Pauvreté, itinérance, dyslexie, alcoolisme… L’Américain Jayson Sime ne partait pas avec toutes les chances de son côté dans la vie. Et pourtant, à force de se battre, il est désormais capable de courir 160 kilomètres. Distances+ l’a rencontré.
Jayson, 40 ans, se souvient encore de son premier marathon. C’était en 2005, à Baltimore. « À l’époque, j’avais une copine qui voulait courir un marathon, et comme je voulais passer du temps avec elle, j’ai décidé de la suivre lors de ses entraînements. Je pensais que ça allait aussi m’aider à améliorer ma forme physique », se souvient-il.
Premier marathon
Jayson Sime pesait 35 kilos de plus qu’aujourd’hui, confie-t-il. Il fumait et buvait beaucoup d’alcool. Il a terminé la course en 5 h 30.
« Après ce marathon, j’ai commencé à ressentir des douleurs à la poitrine, raconte le coureur. Un médecin m’a dit que je devais me prendre en main. »
Jayson Sime est aujourd’hui dans une forme olympique et participe à des courses de 100 miles, comme celle à Steamboat, dans le Colorado. Mais pour en arriver là, il a eu un autre long chemin à parcourir.
Si ce premier marathon a été déterminant pour ce gars de Burlington, dans le Vermont, c’est dans son passé qu’il faut fouiller pour comprendre d’où lui vient sa force mentale.
Né dans une famille pauvre de six enfants, il a été élevé par sa mère. « Nous n’avions pas beaucoup d’argent, précise-t-il. À un moment, on était même sans domicile fixe et on traînait dans des refuges pour mères célibataires. »
À l’école aussi, Jayson a eu des problèmes. Élève dyslexique, il accusait un retard en plus de se retrouver au milieu de bagarres. « Mais je n’étais pas bête », assure-t-il. Il a d’ailleurs voulu poursuivre des études, contre l’avis de ses professeurs qui le poussaient plutôt à se trouver vite un travail. Il a renoncé à devenir enseignant après avoir décroché un stage au parti démocrate en 2000.
Aujourd’hui, il a fondé sa propre compagnie de coaching et de développement personnel.
Changement de vie
Ce premier marathon, en 2005, a été une petite graine plantée dans son esprit. Peu à peu, une autre envie germe dans sa tête : se mettre à la course. Mais cela a pris du temps, jusqu’à ce qu’il se mette au yoga lorsqu’il s’est installé à Las Vegas en 2007.
« On pourrait croire que cela n’a aucun rapport, mais le yoga m’a inculqué une sorte d’hygiène de vie. J’ai perdu du poids, j’ai arrêté de fumer, et j’ai lu Born to run », raconte-t-il.
10 ans plus tard, il a rechaussé ses baskets et couru son deuxième marathon, puis il a enchaîné les courses jusqu’à ce fameux 100 miles.
« Je voulais repousser mes limites, voir si j’en étais capable », explique-t-il.
« La course me permet d’explorer mon environnement, ajoute Jayson Sime. Lorsque j’étais petit, j’adorais courir après les papillons. La course me donne ce sentiment de liberté. En plus, j’aime la nature, les arbres, les animaux, les plantes…»
Hygiène de vie
Depuis sa jeunesse, Jayson dit n’avoir cessé de se battre pour s’en sortir. Il en fait de même dans le sport. « Courir toujours de plus longues distances, ça me permet de repousser vraiment mes limites, de prendre conscience de mes propres capacités », dit le coureur.
Et comme au yoga, la course lui apporte une paix de l’esprit. « Je trouve que c’est une bonne manière de purifier son âme et son corps. Moi, ça m’a aussi aidé à soigner mon anxiété, Dire que la course m’a sauvé est un peu fort, mais c’est sûr que ce sport m’a aidé à sortir d’une certaine dépression. »
Et lorsqu’il court, ce n’est jamais avec de la musique dans les oreilles. Rien ne vaut le silence. Et le rythme de ses pas.
Un court métrage retrace son histoire. How to run 100 miles sera présenté lors du festival Radical Reels, vendredi prochain, le 15 mars, dans le cadre de la tournée mondiale du Festival du film de montagne de Banff