Un texte écrit en collaboration avec Vincent Champagne
Inscrite pour courir le 100 km de l’Annapurna 100 ce week-end au Népal, l’athlète et entraîneure de Québec Renée Hamel hésitait à prendre le départ de ce long format. Après s’être décidée pour le marathon, elle a maintenu son choix de pousser ses limites sur l’ultra, après avoir fait une bonne reconnaissance du parcours. Au cours de l’épreuve, elle pourra côtoyer certains des plus grands coureurs de la planète.
Le marathon de l’Annapurna est la dernière compétition de la saison de la Golden Trail Serie, qui comprend entre autres le Marathon du Mont-Blanc, la Sierre-Zinal et la Pikes Peak Marathon. C’est au Népal que se joue la grande finale, avec la présence remarquée de Kilian Jornet, qui a explosé la Sierre-Zinal et la Pikes Peak cet été, ou encore de Maude Mathys et Ruth Croft, deuxième et troisième meilleures coureuses féminines au monde selon le classement de l’ITRA.
Stress sur le parcours
Lorsqu’elle s’est inscrite à la course de 100 km, l’été dernier, Renée estimait que l’épreuve serait un beau défi à relever pendant ses vacances. Ayant déjà voyagé au Népal en mode randonnée, elle se retrouverait en terrain connu.
Renée est arrivée dans la région deux semaines avant l’événement afin de s’acclimater à l’altitude (le trajet avoisine les 4000 m d’altitude par moment). Elle a choisi de faire une reconnaissance du parcours, sac au dos, en suivant le tracé sur le GPS de son téléphone.
La première section du parcours étant fréquentée par des groupes de randonneurs et leur guide, il était facile de rester sur le tracé. La deuxième section du parcours n’était pas encore balisée : Renée s’est écartée du parcours à quelques reprises.
Réveillée en pleine nuit au troisième jour, elle décide de faire une courte sortie pour vaincre une certaine crainte de la noirceur. Elle s’est retrouvée face à un troupeau de bœufs couchés au beau milieu de la rue, qu’elle a réussi à dépasser en slalomant.
Au cours de sa reconnaissance dans la partie « jungle » du parcours, elle rencontre un autre obstacle inattendu : les sangsues! Malgré deux paires de bas, elle passe deux heures en panique en raison des sangsues qui s’accrochent sur ses jambes, et même à l’intérieur de ses souliers.
« J’aime ça courir 20 ou 25 heures, pas de problème!, dit Renée. Je m’étais bien préparé cet été, en faisant le Québec Méga Trail et en doublant pratiquement ma distance d’entraînement. Mais là, c’est difficile de rester sur le bon parcours, il y a beaucoup d’orientation à faire, c’est limite dangereux! »
« J’ai calculé que j’allais arriver dans la partie jungle à la noirceur. Comme il n’y a que 70 participants sur le 100 km, c’est sûr que je vais courir seule [et avec les sangsues! NDLR]. Une partie de l’égo me dit : ˘Vas-y, t’es capable!˝, mais je n’ai pas payé pour vivre 100 km de stress. »
Pendant un moment, Renée s’est dit qu’elle n’aurait pas de plaisir à faire la course dans ces conditions. « Chacun a ses propres limites. Pour moi, les cinq jours de préparation avec la randonnée, c’est déjà un dépassement en soi. » Mais au final, elle a retrouvé confiance pour affronter les 100 km.
Le départ du marathon de l’Annapurna est donné à 6 h 40 heure locale vendredi matin (20 h 40 au Québec jeudi). Renée s’élancera quant à elle une heure plus tard sur le 100 km.
Outre les coureurs élites mentionnés plus tôt, on retrouve au départ le 5e et 6e meilleurs coureurs de trail au monde selon l’ITRA, le Norvégien Stian Angermund-Vik et l’Italien Davide Magnini. Chez les femmes, notons aussi la participation de la Suisse Judith Wyder (6e meilleure cote ITRA au monde) et de la Française Amandine Ferrato.