Rémi Poitras lors de l’Ultra-Trail Harricana 2017 – Photo : Thomas Berthelot
Après avoir remporté le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana en septembre dernier, Rémi Poitras a cumulé une seconde victoire au 80 km du Bromont Ultra, la fin de semaine du 7-8 octobre. Ce jeune athlète de 23 ans fait partie de cette nouvelle génération de coureurs qui envahissent les podiums. Distances+ fait un retour sur ses dernières victoires.
Une finale mémorable à l’Ultra-Trail Harricana
C’est un scénario imprévisible qui attendait Rémi lors de l’Ultra-Trail Harricana, où il a conquis la plus haute marche du podium ex aequo, main dans la main, avec le Français Kevin Vermeulen. « Je ne m’attendais pas vraiment à gagner. Il y avait Kevin qui était favori et je savais qu’il allait partir vite », explique Rémi, qui s’était tout de même déjà fait remarquer avec une deuxième position au SkyMarathon de l’Ultra-Trail du Mont-Albert, en juin dernier.
Kevin Vermeulen a pris la tête en début de course jusqu’au kilomètre 40 où Rémi l’a finalement rejoint. « On jouait au yo-yo. Alors on s’est dit : pourquoi on ne terminerait pas ensemble pour se motiver. On s’est encouragés. Je l’ai tiré pour la première montée et il m’a encouragé pour la seconde. On a terminé ensemble et nous avons fait un record de parcours », se souvient-il.
80 km du Bromont Ultra
Un mois plus tard, Rémi a de nouveau fait une excellente performance au Bromont Ultra. Malgré la présence d’autres bons coureurs, il a terminé en première place avec environ 12 minutes d’avance sur le second. « Je suis parti assez fort, mais je me suis égaré pendant quelques minutes. Ç’a joué sur mon moral et j’ai eu un petit « down ». Mais rendu autour du km 45, j’ai repris du poil de la bête. J’étais seul à la tête du peloton et j’ai été en mesure de terminer assez fort », raconte-t-il.
Il s’agissait de son second 80 km à vie, lui qui avait terminé second au 80 km de l’Ultra-Trail Harricana en 2016, tout juste derrière Mathieu Blanchard. Son objectif était de compléter le Bromont Ultra en huit heures. Il l’a plutôt terminé en 8 h 26 min mais n’en demeure pas moins très satisfait. « J’ai dû me raviser en cours de course avec les conditions, la pluie et le vent et le fait que je me suis perdu », explique-t-il.
Un coureur préparé
Pour optimiser ses chances de gagner, Rémi fait une planification détaillée de son alimentation. « J’étudie le parcours avant la course pour localiser les ravitos et estimer mon heure d’arrivée afin d’ingérer exactement le nombre de calories qu’il me faut. Tout est calculé à l’avance », précise-t-il.
Sa pratique assidue de la course à pied a débuté il y a trois ans. « Dans le passé, j’ai fait beaucoup de natation », dit-il. « Ça m’aide parce que j’avais déjà un bon cardio. Au début, je faisais surtout cross-country et de la course sur route. Il y a deux ans, je me suis lancé dans les sentiers ».
Il pratique encore la course sur route, notamment pour les intervalles. « Ça fait une différence quand tu arrives en sentier et que tu as l’expérience de la route. Tu as déjà le roulement, tu as déjà la vitesse. Moi, je suis d’avis que la course sur route c’est vraiment bénéfique pour la course en sentier. Il faut en faire de la route », affirme-t-il.
L’entraînement
Pour ce résident en médecine familiale, le principal obstacle à son entraînement demeure la rareté de ses temps libres. « Ça varie beaucoup, mais j’ai l’habitude de faire six sorties par semaine. Dans mes grosses semaines d’entraînement, ça m’arrive de faire deux sorties par jour, mais je n’ai pas le temps de faire du gros millage dans la semaine. En moyenne, j’arrive à faire entre 85 et 115 km par semaine. »
« Quand je suis en stage à Montréal, je m’entraine sur le mont Royal. Mais je suis localisé à Maria en Gaspésie, rattaché à l’unité de médecine familiale de la Baie-des-Chaleurs. Je profite du parc national de la Gaspésie et du mont Saint-Joseph qui est juste à côté de chez moi », explique le futur médecin.
Pratiquant un sport à un niveau élite, il est naturellement intéressé par la médecine sportive. « C’est sûr que ça m’intéresse », dit-il. « Plus tard, j’aimerais me bâtir une clientèle de ce genre vu que ça me touche beaucoup. »
Projets futurs
Même si rien n’est confirmé pour l’année prochaine, il a déjà quelques projets en tête. « Bear Mountain m’intéresse et l’Ultra-Trail du Mont-Albert : c’est tentant d’y retourner parce que les paysages sont tellement beaux. Même chose pour l’Ultra-Trail Harricana et Bromont qui sont des rendez-vous annuels. La communauté est tellement malade que c’est toujours le fun de participer ».
Il ne veut rien précipiter. Il désire plutôt augmenter graduellement ces distances. « Je veux rester un petit bout dans le 50 et le 80 km pour devenir un coureur plus rapide sur ces distances », prévient-il. « Mais je n’écarte pas la possibilité d’un 100 km l’année prochaine et peut-être même le 125 km d’Harricana. »