Il voulait battre le record de temps sur la Long Trail, au Vermont, mais le défi vient de se compliquer pour l’athlète vétéran Laurent Homier. Dans les dernières semaines, deux athlètes ont établi de nouveau FKT (Fastest Know Time) sur ce parcours de 436 km et 22 000 m de D+ qui traverse le Vermont du nord au sud.
Si le précédent FKT tenait depuis 2010, et avait permis à M. Homier de croire en ses chances, l’Américain Jeff Garmire a ramené le temps à 5 jours 23 heures et 48 minutes, il y a deux semaines à peine.
« Le nouveau record est 18 heures plus rapide, dit M. Homier. Je ne veux pas jeter l’éponge, mais pour être honnête, ça m’apparaît extrêmement difficile à atteindre. J’ai quand même 54 ans. »
« J’y vais avec l’intention de faire de mon mieux et de compléter le parcours en autonomie complète, ajoute-t-il. C’est un ultra-marathon par jour, pendant une semaine, avec un sac à dos. »
Une course philanthropique
C’est pour appuyer une bonne cause que Laurent Homier se lance ainsi sur la Long Trail à toute vitesse dès demain, 14 août, si les conditions météo le permettent. Athlète accompli, il a lancé ce printemps, le « Fonds Lili Homier pour la santé mentale chez les jeunes », à la suite du suicide de sa jeune nièce.
« C’est destiné à financer des initiatives comme l’aventure thérapeutique, qui consiste à faire vivre des expériences enrichissantes en plein air à des jeunes qui souffrent d’anxiété. »
Les gens peuvent contribuer en « achetant » un brin de l’aventure, au coût 20 $ le kilomètre pour les particuliers et 50 $ pour les entreprises.
Plus de 200 kilomètres ont été vendus jusqu’à présent. « Durant mon épreuve, ça va être un super encouragement quand ma blonde me rapportera le nombre de nouveaux kilomètres vendus », dit M. Homier. « Et si tout est vendu, on va en vendre plus », dit-il en riant.
Un parcours en autonomie complète
Laurent Homier a notamment vaincu le mont Manaslu au Népal (8156 m) et complété l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en 2018. La tentative de FKT sur la Long Trail sera, de son propre avis, son défi le plus ambitieux.
Durant le parcours, il ne pourra compter que sur les vivres et le matériel qu’il transportera. « Je ne peux recevoir aucune aide extérieure même pas une bouteille d’eau. Ma conjointe va agir comme soutien psychologique. Elle va me suivre en camionnette, prendre des photos, me motiver en plus de couvrir l’aspect médiatique en alimentant ma page Facebook durant le défi », dit-il.
Si certains coureurs tentent de voyager le plus léger possible au point d’oublier tout confort, notamment avec des sacs à dos sans aucun rembourrage, il entend prendre une approche un peu moins extrême. « J’y vais aussi en ultraléger, mais sans négliger l’aspect confort et efficacité, dont une petite tente, souligne Laurent Homier. En étant plus lourd, mais en dormant mieux et en ayant moins mal, tu peux allez aussi vite au bout du compte. »
Son but sera de minimiser les arrêts pour espérer s’approcher du record. « Je vais avoir à portée de main de quoi boire et manger, précise-t-il. Mon système de filtration d’eau est un système instantané. Pas de réchaud, aucune cuisson, de la nourriture prête à manger. »
Pour minimiser le poids de son sac à dos, qui fera tout de même 32 livres, Laurent Homier a fait beaucoup de recherche pour trouver les aliments les plus caloriques. « Le matin, j’ai 500 ml de céréales mélangés avec du lait en poudre et des fruits lyophilisés. C’est 900 calories. Après, je vais rouler sur les noix, barres, fromages, brownies, des aliments qui procurent environ 4,5 calories par gramme. Je mise beaucoup sur les gras, car j’ai besoin de 5000 calories par jour », dit-il.
Plan de match
Pour atteindre son objectif, il devrait marcher de 18 à 20 heures par jour à un rythme soutenu et constant. « On s’entend qu’avec un sac à dos et les distances à couvrir, ça va être de la marche rapide. Je vais trottiner dans les faux plats descendants, mais pas plus de ça. Durant mes longues sorties d’entraînement, je me suis d’ailleurs rendu compte qu’à force de courir, j’avais perdu une certaine habileté dans la randonnée, avoue-t-il. Ce n’est pas du tout le même genre de foulée. »
Pour minimiser les risques de blessures, il compte utiliser ses bâtons de marche au maximum, bien s’hydrater, s’étirer et se masser. « Tout peut arriver. Avoir une bonne météo peut vraiment aider. Pour l’instant, les prévisions annoncent des journées pas trop chaudes et des nuits pas trop froides. Ça semble bien s’enligner. L’idée est de faire les 30 premières heures sans dormir, puis dormir très tôt la seconde nuit », explique Laurent Homier.
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