Jean-Paul Frey lors de l’Ultra Corsica – Photo : courtoisie
Un énorme défi attendait dix-huit coureurs d’ultrafond au Tour de Corse, en septembre dernier. Malgré l’expérience de chacun d’entre eux, seulement neuf ont réussi à franchir la ligne d’arrivée, dont un Québécois de soixante ans d’origine française : Jean-Paul Frey, qui a bouclé l’épreuve en dix-sept jours.
L’Ultra Corsica fait le tour de la Corse, pour un total de 1040 kilomètres, soit l’équivalent de 24,5 marathons, et comporte 18 000 mètres de dénivelé positif. Elle est considérée comme la course la plus difficile en France. Les coureurs d’ultrafond les plus expérimentés du monde s’y retrouvent après être passés par un processus de sélection plutôt… « corsé ».
Une course sans anicroche
Ayant fait plusieurs courses d’endurance au cours de sa vie, l’infirmier de Blainville était bien préparé pour ce défi. Grâce à son entraînement intensif, le tout s’est déroulé sans blessure ni accroche. « J’ai eu des ampoules comme tout le monde, mais je suis capable de supporter cela. Sinon, il n’y a pas eu de mauvais moment, car la Corse, c’est tellement beau. J’en avais plein la vue », confie-t-il.
L’aventure n’a cependant pas été de tout repos. Les départs se faisaient tôt, vers 5 h 30 du matin. Jean-Paul attaquait alors sa journée, qui équivalait à un marathon et demi chaque jour. Puis, une fois la distance complétée, il se réunissait avec les autres participants à l’heure du souper. « C’était un moyen de s’encourager et on en profitait pour se raconter des histoires de courses ». L’heure du coucher était vers 20 h 30 afin de récupérer des forces.
Les deux dernières journées ont tout de même été très difficiles. « On a eu une épreuve de 82 km l’avant-dernière journée et de 72 km la dernière, et ce, alors qu’on venait de courir pendant les 15 derniers jours! », explique-t-il.
Un coureur bien préparé
« J’ai beaucoup appris de cette course. C’est le genre d’occasion où on passe beaucoup de temps à courir seul. Je médite souvent et j’en ai profité pour me remplir l’esprit de belles choses », explique celui qui avait déjà vécu l’expérience du Marathon des sables, dans le désert marocain, et du Spartathlon de 246 km, en Grèce.
L’athlète court environ cinq jours sur sept mais a commencé à s’entraîné spécifiquement en fonction de ce grand défi depuis deux ans. Il a cumulé une distance de 80 km par semaine en vue de l’événement en plus de se faire suivre par un entraîneur, une stratégie qu’il considère comme une excellente source de support et de motivation.
Un défi qui en amène d’autres
Après son expérience en Corse, son aventure ne se terminera toutefois pas de sitôt. Il commencera prochainement son entraînement pour le « Tour de France Footrace » en 2019. Cette épreuve de 2700 km sera son nouveau défi à relever.
« Même si j’arrive à soixante ans, j’aime toujours me donner de plus gros défis. Ma blonde me demande bien quand est-ce que je vais arrêter! », dit-il la tête déjà remplie de projets. « Normalement, lorsqu’on avance dans l’âge, on veut diminuer la distance, mais moi, je fais le contraire! », fait-il remarquer en riant.
Il prévoir d’ailleurs profiter de ces 45 jours de course dans son pays d’origine pour voir la France sous un angle qui lui est encore complètement inédit.