Mathieu Blanchard, Charles Benoit, Raphaël Metter-Rothan et Caroline Côté ont tous les quatre complété ce week-end l’une des épreuves de l’Ultramaratón Guatemala, au départ de la ville d’Antigua. Ils ont dû affronter une folle ascension de volcans, dont un en éruption, et courir dans une jungle impénétrable, mais ils ont aussi pris du bon temps, bu beaucoup de café et goûté au cacao et au maïs. Distances+ a recueilli leurs impressions alors qu’ils récupéraient sous la chaleur des tropiques, où ils s’en sont mis plein le cœur.
« Sérieusement, c’est dans mes tops courses que j’ai faites, lance Mathieu Blanchard, qui a remporté l’épreuve de 100 km, l’UTG 100 (6500 m D+), après 14 h 34 de course. On a traversé une culture, on a vu les gens avec leurs vêtements traditionnels, on a fait un voyage culturel, c’était vraiment beau! »
Caroline Côté, deuxième chez les femmes (et 10e au classement général), abonde dans le même sens. « Dans les sentiers, il y avait des chevaux, des charrettes, des vieux paysans qui allaient travailler dans les champs de café et de maïs. Les gens ne comprenaient pas trop notre »quête », mais ils voyaient que c’était quelque chose d’important. »
L’Ultramaratón Guatemala en était à sa troisième édition, mais c’est la première fois qu’une épreuve de 100 km était organisée, en plus du semi-marathon, du marathon et du 77 km. Environ 75 coureurs ont pris le départ, principalement du Guatemala, mais aussi des pays environnants comme le Mexique. Seulement 47 participants de l’UTG 100 l’ont terminé. Sur l’ensemble des distances, plus de 800 personnes avaient pris un dossard.
Les Montréalais Charles Benoît et Raphaël Metter-Rothan ont aussi fait le voyage avec leurs amis, un périple que les « Foufous Manikous* », comme ils se surnomment parfois, avaient prévu depuis plus d’un an.
Charles a fait une excellente sixième position, complétant son quatrième ultra de la saison en 18 h 50. Quant à Raphaël, il a terminé l’épreuve de 77 km en environ 20 h 30 (temps non officiel).
Trois volcans en moins de 50 km
« La première partie de la course, ce sont les trois volcans, explique Charles Benoit. Alors, les quelque 6000 m de D+, tu les prends dès le début! »
Chaque montée représentait un cruel 2000 à 2500 m de D+ en plus ou moins 8 à 10 km. « C’est violent, c’est très violent », lâche Charles. Et les descentes? « Un vrai toboggan », explique Mathieu. Pas le choix d’être assis sur les fesses et de tenter de contrôler la descente. Une vraie glissade, avec 40 à 50 % d’inclinaison.
Mais au sommet : la vue sur une nature folle, des volcans, la jungle. « Je ne prends presque jamais le temps de m’arrêter dans une compétition, dit Mathieu, mais là, en haut d’un des volcans, c’était tellement beau que je me suis arrêté cinq minutes. »
« Être en face d’un volcan en éruption, tu ne vois pas ça souvent dans ta vie, ajoute-t-il. Alors, tu admires. Tu es en gratitude totale. »
Car, oui, un des trois volcans à gravir crachait toutes les cinq minutes des roches et de l’épaisse fumée grise. À priori, ce volcan était sans danger pour les coureurs, qui empruntaient le corridor opposé à la descente des matières en fusion, mais qui se sentaient tout de même envahis par la force de la nature.
La deuxième partie de la course était composée d’une trentaine de kilomètres de route asphaltée et de terre battue. Au 77e km, les participants de l’UTG 100 devaient entamer une dernière boucle de 21 km et des poussières.
Une boucle que Charles Benoit a trouvée difficile. « C’était un autre 1000 m de D+. Tu as les jambes fatiguées. J’ai commencé à avoir chaud. Mais une fois en haut, tu sais qu’il te reste seulement 10 km de descente et c’est fini… »
Cette année, Charles a fait entre autres bouclé son premier 100 miles au Vermont 100.
Des appréhensions au départ
Caroline Côté admet qu’elle avait une certaine crainte de se perdre sur le parcours, ne sachant pas à quel point il serait bien balisé et de quoi auraient l’air les sentiers dans la jungle.
Son expérience récente au Bromont Ultra a laissé des traces. Perdue sur le parcours, elle a accepté l’offre d’un des membres de l’organisation de faire quelques centaines de mètres en voiture pour y revenir. Elle regrette cette décision, qui a mené à sa disqualification.
Mais le parcours guatémaltèque était bien balisé, avec notamment des bandes réfléchissantes très utiles pendant la nuit. Ce qui a été difficile pour Caroline, ça a été les descentes. « C’est dans la jungle, et on avait à peu près quatre heures de descente à faire! J’ai failli abandonner, je n’avais pas de compétences là-dedans, dit Caroline. Je me suis dit que ça irait mieux avec le lever du soleil. »
Mathieu aussi avait des appréhensions. Il y a quelques semaines, au Maroc, il a subi l’une des plus grandes douleurs de sa vie à cause d’une migraine liée à l’altitude. Cette fois, il n’a pas pris de chance : il est arrivé cinq jours à l’avance, pour prendre le temps de s’acclimater.
Car il faut dire que les trois volcans culminent de 3700 à 4000 m d’altitude. Au final, tout s’est bien passé.
Encore sur leur « high », volubiles, les « Foufous Manikous » n’ont que des éloges pour leurs hôtes, qui les ont accueillis avec chaleur et enthousiasme, et pour l’organisation, qui leur a paru impeccable. « C’est vraiment une course roots, très authentique », dit Mathieu. « Je la recommande vraiment! »
*Le nom Foufous Manikou vient du séjour effectué en décembre 2017 à la TransMartinique par le groupe d’amis qui gravite autour de Mathieu Blanchard, et qui inclut Thomas Duhamel, Charles Benoit, Raphaël Metter-Rothan, Marianne Hogan, et d’autres. Le Manikou est un animal emblématique de l’île et c’est pourquoi le club organisateur de la TransMartinique en a fait son animal emblème. Quant à « foufou », il semble qu’un certain journaliste québécois ait laissé tomber cette expression un moment donné, et elle est restée.