Marianne Hogan et Mathieu Blanchard frappés par la verticalité du Mont-Blanc

Mathieu Blanchard
Photo : courtoisie

Marianne Hogan et Mathieu Blanchard, les deux athlètes sélectionnés lors de la Salomon Trail Academy, ont cumulé chacun plusieurs victoires dans les derniers mois. Malgré leur niveau d’entraînement et leur succès, rien ne les avait vraiment préparés à affronter le dénivelé extrême du 80 km du Marathon du Mont-Blanc à la fin juin.

« C’était une sacrée aventure », résume Mathieu Blanchard. Reconnue comme l’une des courses en montagne les plus difficiles, elle possède le ratio dénivelé/distance le plus élevé. « Rien qu’une montée sur les cinq ou six de l’épreuve, c’est déjà un défi en soi pour le commun de mortel. Un 80 km, que je fais normalement en un peu plus de 7 heures m’a pris plus de 14 heures », explique Mathieu Blanchard.

Pour rajouter à la difficulté, l’épisode de canicule a forcé les organisateurs à modifier le parcours. « Ils ont fait redescendre les coureurs vers les villages pour augmenter le nombre de points d’eau. Par contre, cela a augmenté la distance à 92 km et le D+ à un peu plus de 7000 mètres », précise Mathieu Blanchard.

Athlètes invités par Salomon, ils ont tous deux bénéficié du service VIP offert aux coureurs de l’équipe. « On était facilement entre 50 et 70 avec les journalistes et les entraîneurs, affirme Marianne. Ils ont fait un bon travail pour nous faire vivre une expérience exceptionnelle ».

Mathieu a été particulièrement impressionné de vivre dans le même chalet que des athlètes comme Kilian Jornet. « Tu reçois des conseils d’eux, tu les observes aussi. Ce sont des gens super simples qui portent les valeurs du trail », affirme-t-il.

Mathieu Blanchard entouré de Max King et de Kilian Jornet
Mathieu Blanchard entouré de Max King et de Kilian Jornet : Photo : courtoisie

Une 5e place pour Marianne Hogan

Malgré son excellente performance, la jeune athlète n’est pas entièrement satisfaite. « C’était le fun, mais aussi très difficile. J’aurais voulu être plus près des premières, explique Marianne Hogan. La première était vraiment très forte. Elle a fait une course constante, elle a très bien couru. Certaines journées, tu cours à 100 % et d’autres journées, tu trouves cela plus dur. »

« J’ai eu beaucoup de difficulté dans la dernière section du parcours et ça m’a vraiment couté cher. C’est une combinaison de facteurs, les montagnes sont différentes de ce qu’on est habitué en Amérique du Nord : elles sont vraiment plus à pic. C’est des muscles différents qui travaillent et ça m’a rattrapé à la fin de la course. J’ai commencé à me sentir mal », explique-t-elle.

Celle qui gagne facilement presque toutes ses courses a finalement frappé un mur à la toute fin de l’épreuve. « La dernière montée était très difficile pour tout le monde. Comme j’étais malade en plus, j’ai trouvé ça vraiment très très difficile. Je ne m’étais encore jamais rendu là dans une course », avoue-t-elle.

Une 26e place pour Mathieu Blanchard

De son côté, Mathieu Blanchard est très satisfait de sa 26e position, compte tenu du calibre des coureurs présents. « Je n’avais pas d’objectif, car je n’avais aucune idée à quoi cela allait ressembler. Tout ce que je voulais, c’était de la finir. J’ai fait presque toute la course en mode économie alors qu’habituellement, j’attaque dès le début pour me mettre dans un cardio assez rouge, raconte-t-il. J’avais peur de ce qui m’attendait derrière la prochaine montagne. J’avais aussi en tête qu’il y a 60 % d’abandon dans cette course. »

Tous les coureurs dans le top 10 sont des coureurs de calibre international. « Ce sont des professionnels, des personnes qui s’entrainent tout le temps dans les montagnes. Au départ, j’étais dans le sas de Salomon et j’ai pu me positionner dans les dix premiers, mais dès la première montée, quand c’est devenu vraiment trop raide, j’ai dû marcher alors qu’eux arrivaient encore à courir. Je serais capable de faire ça, c’est juste que ça prend un entrainement adapté », explique-t-il.

Une blessure au tibia s’est également ajoutée à l’équation. « Elle m’a nui à partir du 30e kilomètre. Ce n’est pas la blessure elle-même qui était embêtante, c’est que je compensais avec l’autre jambe. Sans ça, j’aurais été en mesure de monter de 5 ou 6 positions, mais pas plus. »

Les limites des terrains de jeux du Québec

Le relief des Alpes est malheureusement impossible à reproduire au Québec ou même dans les Adirondacks. « Je comprends maintenant pourquoi les Canadiens et les Américains du côté est ne font pas de podiums en Europe : ce n’est tout simplement pas possible. Même en faisant dix fois Sutton ou Orford, ça ne reproduira jamais ce que l’on retrouve là-bas où il y a des montées qui prennent plus de trois heures, analyse Mathieu Blanchard. Il faut également que l’entraînement reste du plaisir et monter dix fois le mont Royal, ce n’est pas ma définition du plaisir. »

Même constat concernant le dénivelé pour Marianne Hogan « Au Colorado, il y a de bonnes montagnes pour se pratiquer, mais il n’y a pas de courses sur ces montagnes et ce n’était pas quelque chose sur lequel j’avais mis de l’emphase. Je n’avais pas l’entraînement pour faire des montées comme ça pendant 92 km », explique-t-elle.

À lire aussi :