Philippe Courtillat – Photo : courtoisie
À l’âge où plusieurs ont rangé les chaussures depuis longtemps, Philippe Courtillat n’est pas prêt à s’arrêter de courir. Formateur en sécurité routière à la retraite vivant dans le sud de la France, il a déjà dans les pattes une vingtaine de courses importantes. Son objectif? La CCC de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en 2018. Distances+ s’est entretenu avec cet homme qui ne craint pas les 101 km et les quelques 6 100 m de dénivelé de cette épreuve.
Distances+ : Depuis quand pratiquez-vous la course en sentier?
Philippe Courtillat : Depuis 2009. Je m’étais rendu à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, comme simple touriste, et j’ai été ému par cette vision de tous les coureurs, le sourire aux lèvres, qui partageaient un moment fort, au départ et à l’arrivée. C’était formidable. J’ai donc décidé de me lancer dans l’aventure.
D+ : Par quelle grande course en sentier avez-vous commencé?
PC : Avant de me lancer dans les grandes courses, j’ai démarré par des 20 et 30 km autour d’Avignon, ma ville de résidence. Ensuite, je me suis essayé à ma première grande course, la CCC, mais c’était une erreur, car je n’étais pas prêt.
Je ne suis donc pas allé au bout de celle-ci. Par contre, j’ai pu aller au bout de l’OCC l’année suivante. Une course de 53 km, c’était plus réaliste pour moi, et quel plaisir ce fut de franchir la ligne d’arrivée! Depuis, j’ai fait de nombreuses courses de 50 km et plus, comme la Saint-Étienne–Lyon, ou les 50 km de l’Aubrac.
D+ : Qu’est-ce qui a fait que vous n’avez pu aller au bout de la CCC jusqu’à présent?
PC : Elle reste un objectif, c’est certain, mais les barrières horaires me posent problème. (Si le coureur ne respecte pas des objectifs minimums de temps à des points de passage précis, il est disqualifié, NDLR.) Il est possible que je rentre dans les temps sur la majeure partie de la course, mais lorsqu’il faut repartir tout de suite après pour respecter ces barrières, c’est difficile. C’est ce qui m’est arrivé pour la CCC en 2013. Mais j’ai le potentiel pour faire les 100 km.
D+ : Comment vous préparez-vous pour ce type de course?
PC : Pour la CCC, je faisais deux sorties d’une heure et une grande de trois à quatre heures au mont Ventoux chaque semaine. Je suis un peu trop gourmand. La diététique et les grandes distances, c’est compliqué. L’entraînement fractionné, j’ai essayé, mais désormais, je cours aux sensations. Je n’ai ni entraîneur ni club, parce qu’ils constitueraient pour moi des contraintes.
En ce moment, malgré la chaleur accablante dans le sud de la France, j’y vais quand même. J’ai monté le Ventoux il y a une quinzaine de jours. (Surnommé le Géant de Provence, le mont Ventoux, culminant à 1 911 m d’altitude, est le plus haut sommet du Vaucluse, département du sud de la France, NDLR.)
D+ : Des objectifs de temps?
PC : Je ne me fixe pas d’objectif en matière de temps. L’idée, désormais, c’est simplement d’arriver au bout, d’être bien dans le moment présent, et de finir en bon état. Et je ne me fixe pas d’objectif de distance au-delà de 100 km. 170 km, cela signifie déjà deux nuits sur la route, c’est trop.
D+ : Est-ce que votre médecin vous dit de ralentir le rythme?
PC : Cette année, j’ai dû mettre en veilleuse mes objectifs pour écouter mon corps. Un mal aux adducteurs vient souvent poindre et je dois m’arrêter, mes genoux coincent aussi un peu. Le médecin m’a dit de me mettre au vélo, mais cela ne me tente pas. J’ai fait du basketball pendant 20 ans, du tennis, puis redécouvert la course à pied à 59 ans; c’est mon sport désormais.
D+ : Une course qui vous fait rêver?
PC : Finir la CCC me fait rêver, et je pense toujours que c’est la plus belle des courses, quel décor de rêve! Mais des courses à l’étranger me plairaient aussi, comme la Diagonale des fous à la Réunion, par exemple, ce qui me permettrait de joindre l’utile à l’agréable. D’autres courses aussi m’attirent, dans les Dolomites ou au Népal, même si, à 5 000 m d’altitude, c’est un sacré défi.
D+ : Êtes-vous soutenu par la famille lors de vos courses?
PC : Bien sûr. Mon épouse me suit, ainsi qu’un ancien collègue avec qui je cours. Il a 15 ans de moins et il va donc un peu plus vite. Ma fille et mon gendre courent aussi.
D+ : Jusqu’à quel âge voulez-vous courir?
PC : Tant que j’ai la forme, je cours!