L’athlète montréalais Mathieu Blanchard a fait un top 10 vendredi sur la course CCC de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. La course de 101 km et de 6100 m D+ s’est élancée ce matin depuis Courmayeur, en Italie. Mathieu a mis 11 h 42 pour rallier Chamonix en dixième position, où Distances+ a recueilli ses premiers commentaires, quelques minutes après son arrivée.
Comment te sens-tu après ta course?
Je suis cassé, comme après un ultra! Ça va trop vite cette course, tu cours tout le temps! J’ai l’impression d’avoir plus mal que lors de l’UTMB [l’an dernier, où il avait fini 13e]. Si tu veux rester dans la course, sur un 100 kilos, il faut que tu coures tout le temps. Au ravitaillement, tu n’as pas le temps de t’arrêter.
Tu t’es légèrement foulé la cheville il y a quelques semaines. Comment ça s’est passé?
Inconsciemment, j’avais peur de descendre, alors que c’est ma force normalement. Je compensais beaucoup avec la jambe droite, je ne descendais pas à la vitesse que j’aurais espérée. Je savais que j’allais prendre plus de risques pendant la course que pendant l’entraînement, mais c’était quand même compliqué. J’ai beaucoup poussé sur les plats et dans les faux plats pour rattraper. Vu que dans les montées, ils sont plus forts que moi les gars et que les descentes techniques je ne les descendais pas à ma vitesse habituelle, j’ai poussé sur le plat.
Est-ce que ça t’a perturbé la crainte de te faire mal? Ça a joué sur le mental?
Je n’ai jamais eu de gros ˝down˝. La seule grosse difficulté, c’était ma cheville en descente. J’ai accepté d’aller moins vite en descente, je faisais attention. Si je me la tordais une seule fois, avec la douleur, ça aurait été fini. Tu ne peux plus courir dessus. Mais ici, je suis avec la gang de la Clinique du Coureur, et il y a un super podologue qui m’a fait un super ˝strap˝ sur la cheville, ça l’a bloquée.
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Est-ce que tu as été capable de respecter ton plan?
Mon plan, c’était de partir dans le top 20, et de voir comment ça allait se passer. Avec ma cheville, ce n’était pas gagné d’avance. Je ne pensais pas que les gars couraient aussi vite, c’est dingue. J’étais essoufflé tout le long, je n’ai jamais eu de pause.
Étais-tu conscient de ton positionnement pendant la course?
Non, je n’avais aucune idée. Je l’ai su quand je suis passé 9e, à Trient [en Suisse, un ravito au 70e km].
Mais le Chinois Zhenlong Zhang t’a repris une place par la suite.
Oui, dans la dernière montée, j’étais pêté, il est arrivé de nulle part. Il m’a doublé, je ne sais pas comment c’est possible, comment il faisait pour courir rendu là.
Qu’est-ce qui a été le plus excitant pendant cette course?
Quand j’ai commencé à rattraper du monde! Le ravitaillement de Champex [54e km], il fait du mal à beaucoup de monde, mais moi c’est le contraire. C’est comme l’an passé, j’ai eu un ˝boost˝, et j’ai commencé a rattrapé plein de monde. Des gars assez bons, comme Michel Lanne, Cristofer Clemente, Marco de Gasperi. Quand j’ai rattrapé ces trois gars-là, j’étais sur un high!
Tu as fait ce parcours l’an dernier sur l’UTMB, puisque c’est le même trajet. C’était différent comme sensation?
Le départ est différent, il y a une boucle et ça monte raide. Mais surtout, c’était le jour, alors que l’année dernière, c’était la nuit quand je suis passé là. Aussi, tu pars avec un bon niveau de forme, donc tu as encore des yeux pour voir le paysage. L’année dernière, à la même place, j’étais trop fatigué.
L’expérience est encore toute vive, mais si tu avais quelques mots pour résumer ton UTMB 2019?
Le mot « expérience », justement. J’en ai maintenant. Je sens que je suis encore en progression, c’est sûr. Je prends de l’expérience et je progresse encore. Je suis venu plus tôt à Chamonix pour m’acclimater. J’ose espérer que je vais progresser encore.
Tu vas faire quoi là?
Là, je viens de commander une grosse pizza aux quatre fromages.