En pleine coupure après sa victoire sur la VO2 trail (19 km et 750 m D+ en 1 h 11) au Festival des Templiers, le 19 octobre, Sylvain Cachard attend l’hiver. Le coureur Näak espère que la neige sera bientôt là, saupoudrant les massifs autour de Grenoble, la ville où il réside. Lorsqu’il se sera régénéré après une saison compliquée, l’ingénieur de 25 ans s’imagine déjà s’échapper le matin pour de longues balades en ski de rando en Belledonne ou en Chartreuse, avant de s’envoyer des séances de piste le soir, avec ses potes de club, pour préparer les cross. L’athlète de l’équipe Hoka croise aussi les doigts pour que la fin de l’année et le début de la suivante lui épargnent les aléas auxquels il a dû faire face en 2024, une blessure au tendon d’Achille d’abord, puis une lésion osseuse au pied.
Pour la première fois, le triple champion de France de course en montagne (2022, 2021 et 2022) avait décidé de placer sa saison sous le signe du trail, avec en point d’orgue l’OCC (57 km et 3500 m D+), poursuivant sa mue vers des distances plus importantes. Le 29 août, à Chamonix, Sylvain Cachard a réalisé une prometteuse 17e place sur cette épreuve au plateau très dense, en 5 h 44 min, deuxième Français derrière Benjamin Roubiol (11e), champion du monde en titre de trail long. Après un départ sans doute trop rapide, le coureur a payé la note de son enthousiasme une fois franchi le village suisse de Trient, dans la montée vers le col de Balme. « C’est comme si, d’un coup, la lumière s’était éteinte, se souvient-il. Un joli pop-corn, avec lequel j’ai dû batailler jusqu’à l’arrivée. »
Pour résumer sa course, Sylvain Cachard confie à Distances+ avoir couru deux heures avec les jambes et près de quatre heures avec le cœur, sur un fil, parfois au bord de l’évanouissement. Généreux dans l’effort, l’athlète ne regrette pourtant rien de ce scénario, lui qui désirait avant tout engranger de l’expérience. « J’étais venu pour prendre des repères, confirme-t-il. Pour apprendre. Me tester. Sur ce format, j’ai encore beaucoup de progrès à faire en matière d’endurance musculaire, mais aussi de nutrition et d’hydratation. » Il assure avoir déjà hâte d’y retourner, dès l’année prochaine, sous réserve d’une qualification éventuelle pour les championnats du monde de trail en Espagne, du 25 au 28 septembre 2025, qui pourrait bousculer son calendrier.
Peut-être, sur les sentiers autour du Mont-Blanc, Sylvain Cachard avait-il encore des séquelles de sa performance à Sierre-Zinal (31 km et 2200 m D+), accomplie une vingtaine de jours plus tôt. En Suisse, il avait amélioré de près de deux minutes son record personnel, désormais établi à 2 h 32 min 45 s. Il s’agit de la meilleure performance française de tous les temps sur l’épreuve mythique des Alpes valaisannes. Surtout, son retour en forme venait clôturer une séquence faite de hauts et de bas provoqués par cette lésion osseuse au pied qui l’avait obligé à adapter son entraînement dès le début de la saison de trail. « Cela fait partie du jeu, accepte-t-il, avec son éternelle décontraction. Mon job, c’est de réussir à faire du mieux possible en fonction de tous les imprévus qui viennent perturber ma progression. Et je suis vraiment satisfait de la manière dont moi et mon entourage (notamment Nico Martin, qui le conseille, NDLR) avons géré cette blessure. »
« Je cours avant tout pour vivre des émotions »
Sylvain Cachard admet tout de même avoir encore en travers de la gorge son absence aux championnats d’Europe de course en montagne à Annecy, au printemps dernier. L’athlète voulait que ce soit un moment phare de sa saison, l’occasion de briller une nouvelle fois sur cette discipline qui l’a vu éclore et fourbir ses armes de vitesse et de puissance sur les sentiers. Il rêvait notamment de défendre son titre sur le format « montée et descente », voire d’un doublé avec la montée sèche. Son corps l’en a privé. « C’était dur de ne pas en être, j’y pense encore, confesse-t-il. J’ai tenté de me consoler en me disant que la météo était exécrable, mais cela n’a pas suffi. Et puis je n’ai pas été en sélection nationale depuis deux ans, cela aussi ça me manque. »
Fin septembre, le sélectionneur de l’équipe de France, Adrien Séguret, lui a donné l’opportunité de regoûter à ces ambiances collectives, l’invitant à participer à un stage avec d’autres traileuses et traileurs français en vue, à l’image de Baptiste Chassagne (2e de l’UTMB cet été), Mathieu Blanchard (vainqueur de la Diagonale des fous en octobre) ou encore le récent vainqueur surprise de l’UTMB, Vincent Bouillard. Dans le Cantal, là encore sous une météo exécrable, Sylvain Cachard a enchaîné les sorties, parfois plus copieuses que prévu, pour profiter et, comme lors de l’OCC, engranger de l’expérience. « J’ai toujours beaucoup fonctionné par mimétisme, explique-t-il. J’en ai sans doute trop fait, mais il fallait que je profite de cette chance de m’entraîner avec tous ces spécialistes des longues distances, que je regarde comment ils courent, comment ils mangent… »
