Stéphanie Simpson : « je suis toujours heureuse quand je vois des femmes performer »

Stéphanie Simpson
Stéphanie Simpson et son conjoint Maxime Tardif ont parcouru la Traversée de Charlevoix cet été avec leurs trois enfants de 6, 8 et 11 ans - Photo : courtoisie
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En octobre 2020, l’ultra-marathonienne montréalaise Stéphanie Simpson a remporté, devant tous les hommes, le championnat canadien du Big Dog’s Backyard Ultra en Colombie-Britannique. Elle a couru 43 tours (6,7 km le tour) en 43 heures, soit 288 km. C’est donc en favorite qu’elle prendra le départ ce samedi matin à 8 h du Big Wolf’s Backyard, près de Rivière-du-Loup.

Avant de s’élancer sur cette épreuve dont on ne sait pas quand elle se terminera, Stéphanie a parcouru les 105 km de la Traversée de Charlevoix en famille, avec trois enfants de 6, 8 et 11 ans. Elle a pris le temps de répondre aux questions de Distances+ dans la foulée.

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Distances+ : Avec du recul, comment as-tu vécu ton année 2020 et la première moitié de cette année 2021?

Stéphanie Simpson : Pour moi, l’année 2020 fut très révélatrice. Face à la pandémie et à l’annulation des courses prévues, je me suis rapidement tournée vers des courses ou des défis virtuels.  En mode virtuel, j’ai participé à deux « backyards », j’ai fait le défi inspiré de David Goggins (4 miles aux 4 heures, pendant 48 heures) et j’ai participé à la Great Virtuel Road Race Across Tennesse (1000 km en 4 mois).  Bref, la motivation était au rendez-vous et j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à réaliser ces défis.

Il y a quelques semaines, j’ai tenté de briser le record canadien sur 100 miles sur piste.  Malheureusement, ça n’a pas été ma journée, mais je reste convaincue que je peux y arriver.  J’aimerais tenter ma chance à nouveau dans les prochains mois.  C’est peut-être « ambitieux », mais « qui ne risque rien n’a rien »!

Stéphanie Simpson
Stéphanie Simpson, lors de sa tentative de record canadien du 100 miles sur piste – Photo : Stéphane Ouellette

Qu’est-ce que tu retiendras de cette période insolite?

La pandémie m’aura permis d’apprendre à mieux me connaître comme coureuse et à plus me faire confiance.  Maintenant, j’ai comme l’impression que rien n’est impossible et qu’il suffit d’y croire!

Tu as réalisé plusieurs performances en ultra-endurance qui font de toi une athlète d’exception au Québec. Parmi tes exploits, quels sont ceux qui te font frissonner encore aujourd’hui? 

Je dirais qu’il s’agit de mon titre de championne canadienne au Big’s Dog Backyard Ultra 2020. Une course où j’ai dû me déplacer en mode Covid à Kelowna, où je n’avais pas de crew et définitivement pas assez de vêtements et d’équipement pour courir pendant 43 heures.  J’ai dû faire place à beaucoup de créativité pour réussir à me rendre aussi loin.  Le truc, c’est de simplement ne jamais cesser de croire que c’est possible.  Ça s’applique à n’importe quoi dans la vie.


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Tu seras au départ du Big Wolf’s Backyard à Rivière-du-Loup dans quelques jours. Après ton coup d’éclat l’an dernier au Big Dog’s Backyard Ultra dans l’équipe du Canada, tu seras très attendue. Comment abordes-tu cette épreuve?

Pour la Big’s Wolf Backyard, c’est certain que l’expérience devient un avantage. Aussi, les gens ont tendance à sous-estimer la difficulté de ce format de course. Tu ne peux te permettre aucune mauvaise boucle, contrairement à un ultra où prendre une longue pause à un ravitaillement peut faire toute la différence sur le restant de la course.

Comme Laz (Lazarus Lake, le fondateur de la Barkley) le dit si bien : « It’s easy, until it isn’t ». Je crois que ça reflète très bien les backyards. Ce week-end, j’aimerais motiver les autres coureurs à se rendre le plus loin possible.  Si je peux pousser quelques coureurs à faire encore « one more loop », j’aurais le sentiment d’avoir accompli quelque chose de WOW, et ce, à travers ma propre course. Dans ce format de course, tu as aussi besoin des autres, sinon la course se termine rapidement.  Tu as besoin d’au moins un allié pour te rendre loin.

Qu’est-ce qui t’attire dans ce genre d’épreuves et qu’est-ce qui fait ta force?

Ce qui m’attire dans les épreuves d’endurance, c’est de démontrer que nous sommes TOUS capables de plus qu’on le pense.

