Stevie Kremer : la championne au sourire d’ange

Stevie Kremer – Photo : Chris Segal

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Bien connue pour son sourire lumineux, ses boucles d’oreille en perles et son air amical, Stevie Kremer est loin d’être une douceur quand vient le temps de se mesurer sur une course en sentier. Cumulant des exploits aussi impressionnants que le titre de championne du monde de la Skyrunner World Series, en 2013 et 2014, et championne du Marathon du Mont-Blanc en 2013, l’athlète du Colorado est une véritable brute de course en montagnes. 

Distances + a eu l’occasion d’échanger avec cette athlète de haut niveau au sujet de sa carrière et de sa vision de la course en sentier.

Une passion découverte tardivement

« Je n’étais pas une coureuse quand j’étais jeune », confie Stevie Kremer, alors qu’elle prend une pause de quelques minutes sur son heure de dîner d’enseignante au niveau primaire. « Je jouais au golf, au tennis et au soccer et la course représentait seulement un moyen pour moi de garder la forme pour pratiquer ces autres sports. Je ne voyais pas la course comme une compétition en soi. »

Cette perception a cependant changé il y a environ huit ans, quelques années après son déménagement à Crested Butte. Le petit village « carte postale » jouxte les montagnes rocheuses du Colorado, près d’Aspen. Celle qui est née en Allemagne, mais qui a grandi au Connecticut, s’est alors mise à courir dans les chemins des montagnes environnantes « pour faire de l’exercice ».

Elle s’est rapidement prise au jeu. « J’ai trouvé des chemins qui se rendaient aux sommets des montagnes et j’ai commencé à découvrir l’amour des sentiers », dit-elle.

C’est lorsque des amis l’ont convaincue de participer à une course officielle de 11 miles (18 km) sur des sentiers très techniques que le déclic a été irréversible. Dans un article sur le blogue Sisu Girls, elle explique qu’elle était « dead last » à l’arrivée de cette première course. Le plaisir de courir avec une amie et l’ampleur du sentiment d’accomplissement étaient cependant tel, qu’une passion était née.

Après plusieurs excellents résultats sur des courses au Colorado, elle est invitée à sa première course de calibre international en Europe, en août 2012 : la Sierre-Zinal Mountain Race. Cet événement, considéré comme l’une des plus belles courses de montagne du monde, vient d’ailleurs d’intégrer le Golden Trail Series de Salomon.

« C’est la course dont je garde le souvenir le plus significatif. J’ai été bien meilleure que je ne l’espérais. Mes parents étaient là. C’était incroyable », se remémore-t-elle. Elle a alors remporté la deuxième place sur ce parcours très exigeant de 31 km, aussi appelé la « Course des cinq 4000 ».

Une préférence pour les distances marathon

Malgré sa progression fulgurante et la popularité grandissante des ultramarathons, Stevie nous confie préférer les distances de type marathon. Elle détient le deuxième rang mondial de l’ITRA sur les courses de moins de 42 km et le troisième rang sur les courses de 42 km à 69 km.

« Je n’ai absolument, mais absolument aucun intérêt pour les ultramarathons de très longue distance, du moins pour le moment ». Sa course préférée demeure ainsi le Marathon du Mont-Blanc, « parce que ça ne descend pas beaucoup et tu peux courir sans arrêt », explique la coureuse qui déteste les descentes trop techniques, mais se démarque particulièrement dans les montées abruptes.

Stevie Kremer pratiquant le Skimo
Stevie Kremer pratiquant le Skimo – Photo : courtoisie

En hiver, la coureuse remise ses souliers pour le skimo, un sport qui consiste à grimper une montagne avec ses skis, auxquels on ajoute les peaux, puis de la redescendre en ski alpin. La discipline est bien populaire chez de nombreux athlètes élite tels que Kilian Jornet, Emelie Forsberg, Anton Krupicka, Dakota Jones et Rob Krar. Stevie a terminé l’année 2012 au 3e rang de cette discipline en Amérique du Nord. Rien de moins.

L’importance d’une vie équilibrée

La jeune enseignante insiste sur le fait que l’équilibre est une clé fondamentale de son mode de vie. « C’est important pour moi d’avoir un travail à temps plein et d’entretenir des relations d’amitié, pour être certaine de ne pas me centrer seulement sur la course. Il y a d’autres choses importantes dans la vie », considère la coureuse de 34 ans, qui souhaite fonder une famille « bientôt si possible ».

Se levant à 5 h du matin pour aller courir avant d’aller travailler, elle y retourne parfois le soir. « Je m’entraîne essentiellement seule, pour des questions très simples de coordination d’horaires ». Il faut également dire que dans son village de 2000 âmes, les coureurs ne sont pas nombreux. « Mais j’adore courir avec des amis et on essaie de sortir ensemble une à deux fois semaine. »

Trouver de nouveaux sentiers, varier les courses et les défis, c’est un enjeu important pour Stevie, « pour garder la passion toujours fraîche ». L’athlète n’a pas encore décidé de ses plans pour 2018, mais elle espère pouvoir continuer à progresser. « Il y a tellement de sentiers. Ultimement, j’aimerais pouvoir avoir couru sur tous les continents, incluant l’Antarctique », conclut-elle.