DISTANCES+ À CHAMONIX – La directrice générale de l’Ultra-Trail Harricana du Canada est à Chamonix avec toute sa famille pour prendre part à la CCC, l’épreuve de 100 km (6100 m D+) de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Sans ambition de performance, elle est là pour que ses trois garçons soient fiers de la voir passer le fil d’arrivée. Entretien, à quelques heures du départ.
Marline, ça représente quoi pour toi d’être ici à l’UTMB?
C’est un rêve qui se réalise! Ça fait longtemps que je veux participer à cet événement là, qui est le plus reconnu et le plus grand de tous les événements de trail au monde. J’ai beaucoup de chance parce que j’ai été pigée à la loterie en 2020, mais j’ai reporté mon inscription à cette année. Ça fait 2-3 ans que je me prépare psychologiquement pour venir, alors d’être ici maintenant c’est vraiment un rêve. Aussi, je suis vraiment contente de pouvoir vivre ça avec ma famille, parce qu’on a choisi de venir tous ensemble. C’est la première fois que mon conjoint et mes trois enfants viennent en Europe. On conjugue voyage, course et travail.
Parlons-en de la conciliation travail-voyage, parce que l’Ultra-Trail Harricana est dans deux semaines. Comment tu t’organises?
Ça demande de l’aide et de l’ouverture de la part de mon conjoint Pierre-Luc pour me permettre d’avoir du temps pour travailler. Le décalage horaire m’aide un peu, parce ça me donne des moments tranquilles pour travailler le soir et le matin. Mais on a une super bonne équipe rodée à Harricana, on sait où on s’en va. J’ai moins besoin d’être présente juste avant l’événement. Je suis en confiance. Mais c’est sûr que c’est un enjeu et c’était difficile jusqu’à maintenant de participer à l’UTMB parce que c’est très proche de l’Harricana.
C’est ta première fois à Chamonix et dans les Alpes, quelles sont tes premières impressions?
C’est magnifique! Même si on a vu des photos et des vidéos et qu’on suit cela à distance, ce n’est pas pareil de le vivre en vrai. C’est vraiment impressionnant, c’est majestueux! Et on a la chance d’être accueillis par Cécile, une super bénévole d’Harricana, dans la maison de sa famille aux Contamines, c’est vraiment une belle expérience!
Tu fais la CCC, une course de 100 km. Tu es habituée à ce type de format ou c’est nouveau?
Ce n’est pas nouveau parce que j’ai déjà fait le 160 km du Bromont Ultra en 2015, mais je n’ai pas eu l’occasion de faire de très longues distances au cours des dernières années. Au-delà de 65 km, ça fait quelques années pour moi et ça me stresse un peu. Je sais à quoi m’attendre, psychologiquement et physiquement, mais je ne suis pas là pour la performance. Je veux en profiter au maximum, avoir du plaisir, rencontrer d’autres coureurs et observer les paysages. Mon ambition, c’est de réaliser une grande rando-course contemplative. Mon but, c’est que mes enfants me voient traverser l’arche d’arrivée. Je ne les ai pas amenés en France pour que j’abandonne. C’est ça l’objectif, leur faire honneur.
Comment tu t’es préparée?
J’ai pu reprendre un peu plus de participation à des événements cette année après la Covid et j’ai essayé de faire une progression, surtout pour m’entraîner avec le dénivelé positif et négatif. Il y a quelques semaines, j’ai participé à la TransRockies, une course par étapes au Colorado, ça m’a permis de me faire les jambes. Je me sens bien.
T’es prête?
Je pense que oui, à ma façon (rires)
Qu’est-ce que ça représente aujourd’hui pour toi la course et le trail dans ta vie, considérant que c’est aussi ton travail, comme organisatrice d’événements?
Ça va toujours être un mode de vie pour moi. Je pense que j’ai encore l’occasion de me dépasser, de donner mon maximum, mon 100 %. Pas demain sur la CCC, parce que je ne suis pas assez familière sur ce format là, mais j’aimerais continuer à progresser. Je veux toutefois garder l’équilibre avec le travail et la famille, c’est un défi, parce que je ne veux rien négliger dans toutes les sphères de ma vie. Cet équilibre-là, c’est une sorte de performance pour moi.
En tant qu’organisatrice, est-ce que tu as un regard différent sur l’UTMB? Tu observes des choses?
Sans doute! On a beaucoup de choses à apprendre. Je suis à l’affût des détails. Je suis très impressionnée par l’ampleur de l’organisation. On n’a pas nécessairement les mêmes budgets, mais je prends beaucoup de photos de ce que je vois sur le site et j’observe. Ça peut faire grandir Harricana comme organisation.