Photo prise lors de la course Moab 200 2017 – Photo : Courtoisie
Patrice Godin a l’habitude des défis de taille. C’est toutefois une grande déception qui l’attendait à la course Moab 200, un ultramarathon de 383 km qui avait lieu du 13 au 17 octobre dernier, en Utah. Ralenti par une blessure au tendon d’Achille, l’acteur bien connu pour ses prestations dans de populaires téléséries québécoises a déclaré forfait au 90e kilomètre.
Après quelques semaines de recul, il a accepté de partager son expérience avec Distances+.
Une course extrême
« J’ai trouvé ça rough, je ne m’attendais pas à ça », confie Patrice. « J’ai travaillé pas mal cet été et j’avais cette petite douleur au tendon. Je n’ai pas eu l’entraînement que j’aurais souhaité, mais j’avais quand même confiance. Peut-être trop d’ailleurs. Ça peut nous jouer des tours d’avoir trop confiance. »
La course de Moab 200 consiste en une grande boucle, avec plus de 8800 m de dénivelé positif, dans les déserts, canyons et terrains les plus majestueux, mais aussi les plus difficiles de l’Utah.
Fait surprenant : c’est une femme, Courtney Dauwalter, enseignante de sciences à Denver, qui a remporté l’épreuve, avec plus de 10 heures d’avance sur son plus proche concurrent, soit en un temps de 57 h 52.
Si le défi semble insurmontable pour le commun des coureurs, Patrice Godin ne doutait pas de ses capacités à le réaliser. Il est un habitué des très longues distances, participant notamment chaque année au 24 h pour la Fondation du Centre jeunesse de la Montérégie et au Pandora 24 à Prévost. L’an dernier, il avait aussi réussi avec une relative facilité le Big Foot 200, une course de 335 km dans l’état de Washington.
Un mental vulnérable
« La course avait bien commencé. Ça allait super bien, j’étais content. Mais à partir du 50e kilomètre, la douleur est apparue. C’est venu me jouer dans la tête beaucoup trop tôt », tente d’expliquer l’athlète. « Il faisait très chaud, mon sac d’hydratation était lourd et je me faisais beaucoup dépasser. Je me suis enfoncé dans la zone négative. Ça m’a drainé mentalement ».
« Il faut un mental en acier trempé pour faire de telles épreuves. Tu ne peux pas avoir la moindre faille », croit Patrice. « Mon expérience m’a rappelé que tu peux pas faire ça si tu n’es pas à ton 100%. »
Patrice n’en était pas à son premier abandon. En 2016, il avait également renoncé au statut de finisher lors du Bromont Ultra. Celui de Moab l’a frappé de plein fouet.
« Deux jours après la course, j’étais à l’aise avec ma décision, mais à partir du troisième jour, j’ai commencé à me morfondre. C’est juste une course et personne n’est en danger, mais l’orgueil en prend un coup. Ma famille et des amis me suivaient. J’avais l’impression de les avoir laissé tomber. »
Le temps limite de la course est fixé à 112 heures, soit quatre jours et 16 heures. Sur les 127 participants sur la ligne de départ, seule une vingtaine de coureurs ont abandonné. Aucune qualification, aucun point ni loterie n’est requis pour s’inscrire.
Moab 200 déjà dans la mire pour 2018
Retombant sur ses pattes, Patrice prévoit déjà son année de courses en fonction d’un retour au Moab 200. « Je sais ce que je n’ai pas fait et ce qu’il faut faire. Je vais régler mon différend avec cette course-là. »
Citant Rocky, Patrice Godin écrivait d’ailleurs dans une de ses publications Facebook au retour de sa course (en anglais dans la publication) : « [Ce n’est pas à quel point vous avez frappé fort… C’est à quel point vous pouvez vous faire frapper et continuer à avancer. C’est à propos de combien vous pouvez en prendre et continuer à aller de l’avant!]. Sérieusement, je me dis que ça pourrait être pire, je pourrais jouer pour le Canadien », concluait-il sur une note humoristique.