Distances+ à Chamonix – Le créateur de la course IPA Fun Run, dans Lanaudière, prend le départ de l’UTMB ce vendredi à 18 h (midi au Québec). Avec quelques longues courses dans les jambes, il se dit prêt à s’amuser, et même à revoir ses objectifs en pleine course s’il le faut. Entretien, à quelques heures du départ.
Jean-Philippe, pourquoi voulais-tu courir l’UTMB? C’est une course difficile de 170 km et 10 000 m de D+ !
C’est l’événement de trail le plus médiatisé au monde. C’est la course qui a allumé la flamme de ma passion pour l’ultra-trail. Je me rappelle d’avoir vu des images de François D’haene quand il a gagné en 2017. Je regarde chaque année le départ avec la musique de Vangelis qui me donne des frissons. C’était sûr qu’un jour j’allais me retrouver dans cette foule là. Il fallait que je vive ça une fois dans ma vie. J’ai été sélectionné en 2021, mais j’ai choisi de reporter en 2022 pour vivre la course dans des conditions plus normales.
Tu as bâti un plan de match pour y arriver?
On peut dire que tout a été planifié. Chaque année, je me suis assuré d’avoir les points qualificatifs pour mettre mon nom dans la loterie. Ça fait seulement 4 ans que je fais du trail, alors je suis content que ce soit arrivé rapidement.
Quel est ton niveau d’énergie en ce moment?
Mon énergie est parfaite. J’ai eu peur un peu, parce qu’en arrivant ici à Chamonix lundi, je me suis emballé. Je suis allé découvrir les sentiers autour, je ne pouvais pas résister. C’est la première fois que je viens ici! Je me disais que ma sortie pourrait me coûter deux heures sur l’UTMB, mais que ça en valait la peine. Hier, j’ai fait une grosse sieste, alors je me sens bien en forme. J’ai pris du repos dans les dernières semaines, je ne suis pas en surcharge. Je me sens en confiance.
Quelles sont tes attentes réalistes?
Pour moi, c’est de faire en dessous de 30 heures. Je serais vraiment content. Mais si je fais en haut de 30 heures, je vais quand même trouver une satisfaction. J’ai fait la Diagonale des fous en 2019. J’étais parti de façon très naïve, parce que je ne savais pas c’est quoi 10 000 m de D+. J’avais un petit objectif de temps, mais j’ai dérogé du plan parce que j’ai fait des rencontres et on a fait une alliance pour passer la nuit. Ça a été une course mémorable, alors je vois les choses un peu de la même façon cette fois. La course peut se transformer en moment magique d’entraide et d’amitié, je suis ouvert à tout.
As-tu des craintes?
J’en ai, mais avec mon expérience je sais comment les gérer. Par exemple, la phase vers 5 h du matin dans ma première nuit, je sais que j’aurai un coup de mou, quand je serai rendu à peu près à Courmayeur. Quand j’ai fait le QMT100 miles il y a deux mois, ça m’est arrivé, mais j’ai mes trucs, je sais quand prendre ma caféine. Je me suis testé et j’ai mes protocoles.
Pour les gens qui te connaissent moins, peux-tu me parler de ton passé en compétition?
Je suis un fidèle des courses québécoises. J’ai fait chacune des dernières éditions du Québec Méga Trail, et cette année j’y ai fait le 100 miles. Mes positions varient, je fais régulièrement dans le top 5 ou top 10. Ma plus belle performance c’est le 80 km à la Chute du diable, où j’ai gagné. Je me suis senti à l’aise tout le long.
Tu es aussi connu pour un événement que tu as démarré dans ta région, Lanaudière.
Oui! On a parti ça en 2020 pendant la Covid, dans le but de rassembler les gens. On voulait aussi faire découvrir nos sentiers lanaudois. La course a lieu à Saint-Côme, à la station de ski. C’est la IPA Fun Run, parce qu’on veut que ce soit festif. Et notre seul règlement, c’est que tout le monde doit apporter deux bières, qu’on met en commun dans une petite piscine. Peu importe la distance, les participants peuvent prendre la bière de leur choix à la fin.