Avant de les rejoindre dans le Cantal, l’athlète Naäk était allé remporter, le 24 septembre, l’ultime édition de la Skyrhune (21km et 1700 m D+ en 1 h 56) sur les hauteurs d’Ascun, au Pays basque. Cette course n’était pas spécialement au programme, mais, en plus de se sentir à ce moment-là très en forme, Sylvain savait à quoi s’attendre : une fête entre potes autour des valeurs qui l’animent dans son sport. Même s’il aurait souhaité réaliser un meilleur chrono, il préfère retenir l’ambiance si particulière de l’événement, les spectateurs qui donnent de la voix jusqu’au sommet de la Rhune (905 m d’altitude), la passion des organisateurs, la folie de l’après-course. « Je cours avant tout pour vivre des émotions », rappelle Sylvain Cachard. Même si elle n’était pas à la hauteur de ses espérances, sa saison lui en aura tout de même donné de belles, avant de se projeter sur une année 2025 qui sera forcément ambitieuse.
Revivre les moments clés de la saison 2024 de Sylvain Cachard
Un série D+ signée Franck Berteau, Chloé Rebaudo et Nicolas Fréret
👉 Dans l’impossibilité de prendre le départ du championnat de France de trail court au Trail de la Drôme en avril à cause d’une fracture de stress déclarée lors d’un stage de préparation à la Réunion, Sylvain Cachard est revenu dans l’épisode 46 de La Bande à D+ sur la manière dont les athlètes de haut niveau jouent parfois avec leurs limites et le risque de blessure pour être le meilleur face à un niveau global qui s’élève d’année en année chez les hommes comme chez les femmes. Selon lui, expérimenter la blessure, le « trop », est un passage parfois nécessaire qui permet d’apprendre sur soi et mieux connaître ses limites.
Sur son agenda, Sylvain Cachard avait depuis longtemps entouré la date. Pour l’athlète de 25 ans, les championnats d’Europe de course en montagne à Annecy, le 2 juin 2024, constituaient l’un des principaux objectifs de sa saison. Il rêvait de défendre son titre sur le format montée et descente, chez lui, dans les Alpes. Il y a deux ans, il s’était imposé sur des terres plus lointaines, à El Paso, aux Canaries (Espagne). Depuis, le jeune coureur a poursuivi sa mue vers le trail, allongeant les distances et reléguant au passé ces parcours pentus et fulgurants dans lesquels il excelle. Un nouveau sacre européen dans cette discipline aurait fait figure de marqueur symbolique, lui permettant de clore de la plus belle des manières ce chapitre de sa carrière avant de passer définitivement à un autre. Mais lorsque le départ sera donné à Menthon-Saint-Bernard, Sylvain Cachard se trouvera loin des rives du lac d’Annecy, de l’autre côté de l’Hexagone, à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales). D’autres montagnes pour se remettre à courir, continuer de se rétablir et espérer attaquer l’été plus sereinement que le printemps. « Je ne pourrai pas mettre le point final que j’imaginais à toutes ces années de course en montagne, mais c’est ainsi, il faut l’accepter, positivait-il alors. Maintenant je suis un traileur, et j’ai hâte de voir ce qui m’attend. » PORTRAIT
👉 De retour de blessure, Sylvain Cachard s’est rassuré. Mi-juin, l’athlète Naäk a terminé 2e du format 20 km du Trail du Saint-Jacques by UTMB, à 56 secondes de l’Allemand Lukas Ehrle, 19 ans seulement, sacré vice-champion d’Europe de course en montagne en montée-descente à Annecy (et 3e sur la course verticale deux jours plus tôt). En fin de convalescence après une fracture de fatigue à un orteil, l’ingénieur de 25 ans avait hâte de se « tester », et de démarrer enfin sa saison sur les sentiers. « Cela faisait vraiment plaisir de retourner à la compétition, a-t-il raconté à Distances+. Je me suis mis carton du début à la fin et j’ai réussi à gérer la douleur, qui s’est un peu réveillé en début de course. »
Très satisfait de sa forme globale, Sylvain Cachard envisageait la suite de l’été avec patience. Initialement inscrit sur le Marathon du Mont-Blanc le 30 juin prochain, le coureur du team Hoka a décidé de se replier sur le Cross – le format de 23 km – pour continuer de valider à la fois son rétablissement et sa montée en puissance. Avec, dans le viseur, Sierre-Zinal puis l’OCC, au mois d’août.
