Le champion de France de KV Yves Heloury s’attaque à la 6000D

Yves Heloury
Yves Heloury rêve de remporter le 80 km de Belle-île-en-trail - Photo : Courtoisie

Le champion de France 2021 de course verticale Yves Heloury devait être l’un des prétendants à la victoire lors de la 6000D (67 km, 3400 m D+) ce samedi 30 juillet à La Plagne, en Savoie, mais la covid, qu’il a contractée au début de l’été, l’a forcé à réviser ses ambitions. À 23 ans, ce jeune et prometteur traileur breton souhaite tout de même se servir de ce trail mythique en France comme d’un tremplin vers des plus longues distances.

« J’ai fait une bonne prépa, mais le covid m’a bien bloqué début juillet, confie Yves Heloury. Je sens que j’ai la caisse, j’ai l’endurance, mais dès qu’il faut mettre de l’intensité, je suis loin d’être à 100%. »

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Il avait pourtant tout mis en place pour que cette première tentative sur 67 km se fasse dans de bonnes conditions. Durant les dernières semaines de préparation, il est monté jusqu’à 20 heures d’entraînement, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant.

Qu’à cela ne tienne, il compte tout de même se présenter sur la ligne de départ à La Plagne. « J’y vais vraiment pour prendre de l’expérience, tester une grosse balade et partir avec le sac, les bâtons, apprendre à gérer la nutrition sur autant de temps de course, a-t-il dit à Distances+. Tout ça, ça s’apprend. »

Lui qui a remporté l’an dernier la 6D Lacs (28 km, 1500 m D+), n’a pas choisi la 6000D par hasard pour cette première expérience. « Même s’il y a du dénivelé, il y a de la distance et elle est très très roulante et peu technique, analyse le traileur. En temps de course, on va s’approcher des 7 h, la gagne est même en 6 h certaines années. Ça fait beaucoup sur le papier, mais en réalité pas tant que ça puisque je suis déjà monté à 4 h de course. »

Il devra notamment faire face à Jarno Legros, cinquième de l’épreuve l’an passé, Beñat Marmissolle troisième de la Diagonale des fous en 2021, Bastien Jannetta, vainqueur du 42 km du Ceven’Trail cette saison et Fabien Carron, vainqueur du Trail Cabornis (40 km, 1930 m D+).

Se spécialiser entre 3 h et 7 h de course

Yves Heloury
Yves Heloury a été champion de France du KV en 2021 – Photo : Courtoisie

Pourtant, Yves aurait pu ne jamais se consacrer au trail. Plus jeune, il avait intégré le centre de formation du club de football de l’En Avant Guingamp. « Je me suis vraiment lancé vers 16-17 ans, car je me suis dit « le foot, ce n’est plus fait pour toi », se rappelle le Breton. J’aime toujours ce sport et j’adore toujours le regarder, mais la mentalité foot m’a dégoûté. C’est un sport à part, surtout quand on joue à bon niveau. Je savais que je n’allais pas faire carrière dans le foot donc j’ai préféré faire quelque chose où tout le monde se dépasse plutôt qu’un sport où il y a des mecs qui arrivent bourrés sur le terrain et où il y a des insultes racistes parce qu’il y a des joueurs de couleur sur le terrain. Il y avait des choses que je ne pouvais pas supporter », poursuit-il.

Au moment d’écrire ces lignes, difficile de situer le niveau d’Yves Heloury sur des efforts aussi long que celui de la 6000D, lui qui souhaite se spécialiser sur des épreuves allant de 3 à 7 h de course, car jusqu’à présent, il a surtout couru des distances plus courtes, entre 10 et 30 km, voire des KV où le sociétaire du Pays de Paimpol a brillé l’an dernier en devenant champion de France de la discipline. Une victoire qui fait office de référence dans son palmarès, mais son grand objectif est de remporter un jour le 80 km et 2000 m D+ de Belle-île-en-trail.


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Le traileur, qui passe actuellement ses diplômes d’entraîneur de la Fédération française d’athlétisme (FFA), a déjà remporté le 45 km (1000 m D+) de cet événement en 2020. « J’arriverai [la prochaine fois] avec beaucoup plus d’ambitions, ça c’est sûr, affirme Yves Heloury. C’est ma course de cœur, c’est celle qui me fait rêver depuis des années et que j’allais voir quand j’étais petit. Je connais l’île comme ma poche. » Il estime qu’il aura retrouvé tous ses moyens mi-septembre, moment où aura lieu ce trail.

Car aujourd’hui, ne pas pouvoir accélérer est quelque chose d’inhabituel, lui pour qui la vitesse a toujours été la qualité première. Une capacité en partie due aux trails bretons. « Pour jouer la gagne en Bretagne, il faut savoir courir vite, assure le Paimpolais. Même si c’est cassant, il y a toujours des parties roulantes », précise-t-il.


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C’est encore sa principale force sur les différentes courses auxquelles ils participent, même si depuis son emménagement du côté d’Annecy, il y a un an et demi, il a pu travailler ses points faibles. « Le fait de s’entraîner en montagne fait qu’on gagne énormément en force, détaille le Breton. Le fait de faire des longues montées de 1000 m de D+, ça nous fait prendre énormément en muscle. » Ce renforcement musculaire lui permet d’être meilleur en montée, mais surtout en descente. 

Il a également pu travailler en altitude, si bien que cela ne lui pose aucun problème à présent. « Je suis monté jusqu’à 3500 m à l’entraînement et j’aime bien ça, dit le traileur. Par rapport à d’autres, je n’ai pas l’impression de perdre beaucoup en altitude. Je la passe même plutôt bien. »

Retour en Bretagne avec les cross comme objectif

Malgré tout, Yves Heloury ne cesse de revenir en Bretagne. Sur ses différentes fiches ITRA, FFA ou encore Betrail, une chose saute aux yeux : au milieu de toutes les courses auxquelles ils participent, il y a toujours des trails bretons.

« Quand on est Breton, on est attaché à notre terre et on aime trop notre coin pour ne pas y revenir souvent », clame-t-il. Il sera de retour en Bretagne de septembre à janvier afin de valider sa formation d’entraîneur FFA grâce à un stage en tant qu’entraîneur au sein du Pays de Paimpol. L’occasion pour lui de retrouver l’un de ses terrains de jeu favori : le GR34 qui longe la Bretagne par son littoral. Il a également l’objectif de se qualifier pour les championnats de France à Carhaix.


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« J’ai entendu dire que dès qu’il y avait le France de cross à Carhaix, il y a 80 000 personnes sur le parcours, raconte l’intéressé. J’ai vraiment envie de vivre ça. » L’objectif, au-delà d’une qualification individuelle, sera de réussir à qualifier une équipe. « Ce n’est pas un objectif personnel comme on peut l’avoir toute l’année, là il faut être au moins quatre de performant pour qualifier l’équipe », analyse-t-il. 

Yves Heloury rêve de gagner un jour la 6000D, Belle-île-en-trail ou encore le Festival des Templiers. Mais une course surpasse toutes les autres à ses yeux dans le monde : la Western States, en Californie, un 100 miles auquel il ne compte pas s’attaquer trop vite. « C’est très dur de gagner son dossard pour cette course et c’est vraiment sur des efforts entre 80 et 100 km qu’il faut être performant », estime-t-il. Mais il ne souhaite pas non plus trop se projeter. « Je dis ça, et en même temps, peut-être que dans deux ans je vais me rendre compte que le format 80 c’est trop long pour moi et que je n’aime pas ça. »

Une raison de plus de le suivre sur sa première expérience sur la 6000D, même s’il n’est pas à 100 %.