Elliot Cardin veut déjà retourner courir la Western States pour « terminer ce qu’il a commencé »

Elliot Cardin
Elliot Cardin participait à son premier 100 miles à vie - Photo : courtoisie

Le Québécois Elliot Cardin n’est pas allé au bout de la Western States Endurance Run, qui marquait son premier 100 miles à vie. Parti prudemment et malgré une bonne première partie de course, il a préféré abandonner au 123e kilomètre, mis à mal par la chaleur, l’altitude et cette douleur au genou survenue en fin de préparation.

Dans des conditions de chaleur intense, la vedette américaine Jim Walmsley a une nouvelle fois écrasé la concurrence pour ravir son troisième titre sur cet ultra californien mythique. Il a parcouru les 160 km et 5200 m de dénivelé en 14 h 46 (il détient le record de l’épreuve en 14 h 9). Ses principaux concurrents, comme Jared Hazen (abandon), Hayden Hawks (11e en 17 h 48) ou Tim Tollefson (5e en 16 h 55), ont tous craqué. Les Américains Tyler Green et Drew Holmen complètent le podium très loin derrière (respectivement 16 h 23 et 16 h 16) le champion de Flagstaff.

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Face au plateau monstrueux au départ de cette Western States 2021, même s’il était ambitieux et qu’il était excité à l’idée de se confronter à ce qu’il se fait de mieux en course en sentier aux États-Unis, Elliot Cardin avait fait le choix de laisser partir la tête de course sans s’affoler. 

« J’ai bien géré ma course, je suis partie à mon rythme et je ne me suis jamais emballé, a-t-il raconté à Distances+. Je savais que ça allait être une longue journée et qu’avec la chaleur le risque d’abandon était super élevé. »

Nouvelle démonstration des ultra-trailseuses face aux hommes

Beth Pascall
Beth Pascall a remporté la Western States chez les femmes et a terminé 7e du classement général – Photo : Happy Jubilee

« J’ai couru avec le top 5 féminin pratiquement toute la course », explique-t-il, admiratif face au talent de ses concurrentes. Il a évolué au milieu d’ultra-traileuses habituées à être plus performantes que les garçons comme les Américaines Beth Pascall, Camille Herron et Clare Gallagher, la Néo-Zélandaise Ruth Croft, la Néerlandaise Ragna Debats ou encore la Française Audrey Tanguy.

« Les filles ont été d’une force impressionnante », insiste Elliot. Même s’il n’est pas habitué à être devancé par des coureuses, il ne s’en est pas ému, conscient qu’il n’était pas du tout en sous-régime, au contraire. « Ça ne m’a pas [perturbé] parce que l’effort que je fournissais était bon », justifie-t-il.

Sur cette Western States, les athlètes féminines ont une nouvelle fois montré qu’elles pouvaient rivaliser au même niveau que bien des élites hommes. Beth Pascall a remporté la course (17 h 10) à la 7e place du classement général, devant Ruth Croft (9e) qui a couru un long moment derrière Elliot Cardin, avant d’accélérer pour finir sur le podium, complété par l’expérimentée Ragna Debats (10e), championne du monde de trail 2018.

Au général, on compte trois coureuses dans le top 10, neuf dans le top 20, dont Audrey Tanguy (6e femme) qui termine 16e au général en 18 h 37, tout juste derrière l’un des prétendants à la victoire chez les hommes Alex Nichols.


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Quand le plaisir se transforme en enfer

Elliot Cardin
Elliot Cardin au ravitaillement à Foresthill au 107e km – Photo : Courtoisie

Malgré son départ prudent, Elliot Cardin a commencé à avoir des nausées à cause de l’altitude à partir du km 40. Sa douleur à un genou s’est aussi réveillée peu après Michigan Bluff, à l’approche du km 90, ce qui a sérieusement compliqué l’avancée du Québécois.

« Sur la Western States, il y a plein de longues descentes, ce que j’adore, mais avec la douleur ça a un peu pété mon fun, décrit-il. J’étais très lent par rapport à ce que je suis capable de faire en temps normal. J’étais prêt à endurer ça par contre, ça allait juste me ralentir. »

S’il a bien été « boosté » par l’entrée en course de son pacer au 100e km, Elliot a expliqué à Distances+ qu’il avait rapidement « été incapable de [s]’alimenter adéquatement en passant proche de vomir à chaque bouchée ou gorgée d’eau ». « J’ai dû marcher un bout et le moral a pris un coup, se souvient-il. J’étais en 12e position, je crois, à ce moment-là et dans le top 10 masculin (il était en fait 17e au classement général et 11e homme, NDLR). »

C’est allé de mal en pis. « Arrivé au ravito Rucky Chucky (km 125e), je me suis mis à grelotter et je me suis arrêté longtemps pour finalement prendre la décision que je n’avais pas assez de force pour repartir, confie-t-il. C’est une dure décision, mais ça fait partie de la game. »

Sur les 316 coureurs et coureuses au départ, 107 ont abandonné. Parmi eux, on retrouve notamment des champions comme Max King, Matt Daniels et Jared Hazen. Hayden Hawks, qui a couru la première partie de la course avec Jim Walmsley, a lui raconté qu’il était resté 2e jusqu’au 82e mile avant d’exploser. Il a passé la ligne d’arrivée « en rampant » sur les huit derniers miles.

Objectif : Western States 2022

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Elliot Cardin à son arrivée, à seulement quelques secondes du 2e à la Black Canyon Ultras 2020 – Photo : Rebecca Collicott

S’il n’a pas fini sa course de rêve, Elliot Cardin assure qu’il n’est pas déçu et a déjà recouvré la motivation de revenir plus fort.

« Je suis quand même content d’avoir cassé loin. Je sais maintenant ce que je suis capable de faire sur cette course et ce que je dois modifier et travailler pour la suite », relativise-t-il.

Il est d’ailleurs déjà inscrit à la Black Canyon Ultras (100 km, 1400 m D+) en février prochain, où il compte, d’une pierre deux coups, passer sous la barre des 8 heures et décrocher un nouveau « golden ticket » pour la Western States en montant sur le podium, et pourquoi pas la première cette fois (il avait terminé 3e en 8 h 13 en 2020).

Comme prévu, à son retour au Québec, il a prévu de s’offrir un vrai repos pendant quelque temps, sans courir, afin de soigner ses bobos et de comprendre les problèmes de santé qui ont parasité sa préparation à la Western States.

Un texte écrit en collaboration avec Nicolas Fréret