👉 Sylvain Cachard devait initialement s’aligner sur le Cross du Mont-Blanc ce samedi 29 juin (25 km, 1600 m D+, 870 m D-), mais il a finalement pris la décision d’y renoncer. La faute à son pied droit qui lui posait encore quelques soucis. 2e sur le 18 km (600 m D+) du Trail du Saint-Jacques by UTMB, deux semaines auparavant, il a ressenti par la suite quelques douleurs inflammatoires. Même s’il pouvait courir, les intensités, et donc une course, n’étaient pas conseillées tant qu’il n’était pas sûr à 100 %. Et il a préféré se préserver pour les objectifs à venir, à savoir la Montée du nid d’aigle, Sierre-Zinal et l’OCC. Il est revenu pour Distances + sur son choix en interview vidéo en marge du Marathon du Mont-Blanc.
👉 Après un début de saison perturbé par une blessure au pied, Sylvain Cachard a pu valider sa participation à la 51e édition de Sierre-Zinal (31 km, 2100 m D+), samedi 10 août, en Suisse. L’année dernière, l’athlète Näak avait terminé 4e de cette emblématique course en montagne et signé le record français de l’épreuve, en 2 h 34 min et 22 s. Le champion d’Europe de course en montagne 2022 (montée-descente) et triple champion de France de la discipline (2020, 2021 et 2022) s’est prêté au jeu des Cinq questions D+ quelques jours avant le départ.
« Je n’ai pas du tout l’impression d’être en août, mais plutôt fin avril ou début mai. J’ai faim de compétition ! » – Sylvain Cachard, avant Sierre-Zinal 2024
👉 INTERVIEW À CHAUD de Sylvain Cachard, 7e de Sierre-Zinal 🇨🇭 (31 km 2100 m D+) et meilleur chrono français de l’histoire (2 h 32 min 45 s).
Objectif validé pour Sylvain Cachard, qui avait fait de Sierre-Zinal son objectif A de saison. Le Français a amélioré son propre record de France sur l’épreuve de 1 min 37 sec, passant de 2 h 34 min et 22 sec à 2h 32 min 45 sec. C’est dans la première partie, ascendante, du parcours qu’il est parvenu à grappiller du temps par rapport à l’an dernier. Longtemps seul en course, il a chuté dans la descente technique à 1 km de l’arrivée avant de terminer au sprint, perclus de crampes.
Après quelques jours de repos avec ses proches, C’est vers l’OCC dans le cadre de l’UTMB qu’il s’est projeté, une distance nouvelle pour lui.
👉 INTERVIEW D+ À CHAUD de Sylvain Cachard, 17e de l’OCC, sa première course aussi longue en carrière.
Le triple champion de France de course en montagne et champion d’Europe 2022 avait décidé de s’essayer sur le long et il avait coché l’OCC pour cette nouvelle expérience, après une belle performance à Sierre-Zinal début août. La chaleur a usé les organismes des athlètes toute la journée et Sylvain dû se faire violence pour aller au bout et accepter de dégringoler au classement. Il termine à une « anecdotique 17e place » – ce sont ses mots -, mais à chaud, il était satisfait de sa course, dans lequel il a mis beaucoup de coeur. Entrevue vidéo.
La série « La saison de Sylvain Cachard sur Distances+ » est produite en partenariat avec la marque de nutrition sportive Näak. Lorsque Distances+ publie un contenu commandité, qui respecte notre politique éditoriale, elle en avise clairement le public. Ce contenu journalistique – et non publicitaire – est produit par des membres de l’équipe de Distances+, dans le ton, le style et la manière qui nous distingue.
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