Stéphane Poulin et Vincent Houle, juste avant le départ du Tor des Géants 2017
Après la Diagonale des fous, l’automne dernier, Vincent Houle et Stéphane Poulin affrontent cette semaine le Tor des Géants, dans les Alpes italiennes, 330 km pour 24 000 m de dénivelé à parcourir en moins de 150 h. Ils estiment que ce sera « un accomplissement sportif » soldant des années de préparation.
« On est pas mal plus fébriles qu’avant la Diagonale », ont confié les deux amis à Distances+ juste avant le départ, dimanche.
La Vallée d’Aoste, où est organisée cet ultra-trail hors norme, est entourée des montagnes les plus hautes d’Europe, telles que le Mont-Blanc (4810 m), le Mont-Cervin (4478 m), le Mont-Rose (4634 m) et le Grand-Paradis (4061 m). Vincent et Stéphane vont donc profiter de paysages grandioses, mais ils devraient aussi en prendre plein les jambes. S’ils ont travaillé le dénivelé, ils ne peuvent pas s’empêcher de craindre l’altitude, à laquelle ils ne sont pas habitués.
« On va rester très haut durant toute la course, pas seulement sur ces quatre cols à plus de 3000 m, mais ça ne nous fera pas arrêter pour autant », a précisé Stéphane, qui nous est apparu super motivé au téléphone.
À chaque course, Vincent s’enthousiasme des sommets. Sur le Tor, il sera gâté. « C’était déjà impressionnant au Portugal avec de gros à-pics (il a couru l’Ultra-Trail de l’île de Madère au printemps), mais là, d’après moi, ils aiguisent les montagnes. Il n’y en a pas une seule de ronde. Ça me fait peur. Pour moi, c’est une grosse bête. On s’enligne quand même pour cinq ou six jours de course. »
« Moi, pas du tout », a rebondi avec le sourire dans la voix son camarade, qui a couru déjà cette année le 165 km du Mont-Albert et qui est inscrit au 165 km de Bromont Ultra à la fin de la saison. Sans compter l’Ironman du Mont-Tremblant que Stéphane a bouclé avec succès en guise d’ultime préparation au Tor des Géants.
Toutou porte-bonheur
Ce qui a marqué le duo, peu de temps après son arrivée à Courmayeur, c’est le matériel obligatoire que les participants n’ont pas le choix de transporter dans leur sac à dos. « Ils sont énormes! Ils pèsent entre 15 et 20 lbs », s’est esclaffé Vincent Houle, soulignant que les organisateurs ne plaisantaient pas avec la sécurité. « Ils vérifient que l’on respecte les règles. On doit chacun tirer au sort trois coupons et présenter le matériel indiqué sur ces coupons » pour être autorisé à prendre le départ.
Pour l’anecdote, le grand et imposant athlète qui multiplie les performances en dépit d’un corps plein de pièces métalliques nous a raconté qu’il y avait tellement de choses à emporter sur les chemins de montagne qu’il avait dû enlever un manteau de son sac pour parvenir à y glisser un objet précieux à ses yeux. « C’est un toutou. Je l’emmène partout. On me l’a offert à l’hôpital en Thaïlande. Il me rappelle ce que j’ai vécu de pire dans ma vie. Et ça fait du bien de s’en souvenir dans les moments difficiles. C’est une force. »
Finir avec le sourire
« Ce qu’on veut, tous les deux, c’est finir avec le sourire », ont répété plusieurs fois les deux athlètes, « mais je ne suis pas gêné de dire que je veux faire le meilleur temps possible, a ponctué Stéphane Poulin. Il n’est pas question de marcher pour être sûr de se rendre au bout quoi qu’il arrive. On veut courir partout ou ce sera faisable. N’oublions pas que 50 % des coureurs ne finissent pas le Tor. »
« Je suis d’accord avec ça, abonde Vincent Houle. Je suis venu pour réaliser le Tor et comme d’habitude, l’abandon n’est pas une option! »
Après le Tor des Géants, les deux coureurs québécois ont conscience qu’ils devront composer avec un sentiment de vide. Quel défi personnel se fixe-t-on quand on est déjà allé si haut?
Stéphane Poulin a déjà un coup d’avance. Il espère être sélectionné l’été prochain pour prendre le départ de l’UTMB à Chamonix. Ce sera son nouvel objectif ultime.
Quant à Vincent, il veut prendre un peu de temps pour lui, mais il semble très tenté de renouveler l’expérience à Madère, et il compte bien emmener Stéphane.
Et puis, ils songent aussi à faire des courses chez eux au Québec.
À noter que Jessy Forgues, qui devait participer, a finalement dû renoncer pour des raisons logistiques et personnelles.