Léonie Boudreau-Labossière à son arrivée au 80 km du Québec Méga Trail – Photo : Christian Dionne
Léonie Boudreau-Labossière n’avait jamais couru une distance de 80 km, et elle ne s’est pas entraînée de manière spécifique pour y arriver. Pourtant, c’est elle qui a remporté le 80 km du Québec Méga Trail le 29 juin dernier. Comment y est-elle arrivée? Elle dévoile à Distances+ ses petits secrets.
Léonie Boudreau-Labossière, 26 ans, ne suit pas de programme d’entraînement intensif. Elle confie ne courir qu’environ 30 kilomètres par semaine. Qui plus est, généralement, lorsqu’elle court une distance pour la première fois, c’est lors du jour J, et pas avant.
« Je ne ferai jamais la distance à l’entraînement, rappelait-elle avant la course. Je vais aller à mon rythme et s’il le faut, je marcherai. Je veux avant tout tester la distance. Je sais que c’est faisable, je ne sais juste pas à quelle vitesse, mais je vais écouter mon corps. Je pars avec l’idée que je vais être capable de terminer parce qu’il y en a d’autres qui l’ont fait ».
Elle concédait même appréhender cette épreuve…
Aujourd’hui, la satisfaction et la joie ont remplacé l’appréhension. « Je me suis étonnée moi-même! J’avais peur que mon manque d’entraînement en sentier me pénalise davantage. Mais j’ai bien géré, surtout en y allant plus conservatrice en descente, sachant que c’est la descente qui fait réapparaître mon mal de genou. J’y suis allée plus en contrôle, moins rapide, et ça a quand même porté fruit », lance-t-elle, encore remplie d’émotion.
Après 10 h 46 de course, Léonie rapporte une bonne fatigue et surtout, un « appétit d’ogre ». Si cette victoire l’étonne, c’est parce qu’elle n’est pas une spécialiste de la course en sentier – c’est elle qui le dit. « J’habite à Salaberry-de-Valleyfield… c’est très plat… », dit-elle en souriant.
Ce n’est d’ailleurs que très récemment qu’elle s’est mise à la course en sentier, inspirée par les performances de Jean-François Cauchon. « L’année dernière, j’avais vu qu’il avait fait l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, et j’avais trouvé ça vraiment impressionnant. Je me suis demandé comment il s’entraînait », raconte-t-elle.
Depuis, elle a fait quelques courses en sentier comme les 50 km du Québec Méga Trail (4e position) en 2018 et le 65 km de l’Harricana (3e position).
Début juin, elle remportait le 30 km du Trail de la Clinique du Coureur, en 3 h 38. Une force de la nature?
De la route aux sentiers à la route
Comme pour le Québec Méga Trail, Léonie ne s’entraîne pas sur la distance… et termine première. À croire que sa technique de préparation fonctionne.
C’est la piqûre pour la course sur route qu’elle a eue en premier. « En secondaire 5, j’avais un professeur passionné qui m’a poussée », se souvient-elle. Il croyait en elle. Et petit à petit, elle a commencé à courir des 10, des 21 km, puis des marathons, notamment celui des Érables, qu’elle a terminé en 3 h 18, en 2017.
« J’étais d’abord inscrite pour le 30 km, mais lorsque j’ai vu que le marathon permettait de se qualifier pour celui de Boston, je me suis dit que pour quelques kilomètres de plus, j’allais tenter ma chance », raconte-t-elle.
« La pression de la performance, je la ressens moins en sentier, car sur la route, il faut maintenir un rythme constant, en sentier tu peux plus varier, ce qui te permet aussi de récupérer. C’est plus stimulant je trouve », explique Léonie.
« J’aime la course, mais j’aime aussi varier, alors je fais beaucoup d’entraînement fonctionnel comme de la musculation, des poids, des sauts d’obstacles, etc. », raconte la jeune femme, ergothérapeute dans la vie de tous les jours.
Ce qu’elle aime aussi, c’est l’effervescence de la course lors des compétitions. Tous ces gens venus parfois de loin, pour voir des inconnus courir et les encourager dans leur effort. « À ce moment-là, tu te sens au top », dit-elle en riant
Son prochain objectif : un marathon sur route sous les trois heures. Et pas d’entraînement vraiment prévu pour cette épreuve. Paraît que ça lui réussi…