Ce qui fait ma force, c’est mon mental. À la base, je suis une personne relativement calme et difficile à déstabiliser, ce qui devient un avantage quand les événements ne tournent pas comme prévu.  Savoir s’adapter rapidement et être constamment en mode solution sont des éléments essentiels dans les courses d’endurance, tout comme dans les épreuves plus difficiles de la vie en générale.  Si nous sommes persuadés qu’une journée va mal se passer, elle le deviendra à coup sûr. C’est un peu la même chose dans une épreuve d’endurance. S’alimenter de pensées positives à un gros impact sur la tournure des évènements puisque nous modelons la suite de l’histoire par nos pensées.  Je dis souvent qu’on fait notre propre chance!

Tu viens de faire la Traversée de Charlevoix en famille avec ton conjoint, Maxime Tardif, et vos trois enfants (Charles 6 ans, Luca 8 ans et Lola 11 ans), soit 105 km et plus de 3000 m de D+ en 7 jours, 6 nuits. Raconte-nous cette belle aventure! Est-ce que tout s’est passé comme prévu? En sachant que c’était évidemment une grande première pour les petits…

C’est Maxime qui a proposé ce défi familial pour nos vacances, ce qui s’est avéré être nos meilleures vacances! Tant qu’à ne rien faire comme les autres, pourquoi ne pas se lancer dans quelque chose d’ambitieux et hors de l’ordinaire.

La force de résilience des enfants a été incroyable. Ç’a été au-delà de nos attentes. Ils nous ont grandement impressionnés.  Beaucoup de personnes étaient septiques que nous allions arriver au mont Grand-Fonds comme prévu, ce qui motivait les enfants à montrer qu’ils étaient capables eux aussi de réaliser des grandes choses. Mis à part quelques baisses d’énergie vites résolues avec des collations magiques, devoir chanter des chansons à répétition et jouer à des jeux d’agents secrets, les trois enfants n’ont jamais abordé l’idée d’abandonner ou mentionnés que c’était trop difficile pour eux. Ils ont géré ça comme des pros.

Je crois que ce genre de périple en famille demande une grande complicité.  Si l’un d’entre nous n’arrivait plus à avancer, c’était la fin pour tout le monde. L’adage « une chaîne est aussi solide que le maillon le plus faible » reflète bien la réalité de ce type d’aventure.  Si l’un(e) de nous ne pouvait plus continuer pour une raison ou une autre, c’était la fin pour tout le monde.

L’arrivée au mont Grand-Fonds a été très émotive. Les yeux des enfants brillaient. On pouvait y voir une grande fierté. Et puis, à ma grande surprise, Maxime a profité de l’occasion pour me faire une demande en mariage. Disons qu’il n’aurait pas pu choisir un meilleur moment!

Stéphanie Simpson
Lola (11 ans), Luca (8 ans) et Charles (6 ans) ont fait les 105 km de la Traversée de Charlevoix – Photo : courtoisie

Distances+ a le plaisir de mettre régulièrement en avant les athlètes féminines qui se distinguent dans le trail running et tout particulièrement en ultra-endurance où la différence entre les hommes et les femmes tend à se dissiper. Tu as pu le constater personnellement. À quoi est-ce dû selon toi? Et est-ce que c’est un sujet pour toi?

Je crois que plus la distance s’allonge, plus les femmes ont des chances de battre les hommes. À la base, je prône que nous sommes TOUS capables de plus qu’on le pense, et ce, peu importe si nous sommes une femme ou un homme. D’un autre côté, je suis toujours heureuse quand je vois des femmes performer. Ça montre à la prochaine génération qu’il suffit d’y croire. J’aime répéter à mes enfants qu’ils peuvent être n’importe quoi dans la vie, il suffit d’y croire. Bon, l’un d’eux m’a dit vouloir être un oiseau l’autre jour…ah ah ah


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À quoi devrait ressembler la suite de ton année, voire tes prochaines années sportivement parlant?

Après la Big’s Wolf Backyard, je vais consacrer plus de temps à la course en sentier. Je veux être prête pour le 125 km d’Harricana et le brutal 50 km de la Barkley Fall Classic.  Comme j’ai un Golden Ticket pour la Big’s Dog Backyard, je vais également être à la ligne de départ de cette course.  Pour moi, avoir la chance de participer à cette épreuve de Laz au Tennessee, avec les meilleurs au monde (dans ce format de course) demeure plus qu’un privilège.

Faut croire que les rêves peuvent devenir réalité! Pour les prochaines années, je souhaite participer à Badwater et peut-être…à la Barkley! Qui sait? Parce que j’aime tout ce qui sort de l’ordinaire, tout ce qui est un peu impossible!