Trois questions à Blandine L’hirondel : « Il faut avant tout prendre soin de soi et de sa santé pour perdurer dans le sport »

Interview

Blandine L'hirondel
Blandine L'hirondel à l'entraînement - Photo : Kiprun
3 questions à

L’année 2023 restera sans doute une saison charnière dans la carrière de Blandine L’hirondel. Habituée à gagner souvent depuis ses débuts en 2016 sur l’île de La Réunion, parfois même devant les athlètes masculins comme à l’été 2019 au Grand Raid des Pyrénées, la meilleure traileuse française au classement ITRA en ce début 2024 (cote 809) a expérimenté ces derniers mois les blessures, les coups d’arrêts et les remous émotionnels. La Normande, double championne du monde (2019 et 2022) et championne d’Europe de trail en titre, n’avait pas été en mesure de prendre le départ des championnats de France en mars au Trail de la Cité de Pierres à cause d’un gros rhume. En juin, c’est une blessure sous le pied qui l’avait empêchée de défendre son titre aux mondiaux en Autriche. Enfin, en octobre, elle avait été contrainte à la dernière minute de ne pas prendre le départ du Grand Trail des Templiers à Millau en raison d’une douleur inquiétante au talon, qui s’est révélée être une fracture de fatigue du calcanéum. Si, sur le coup, Blandine a eu du mal à accepter le diagnostic établi par son confrère médecin et confrère traileur en équipe de France Thibaut Garrivier, elle a vite relativisé et en a profité pour se poser et se reposer.

Malgré toutes ces galères, le bilan comptable 2023 est flatteur. Blandine a réussi un exceptionnel — et insolite — grand écart entre une troisième place au championnat de France de cross-country (9 km) au début de l’année et une troisième place à l’UTMB (175 km pour 10 000 m D+) dès son premier 100 miles à la fin de l’été, après avoir gagné la CCC en 2022 et l’OCC en 2021. Elle a aussi remporté l’épreuve de 100 km de l’Istria 100 en Croatie et l’une de ses courses préférées pour l’ambiance qui y règne, la Skyrhune au Pays basque français. Sans oublier une cinquième place non négligeable lors de la mythique Zegama, qu’elle rêvait de découvrir au Pays basque espagnol.

2023 a aussi été marquée par un changement d’entraîneur, le jeune Lilian Gugliero, voisin de la championne en Lozère, ayant succédé à l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, aujourd’hui coach de l’équipe Kiprun, Philippe Propage.

À l’aube de sa saison 2024, alors que la jeune trentenaire recommence tout juste à courir tranquillement, avec un enthousiasme non dissimulé, Blandine L’hirondel, par ailleurs membre du podcast La Bande à D+, a accepté de jouer au jeu des Trois questions D+.

Blandine L'hirondel
La Normande Blandine L’hirondel a terminé 3e de son premier UTMB en 2023, après avoir gagné la CCC en 2022 et l’OCC en 2021 – Photo : Kiprun

Distances+ : L’année 2023 semble avoir été pour toi une longue montagne russe. Avec du recul, qu’est-ce que tu en retiens ? Qu’est-ce qui va te rester le plus en tête et qu’est-ce qui t’aura fait le plus évoluer comme athlète ? Et, la question sonne bizarre, mais qu’est-ce que ça t’a apporté de ne pas tout gagner, ce à quoi tu étais habituée les années précédentes ?

Blandine L’hirondel : Effectivement, des montagnes russes. Ou plutôt des montagnes françaises, car je n’ai pas beaucoup bougé de notre pays. Cela peut paraître étonnant, mais je ne suis pas satisfaite de mon année 2023. Ce n’est pas tellement parce que je n’ai pas « tout gagné », je n’ai pas assez la mentalité du sport en compétition et à haut niveau à tout prix pour ça — d’ailleurs si je ne devais retenir que les résultats, je veux bien re-signer cette année. Mais il y a des choses qui ont bien plus de valeurs à mes yeux, comme la santé. Et cette année, j’ai trop joué avec, et mon corps m’a rappelé à l’ordre. J’ai eu une infection virale — alors que je n’avais pas été malade depuis de nombreuses années —, une fasciite plantaire et enfin une fracture de fatigue.

Je ne suis pas fière d’en être arrivée là, car on voit bien l’évolution crescendo des blessures, mais j’ai su m’écouter et prendre le taureau par les cornes quand il le fallait. C’est donc cela que je vais retenir : qu’il faut avant tout prendre soin de soi et de sa santé pour perdurer dans le sport. Il faut rester dans la prévention plutôt que devoir composer avec la guérison. Et si guérison il y a, il faut savoir être résilient.

Donc qu’est-ce que ça m’a apporté de ne pas tout gagner ? De l’expérience ! 

Tu l’exprimes régulièrement dans La Bande à D+, en dépit de tes victoires et des nombreux titres que tu as décrochés ces dernières années, tu parles de toi comme d’une éternelle débutante qui a tout à apprendre. Quel portrait dresserais-tu de la Blandine L’hirondel 2024 ?

Oui, je connais peu ou pas d’athlètes de haut niveau qui ont eu la même construction que moi : aucune pratique du sport en compétition dans l’enfance et l’adolescence et une vie étudiante plus que festive. Mais après cinq ans de pratique de la course à pied, j’ai appris énormément sur la physiologie du sport, le corps, l’adaptation de l’entraînement, l’aspect mental etc… et ça me passionne ! J’ai une approche différente, avec l’envie d’en apprendre plus dans ces domaines. Donc la Blandine de 2024 sera différente ! 

En cette pré-saison, dans quel état sont ton moral et ta forme physique ? Est-ce que les blessures sont derrière toi et quel est le plan de match et tes ambitions pour 2024 ? 

Au niveau moral, tout va pour le mieux. Ces longues semaines de coupure m’ont permis de me ressourcer, de profiter des bons moments de la vie, de passer du temps avec mes proches… Je ne peux pas encore affirmer que les blessures sont derrière moi, mais pour l’instant, nous sommes côte à côte. Je ne veux pas griller les étapes et je respecte chaque signe que mon corps m’envoie.

J’aimerais remettre le maillot bleu aux championnats d’Europe de trail. Pour cela, il faudra que je sois performante aux championnats de France début avril. Cela paraît très optimiste, peut-être trop, mais pas inatteignable.

Et enfin, j’aimerais remettre le couvert fin août à Chamonix, pour essayer de grappiller quelques minutes sur mon chrono de l’UTMB 2023 (24 h 22 min pour les 175 km et 10 040 m D+).

On est en contact!

On n'envoie pas de spam :)

On est en contact!

On n'envoie pas de spam :)

Blandine L’hirondel sera de nouveau membre de La Bande à D+, le podcast de Distances+, en 2024 aux côtés de Sabine Ehrström, Marianne Hogan, Florence Morisseau, Fiona Porte, Ludo Collet, Ugo Ferrari, Thomas Lorblanchet, Nico Martin et Robin Schmitt. De même que quatre recrues qui seront annoncées prochainement.


Écoutez La Bande à D+ sur votre plateforme de podcast préféré ou en cliquant ci-dessous 👇

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est La_bande_a_d_2023_1920x1080_v1-1024x576.jpg.