Maëva Danois, du 3000 m steeple au trail de haut niveau

Portrait

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Maëva Danois, 31 ans, en est en pleine progression dans le trail de haut niveau - Photo : Pierre Ezcurra

Avec une mère coureuse et un père demi-fondeur, la traileuse Maëva Danois, 31 ans, était destinée à aimer la course à pied. « Elle courait déjà dans mon ventre », s’amuse d’ailleurs sa maman. Dès l’âge de 6 ans, elle a chaussé des « baskets » et elle est devenue passionnée et compétitrice, avec un leitmotiv en tête : courir et gagner. PORTRAIT.


Après une 4e place au championnat de France de trail court à Buis-les-Baronnies et une 12e place au championnat de France de course en montagne à Briançon, Maeva a lancé sa deuxième partie de saison 2024 avec une victoire en duo mixte avec son ami Marc Prévot, chez elle au Pays basque, sur les deux étapes de 40 km de l’Euskal Trail 2 x 40 km, une course par équipe de deux coureurs en deux étapes sur deux jours où elle avait terminé 2e en 2023.


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Maëva Danois – Photo : Pierre Ezcurra

À l’adolescence, après en avoir eu assez du plat, elle a choisi le 3000 m steeple pour son dynamisme, ses rivières et ses barrières. La discipline lui convient tellement bien qu’elle lui ouvre les portes de l’INSEP (l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), pendant plus de 7 ans. C’est là que la Normande a découvert le haut niveau et décroché plusieurs titres. Elle a été vice-championne d’Europe Espoir en 2015 et championne de France en 2017, année où elle a participé aux championnats du monde d’athlétisme à Londres.

La vitesse et la puissance sont ses forces, avec un record personnel sur 3000 m steeple à 9 min 40 s, soit 3 min 13 s au km et 18,62 km/h. « Elle a des qualités indéniables, c’est un bon moteur », commente son coach actuel, Julien Dalès.

Une blessure lors d’un meeting en Belgique en 2018 l’oblige à prendre ses distances avec le tartan. Le diagnostic est sérieux : rupture des ligaments croisés droits (après le genou gauche en 2010). Son sponsor de l’époque l’abandonne. Pour elle, tout s’écroule. Elle entre en convalescence au CERS (Centre européen de rééducation du sportif) de Capbreton, dans les Landes. Elle fait des séjours de trois ou quatre semaines dans le Sud-Ouest, tout en gardant un lien avec l’INSEP et notamment avec Anne-Laure Morigny, sa préparatrice physique chargée de sa réathlétisation. Pendant de longs mois, Maëva alterne entre son rétablissement physique et ses études pour devenir podologue. Une fois remise sur pied, l’athlète reprend le chemin de la compétition, mais nous sommes en 2020 et le confinement vient chambouler ses plans. Elle fait le choix de se confiner dans les Landes, département qu’elle n’a plus jamais quitté. 

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Maeva Danois avec le maillot de l’équipe de France lors des championnats d’Europe d’athlétisme (sur 3000 m steeple) 2017 à Lille – Photo : Dave Winter / Icon Sport

Maëva Danois a fait le deuil du 3000 m steeple et s’est installé avec Thibaut, son conjoint, kinésithérapeute, qu’elle a rencontré lors de son séjour au CERS. Désormais Installée dans son cabinet à Saint-Martin-de-Seignanx, la podologue profite de la flexibilité de son emploi du temps pour troquer sa blouse contre ses chaussures de trail et avaler du dénivelé. La Rhune est devenue son repère, son terrain de jeu, sa montagne, mais hors de question d’emprunter le touristique petit « Train de la Rhune », c’est évidemment en courant qu’elle rejoint le sommet plusieurs fois par semaine. Elle a trouvé sa liberté dans le trail en gardant du steeple ses capacités de relance. Les côtes ont simplement remplacé les grandes barrières fixes.

« Le Marathon du Mont-Blanc a changé ma vie »

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Maëva Danois lors du Marathon du Mont-Blanc qui a lancé sa carrière d’athlète de trail – Photo : The Adventure Bakery

C’est en 2022 que la jeune traileuse se lance réellement avec un premier gros objectif sur les sentiers. Elle s’attaque à l’épreuve française du circuit mondial des Golden Trail Series : le Marathon du Mont-Blanc (42 km, 2700 m D+). Une course mythique dans un lieu symbolique pour elle, puisque le plus haut massif des Alpes est, depuis toujours, cher à la famille Danois. C’est Vincent Viet, alors responsable sport marketing chez Polar (il est aujourd’hui team manager de l’équipe internationale Salomon) qui lui offre un dossard. « À ce moment-là, je ne réalisais pas qu’un maratrail ce n’est pas tout à fait plat. » Sur la ligne de départ, Maëva se retrouve dans le sas élite, candide, mais prête à en découdre. Sans le savoir, ce dossard va changer sa vie…

Car cette course permet à sa carrière d’athlète de rebondir puisqu’elle entre dans le top 20 (19e) sur cette épreuve relevée. Elle se sent propulsée vers le monde du trail et les manches des Golden Trail Series. « Le Marathon du Mont-Blanc 2022 a été le début d’un traquenard, un trailnard », ponctue-t-elle en riant. La soif des objectifs est revenue et, avec elle, l’envie de s’améliorer et de se dépasser de nouveau. Persuadée que « lorsqu’on prend du plaisir, on peut y arriver », elle continue de s’entraîner aux côtés de son coach Julien Dalès, et ce, depuis mai 2022. Quand il repense à cette course, il estime qu’il fallait être un peu allumée pour se lancer un tel défi. 

