Il y a 54 coureurs québécois inscrits officiellement à la plus longue distance de Bear Mountain ce week-end, le 80 km. Parmi eux, seulement six femmes. Distances+ s’est entretenu avec deux d’entre elles.
Elles sont partenaires de course, habitent toutes deux Gatineau et elles vont également participer à l’épreuve du 50 miles (80 km) de Bear Mountain ce week-end. Portrait de deux coureuses qui démontrent que chaque participant a une histoire inspirante à partager.
À quelques jours de l’événement, Josée St-Jean ressent une certaine nervosité. « J’ai fait surtout de la route cet hiver et pas beaucoup de dénivelés, je suis un peu stressée. J’espère que mes jambes vont se rappeler comment gravir une montagne », s’exclame-t-elle en riant.
Du côté de sa partenaire, Karine Lacombe, cette dernière sait dans quoi elle s’embarque « J’ai fait le 50 km de Bear Mountain en 2016. Ce n’est pas une course facile. Il y a beaucoup, beaucoup de roches, il faut s’attendre à avoir mal aux pieds. Ma mère, qui a 60 ans cette année, m’accompagne pour faire le 50 km », dit-elle. Elle ajoute : « c’est vraiment une super organisation et il y a tellement de Québécois ! c’est comme un « party » d’un week-end. »
Des objectifs différents
Chacune a un objectif qui lui est propre. Josée St-Jean espère réaliser le même temps que lors de son 80 km à l’Ultra-Trail Harricana en 2016. « Ce n’est peut-être pas réaliste, car je n’ai pas le même entraînement en début de saison », précise-t-elle.
Du côté de Karine, son approche est plus zen. « J’évite de me fixer des objectifs, car on est moins déçu à la fin. La seule chose que j’espère, c’est de compléter la course en m’amusant », dit-elle.
Bear Mountain a cette particularité d’être en tout début de saison, ce qui complique l’entraînement des coureurs québécois. « Pour commencer la saison plus tôt, je vais au parc provincial de Frontenac (situé à 125 km au sud-ouest d’Ottawa) les week-ends. Les sentiers sont habituellement libres de neige dès le mois de mars », affirme Karine Lacombe.
De la route au sentier
Nos deux Gatinoises partagent leur histoire : des coureuses sur route reconverties au sentier. « J’étais tannée de la route et du pace à respecter. C’était tellement intense pour me qualifier au marathon de Boston ! Avec le trail, j’ai retrouvé le plaisir de courir », avoue Karine Lacombe.
Même constat pour Josée St-Jean. « Chaque fois que je voulais améliorer ma vitesse sur route, je me blessais. Une amie m’a dit : “tu devrais courir en sentier pour ta santé” et depuis, je suis tombée en amour avec le sentier. »
Josée St-Jean aime particulièrement l’esprit qui règne au sein de la communauté de la course en sentier. « Les gens vont spontanément t’aider. On m’a donné de la nourriture, on a marché avec moi quand je manquais d’énergie, c’est vraiment spécial » affirme-t-elle.
Nouveaux défis pour 2017
Chacune d’elles s’apprête également à affronter une nouvelle distance en 2017. Pour Karine Lacombe, il s’agira de compléter l’épreuve du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana. « Je vais avoir 40 ans cette année et je veux prouver que je peux encore repousser mes limites. Je pense avoir accumulé assez d’expérience pour réussir. Et plus, mon chum va faire la même épreuve que moi », dit-elle avec détermination.
Josée St-Jean a un objectif tout aussi ambitieux en septembre 2017 : un premier 160 km. « Ma course objectif de l’année va être le Mountain Lake 100 en Oregon, qui emprunte la mythique Pacific Trail. J’aime jumeler la course et le voyage. C’est vraiment une course qui m’interpelle pour l’aspect découverte », dit-elle.
Le besoin de courir
Elles sont conscientes que ces nouvelles distances vont nécessiter une bonne préparation. « Je me suis pris un coach pour la saison, car je veux respecter une bonne gradation dans l’augmentation de mon volume. Je vais devoir faire jusqu’à 125 km de course par semaine, en plus du travail et des enfants. Heureusement que mon chum m’aide beaucoup ainsi que mes parents ! » explique Karine Lacombe.
Pour Josée St-Jean, l’entraînement est également une préoccupation. « Comme je n’ai pas d’entraîneur, mon plan de match, c’est le gros bon sens. Je veux augmenter mon volume, mais de façon raisonnable, et faire des entraînements de nuit pour me préparer à mon 100 miles », dit-elle.
Dans tous les cas, courir encore plus ne semble pas les intimider. « Je ne me vois pas ne pas courir. C’est ma drogue, mon antistress; je retrouve ma bonne humeur quand je cours », affirme Karine.
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, ces distances auraient été inaccessibles pour chacune d’entre elles. « Si on m’avait dit que j’allais courir 80 km il y a quelques années, j’aurais tout simplement ri. Dans ma tête, la plus longue distance, c’était un marathon; il n’y avait rien de plus long », affirme Josée St-Jean. « Je suis quelqu’un de normal. Si je suis capable de le faire, tout le monde peut le faire. »