon rigoureuse… Ça prend juste du courage. Il faut se dire ‘’GO’’. »