Après la course sur piste, la course sur route ou encore le duathlon (course à pied, cyclisme, course à pied), c’est la course en sentier qui la passionne désormais. Elle en parle comme une histoire d’amour : « c’est cette danse entre les éléments en descente, cette communion avec la nature, ce lâcher-prise dans les sentiers, ces émotions de dingue sur les courses, cette sensation de liberté… ».

Impossible de choisir entre D+ ou D-, ce qu’elle aime, c’est le dénivelé sur toutes ses coutures, le comparant à sa vie avec ses hauts et ses bas. Le dénivelé positif lui rappelle la confrontation à la douleur, à ces moments où elle se parle à elle-même pour avancer malgré le goût du sang dans la bouche à l’effort. Le dénivelé négatif, c’est lorsqu’elle ne maîtrise plus rien, les yeux qui ne regardent plus le chrono, quand elle a la sensation de s’envoler… 

Maëva Danois la traileuse, en pleine ascension

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Maëva Danois a remporté le 2 x 40 km de l’Euskal Trail au Pays basque en duo mixte avec son ami Marc Prévot – Photo : Pierre Ezcurra

Depuis 2022, l’athlète du team Asics ne cesse de progresser sur les formats courts avec notamment cette quatrième place lors des championnats de France de trail (21 km, 950 m D+) le 7 avril dernier dans la Drôme. Maëva termine en 1 h 46 min 50 s derrière Julie Lelong (1 h 42 min 08 s), Émilie Menuet (1 h 43 m 41 s) et Anaïs Guillot (1 h 43 min 45 s). Cette place au pied de la boîte aiguise sa faim, comme elle dit, et témoigne d’une réelle progression, passant d’un top 30 en 2023 au Trail de la Cité de Pierres à un top 5 cette année à Buis-les-Baronnies.

Lors des championnats de France de course en montagne (14 km, 900 m D+) à Briançon, le 28 avril dernier, Maëva Danois termine 12e en 1 h 21 min 58 s, à cinq minutes de Nélie Clément, la jeune championne de France de seulement 21 ans. À chaud, sa satisfaction due à ses progrès s’est entremêlée à de la frustration de ne pas être parvenue à signer un autre top 5.

La victoire à l’Euskal Trail le week-end du 10 mai, avec un bloc de 80 km en deux jours, était une étape vers des épreuves de type maratrail. Mais elle souhaite garder à son programme des formats courts qu’elle affectionne particulièrement. « J’aime les formats explosifs, j’aime courir d’un point A à un point B à bloc », commente-t-elle.

Le 9 juin prochain, elle prendra le départ de la Comblorane à Combloux (42 km pour 2300 m D+). Quitte à être sur place et afin de profiter du Mont-Blanc, Maëva souhaite se lancer un défi : faire le tour du massif à vélo de route, en autonomie totale, soit une boucle de 340 km pour 10 000 m D+ en moins de 24 heures à traves la France, l’Italie et la Suisse. Elle avait déjà réalisé la traversée des Pyrénées en 2022 et le vélo fait partie de son quotidien puisque c’est l’un de ses moyens de déplacements privilégiés, notamment pour aller au travail. Elle roule 90 km en moyenne par semaine durant toute l’année. 

« Maëva est toujours très enthousiaste, elle est partante pour tout, se félicite son coach. Il faut parfois canaliser tout ça d’ailleurs, mais je préfère la canaliser que (de devoir la) motiver. »

L’athlète parle souvent de son « grain de folie » qui anime sa passion, qui la fait vibrer et vivre de belles émotions. Ses proches ne diront pas le contraire. Interrogée sur sa jeune co-équipière au sein du team Asics, Sylvaine Cussot s’attarde sur sa joie de vivre, son côté pétillant, généreux, mais surtout passionné. « Elle a un côté fofolle, mais à côté de ça, c’est une vraie compétitrice », la décrit-elle avec affection.

Dorian Louvet, ancien camarade sur 3000 m steeple et désormais lui aussi athlète de l’équipementier japonais, la connaît depuis plus de 15 ans. Ils sont amis et complices depuis l’adolescence. « La folie qu’elle a, c’est de se dire que tout est possible, et c’est ça qui lui permet de décrocher des résultats incroyables », assure-t-il. Le néo-traileur parle aussi de sa résilience teintée d’un vrai côté guerrière. « Elle sait ce qu’elle veut, c’est une bosseuse. »

Cet été, Maëva ira dans les Pyrénées espagnoles du côté du Val d’Aran by UTMB en juillet pour s’aligner sur le 32 km et 2100 m D+ et elle participera fin septembre à la 10e et dernière édition de la mythique Skyrhune, sa course de cœur (21 km, 1700 m D+). « C’est la course locale avec toute la splendeur du Pays basque, c’est un peu comme mon jouet », dit-elle. Cette édition promet donc d’être particulièrement émouvante.

En 2023, elle avait abandonné après le premier ravito, au niveau du km 10, pour cause de blessure : rupture du ligament de la cheville droite. Cette année, Maëva se promet d’être à bloc pour prendre sa revanche. 

Pour clôturer l’année, elle passera sur la route pour le rapide Marathon de Valence (1er décembre 2024), son troisième marathon à vie. « J’ai trouvé dans le trail une bulle d’énergie trop puissante, mais j’aime toujours autant le plat et la vitesse avec mon métronome intérieur », explique-t-elle, heureuse à l’avance de cette saison forcément épanouissante.

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Maëva Danois sur les sentiers basques de l’Euskal Trail – Photo : Pierre Ezcurra

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