Florent Bouguin a remporté le Malnad Ultra 2018 en Inde (115 km, 3500 m D+) – Photo : Malnad Ultra
Lors de son deuxième ultra en Inde, le mois dernier, Florent Bouguin a frappé un mur après 88 km de course sous une chaleur écrasante. Épuisé et déshydraté, il n’était plus capable d’avancer dans la jungle. Alors, il s’est arrêté, et s’est allongé en croix au milieu du sentier, laissant son esprit divaguer…
Florent avait pris le départ du 110 km pour 3500 m de dénivelé positif du Malnad Ultra dans la région montagneuse de Bangalore, protégée par l’UNESCO pour sa biodiversité. Il est revenu sur son expérience pour Distances+.
Les conditions de course étaient compliquées, avec 33 degrés de température et une forte humidité. Rien à voir avec la Run of Kutch et ses déserts de sel, qu’il a vécue l’an dernier.
« Je n’étais pas bien. J’étais déshydraté. Je suis parti un peu trop vite et j’en ai payé le prix, reconnaît-il. Comme j’avais la tête qui tournait, je me suis allongé pendant environ 20 à 30 minutes. Je voyais les cimes des arbres et les singes sauter de branche en branche. J’avais mal, mais j’étais bien. »
Une main tendue, et ça repart
« Un Indien est ensuite sorti de nulle part et a commencé à me parler », se souvient-il. Le dialogue entre ces deux étrangers était compliqué. Ni l’un ni l’autre ne se comprenait. Du moins pas par la parole. « Il m’a donné de l’eau, des fruits. Il m’a relevé et je suis reparti. C’était assez féerique, raconte le champion. Il m’a offert son sourire, sa gentillesse et son énergie. Grâce à lui, je suis reparti. »
Spirituel, Florent estime que c’est aussi grâce à tous les autres coureurs qu’il a su trouver les ressources mentales pour finir.
D’ailleurs, il ne l’a pas dit tout de suite, mais c’est lui qui est monté sur la plus haute marche du podium du Malnad Ultra, après 13 h 50 d’effort et cette pause salvatrice.
La richesse de l’expérience plutôt que la gloire de la victoire
Florent Bouguin n’est pas du genre à se vanter. Ce n’est pas de son chrono, ni même de sa performance dont il aime parler, mais plus de l’esprit du trail et de l’expérience incroyable qu’il a vécue lors de cette course aux paysages époustouflants.
Il le répète dès qu’il peut, c’est surtout sa passion pour la course et sa quête d’un bon équilibre de vie qu’il veut transmettre à ceux qui suivent ses aventures. « Car finir premier, ce n’est vraiment pas une fin en soi », assure-t-il.
Lui préfère retenir autre chose. « J’aime beaucoup la spiritualité des Indiens, dit-il. L’Inde est un pays qui a beaucoup de charme et dans lequel l’ultra trail se développe. Il y avait 1200 coureurs qui venaient du Japon, du Népal, de la Malaisie et évidemment de l’Inde. Ce sont des coureurs que je n’ai pas l’habitude de voir, alors c’était vraiment intéressant. »
Singes, serpents et sangsues
Et puis il y a la faune et la flore qui l’ont entouré pendant sa course. Il a traversé des petits villages, longé un lac et des cascades. Il a pu observer des singes, des cobras et des sangsues. Il n’a en revanche pas vu de tigres ou d’éléphants.
Plus heureux d’avoir fini la course que de l’avoir gagnée, Florent Bouguin dit avoir adoré l’expérience. D’autres suivront assurément. Et peut-être très bientôt, car le quarantenaire est tenté par la Wicklow 100, en Irlande (160 km pour 5750 m D+), début décembre. Mais il n’a pas encore confirmé sa présence, car cela dépendra de sa disponibilité au travail.