Le « bel équilibre de vie » de la championne Sarah Bergeron-Larouche

Sarah Bergeron-Larouche
Sarah Bergeron-Larouche - Photo : courtoisie
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La pandémie a chamboulé nos vies. Les athlètes ont dû s’adapter à l’annulation ou au report de la plupart des compétitions de trail dans le monde. Ils ont dû réviser leurs objectifs et adapter leur entraînement. En ce début d’année 2021, Distances+ a demandé à plusieurs coureurs inspirants de raconter comment ils vivent cette période inédite.

La championne québécoise Sarah Bergeron-Larouche est une athlète d’exception. Troisième Canadienne au classement ITRA sur les courses qui se gagnent entre 5 et 8 heures, elle est montée systématiquement sur la plus haute de marche du podium des trails auxquels elle a participé au Québec depuis 2014. En 2020, elle a pris le départ du 65 km de l’Ultra-Trail Harricana et a survolé la course de bout en bout, s’emparant à l’arrivée du record de l’épreuve (6 h 04).

Elle brille aussi sur un vélo, en course de raquettes ou en ski de fond.

Compétitrice acharnée et vaillante, elle nous raconte qu’elle a malgré tout trouvé son équilibre durant cette insolite année 2020.

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Sarah Bergeron-Larouche – Photo : UTHC

Distances+ : Avec du recul, comment as-tu vécu ton année 2020?

Sarah Bergeron-Larouche : Quand j’ai vu que toutes les courses et les voyages devaient être annulés, j’ai choisi de consacrer davantage de temps à ma pratique en tant que chiropraticienne. Je n’ai jamais diminué l’entraînement, j’ai simplement optimisé encore plus mes journées. Je suis chanceuse d’avoir mon conjoint qui me supporte et qui m’encourage au quotidien, il m’aide à garder le rythme. Je me considère extrêmement privilégiée d’être en forme et en santé en temps de pandémie, tout comme mes proches également. 

J’ai complété de bons blocs d’entraînements, combinés à des défis personnels. Étant donné que les courses ne s’enchaînaient pas l’une après l’autre, j’ai pu compléter des micro et des mésocycles assez intenses, récupérer et ainsi créer de véritables gains. Il n’y avait pas de soucis de blessures ou de sur-fatigue. Je crois que pour la majorité des athlètes, l’année 2020 a été une opportunité pour prendre du recul, mieux définir leurs objectifs, pour certains se remettre d’une blessure sans pression et ainsi optimiser leur entraînement.

Sarah Bergeron-Larouche
Sarah Bergeron-Larouche est aussi très à l’aise sur un vélo – Photo : courtoisie

Quels défis personnels as-tu menés à bien?

J’ai réalisé un demi-everesting (4654 m D+) et Alister Gardner m’a plus tard fait remarquer que j’avais battu le record du monde féminin (6 h 54 min 16 s). Je ne le savais pas.

Un défi « bike hike » au cours duquel j’ai connecté les stations Stoneham, le Relais et Mont-Sainte-Anne en vélo et grimpé les montagnes à pied (154 km, 2500 m D+).

J’ai remporté le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC) en septembre.

J’ai participé avec deux autres filles, les athlètes Lyne Bessette et Isabelle Bernier, au Défi relais Desjardins Memphrémagog (123 km sur les routes et les pistes cyclables qui entourent le lac Memphrémagog au Canada et aux États-Unis au profit d’une fondation qui soutient financièrement la persévérance et la réussite scolaire.

J’ai fait de multiples essais au courant de l’été pour remporter le segment Strava Canada (26 km, 1600 m D+) qualificatif pour le Golden Trail Championship à Tremblant, mais mon GPS a « mouru » à mon dernier essai. Salomon Canada m’a offert la possibilité d’y participer quand même, mais comme les Canadiens ne pouvaient plus voyager en Europe, j’ai préféré annuler mon voyage aux Açores.

Et je continue en 2021 avec notamment un 100 km en ski de fond (2000 m D+) en 7 h 12.

Sarah Bergeron-Larouche
Sarah Bergeron-Larouche lors de son demi-everesting – Photo : courtoisie

Que retiendras-tu et quels enseignements as-tu tiré de cette période insolite?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette période insolite m’a confirmé que j’aime le monde et que j’ai besoin de me sentir utile dans la civilisation. Parfois, la vie d’athlète me fait me sentir coupable, car il faut être centré sur soi-même pour être performant. Cela va sans dire que j’adore m’entraîner et que j’ai continuellement besoin de me surpasser. Par contre, je me sens parfois égoïste au bout de toutes ces heures d’entraînements. Avec mon métier (chiropraticienne), je vis l’antithèse de cela, car j’ai réellement le sentiment d’aider les autres et d’être altruiste. Ainsi, je trouve présentement un bel équilibre entre ces deux sphères de ma vie. 

Par ailleurs, j’entraîne aussi quelques athlètes. Ils sont ma motivation extrinsèque. C’est tellement inspirant de partager une passion, c’est l’effet boule de neige. 

Qu’est-ce que la pandémie et ses conséquences ont eu comme impact sur ta « carrière » de coureuse?

Évidemment, j’ai d’abord été déçue lorsque j’ai dû annuler des voyages prévus pour des courses. Cependant, la pandémie m’a fait réaliser que je n’ai pas besoin de compétitions pour m’entraîner fort. Au plein milieu de l’été, quand la majorité des athlètes se cherchait des courses virtuelles pour garder leur motivation, je me suis questionnée. Pour moi, cet arrêt soudain n’a rien changé à ma motivation pour l’entraînement et je ne comprenais pas pourquoi. Sans course, qu’est-ce qui me poussait à poursuivre aussi intensément sinon plus ? 

J’ai compris que j’ai une motivation intrinsèque pour mon sport qui s’autodétermine par un goût du dépassement infini et inconditionnel. Je me suis confirmé que peu importe les circonstances, je serai toujours active physiquement. Évidemment, je vieillis et ma carrière de haut niveau a une date de péremption, mais je sais que je n’ai pas besoin de rêver de médailles ni de grandes courses, puisqu’elles sont là en suspens et ça me plaît autant lorsque je cours et j’ai autant envie de souffrir lors des séances plus intenses. 

Sarah Bergeron-Larouche
Sarah Bergeron-Larouche lors du Pentathlon des neiges 2020 – Photo : Pentathlon des neiges

Comment appréhendes-tu cette saison 2021? À quoi, au moment où l’on se parle, devrait-elle ressembler?

Je ne planifie rien jusqu’à nouvel ordre. La saison 2021 sera probablement une saison locale et non internationale. Avec mon métier et les risques sous-jacents, je ne peux pas me permettre de voyager. Vous me verrez certainement réaliser des défis personnels, participer au Québec Méga Trail, à l’UTHC et autres courses locales, mais je ne dévoile rien pour l’instant tant qu’on ne sait pas où l’on se situe par rapport à la pandémie.



 

 

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