Karel Sabbe devient l’homme le plus rapide de l’Appalachian Trail

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Karel Sabbe - Photo : courtoisie

Le 28 août dernier, le coureur amateur Karel Sabbe a retranché plus de quatre jours au « temps le plus rapide connu » (FKT : Fastest Known Time) sur l’Appalachian Trail (AT), détenu jusqu’alors par Karl Meltzer. Ce dentiste, originaire de Gent en Belgique, âgé de 28 ans, a mis 41 jours, 7 heures et 39 minutes pour couvrir 3510 km entre la Géorgie et le Maine, soit une moyenne d’environ 85 km par jour. Distances+ lui a parlé.

Le record de vitesse avait été battu par Scott Jurek en 2015, puis par Karl Meltzer en 2016. C’est donc la troisième fois en trois ans qu’une nouvelle marque est établie. À noter que Joe McConaughy détenait pour sa part depuis l’été 2017 le record absolu de l’AT, qu’il avait parcouru en 45 jours 12 heures et 45 minutes, sans assistance, contrairement à Jurek, Meltzer et Sabbe.

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Karel n’en est pas à sa première réussite sportive. Il y a deux ans, il a établi le FKT sur le Pacific Crest Trail, et il ne semble pas rassasié. « Je pense déjà à de prochaines aventures », raconte-t-il. Le Continental Divide Trail pourrait être le prochain, afin de compléter le Triple Crown (PCT, AT, et CDT). Le Te Araroa, qui traverse la Nouvelle-Zélande, est également dans sa mire.

De belles réalisations à son actif

Ces exploits sont d’autant plus impressionnants que Karel est jeune et ne court que depuis trois ans. « J’ai participé à la Coast to Coast, qui est une épreuve multisport traversant la Nouvelle-Zélande avec 140 km de vélo, 36 km de course en sentier et 67 km de kayak, en 2015. Pour m’y préparer, j’ai pris part à une course de 50 km où j’ai terminé cinquième. Deux semaines plus tard, j’ai couru les 65 km du Kepler Track près de Queenstown (NZ) pour m’amuser et je me sentais déjà en parfaite condition le lendemain. Je me suis dit que j’avais peut-être une certaine facilité pour la course. »

Talent confirmé, quand Karel a complété le Marathon des Sables en 2016 en vue de se préparer au PCT.

Karel est rapidement passé de sa découverte de la course et des ultra-distances à vouloir courir 3 à 4000 km quelques mois plus tard. « Il y a environ 10 ans, j’ai fait du bénévolat dans les parcs nationaux de l’Ouest des États-Unis, c’est là que j’ai appris l’existence du PCT et de l’AT et que je les ai placés dans le haut de ma liste de sentiers à randonner », explique-t-il. 

« Je n’envisageais pas être capable de le réaliser avant ma retraite », dit-il, car il faut compter une demi-année pour parcourir ces sentiers.

En prenant conscience de son aptitude pour la course, Karel s’est mis à rêver. « En tant qu’Européen, c’est fascinant de savoir qu’il existe ce sentier de plus de 3000 km composés à plus de 99 % de sentiers étroits. Pour quelqu’un qui adore la course en sentier, être dans ce genre de milieu sauvage, c’est le rêve! »

Une préparation dans le plat pays

Le chanteur belge Jacques Brel chantait les louanges de son « plat pays ». Cela ne semble pas avoir été un obstacle à la préparation de Karel Sabbe.

« Au Sud de la Belgique, il y a les Ardennes. Après avoir vu des documentaires et des photos de l’AT, je me suis dit que les sentiers de ces deux massifs se ressemblaient, à l’exception du dénivelé moins important dans les Ardennes », se remémore-t-il.

Considérant le temps que prendrait le défi, conjugué à ses contraintes professionnelles, Sabbe ne pouvait se permettre de faire des séjours dans les Alpes ou les Pyrénées. « Il y a aussi la salle de sport où on peut courir 1 h sur un tapis réglé à une pente de 15 % », ajoute-t-il. 

Sabbe est un amateur qui ne bénéficie pas des mêmes conditions de préparation que les coureurs « professionnels ».

Une aventure entre amis

Karel Sabbe prend une pause pendant son aventure - Photo : courtoisie
Karel Sabbe prend une pause pendant son aventure – Photo : courtoisie

Sa simplicité et son humilité transparaissent d’ailleurs lorsqu’il évoque la dimension mentale et spirituelle de son aventure. « La chose la plus importante est de courir en ne pensant qu’aux prochaines retrouvailles avec notre équipe. Il ne faut surtout pas penser à la fin de la journée ou à la fin du sentier, sinon tu deviens fou », affirme-t-il. 

Obligation donc de rester connecté au moment présent. Karel se connecte également à son environnement. « J’étais littéralement capable de sentir la présence imminente de randonneurs ou encore de voir les animaux sauvages avant mes accompagnateurs », dit-il.

Karel était en effet bien entouré. « Trois amis ultra-marathoniens ont accepté de se joindre à l’aventure, couvrant avec moi au moins un marathon par jour pendant les quatre premières semaines. Ma femme était présente pour les trois dernières semaines et m’a également énormément supporté », détaille-t-il.

Et des soutiens bien spéciaux l’ont particulièrement touché. « C’était génial de recevoir les encouragements des anciens détenteurs du record afin que j’atteigne mon objectif. Il n’y a pas de compétition et tout le monde sait que les records sont faits pour être battus. »