Hélène Dumais : l’année de la conquête de l’Infinitus

Hélène Dumais lors de sa participation à l’Infinitus 2017 – Photo : Micah Ness

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L’athlète et aventurière Hélène Dumais entame sa saison 2018 avec trois grands défis majeurs. Entre la Survival Run Nicaragua, le 28 février, et la PTL, la Petite Trotte à Léon dans le cadre de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le 27 août, c’est de nouveau The Endurance Society Infinitus, en mai, qui mobilisera toute son énergie afin de la mener enfin à la victoire.

Ce sera en effet sa troisième tentative sur ce défi hors norme de 888 km, qui consiste à enchaîner en moins de 240 heures des tours de montagne d’un peu plus de 43 km (27 miles) en forme du symbole de l’infini (un 8 sur le côté), soit une petite boucle de 12 km et une grande de 31. L’an dernier, elle avait réussi à se rendre 62 km plus loin que la fois précédente, mais avait dû abandonner au 738e kilomètre.

Aucune femme n’a encore jamais terminé cette épreuve monstrueuse et seulement un homme passe la ligne d’arrivée chaque année.

Une stratégie peaufinée

« Cette course est un casse-tête, a-t-elle reconnu en entrevue avec Distances+, en dépit de sa grande expérience en défis extrêmes. Il y a une solution, une complexité de gestion de la logistique, de la nutrition, du pace, du sommeil, de la crew. »

Hélène a saisi, lors de ses deux premières participations, l’importance capitale de son équipe de soutien. « Pour ce genre d’événement, c’est vraiment important. Tu as besoin de quelqu’un qui pense pour toi ». Cette année, elle pourra compter sur des amis coureurs du Québec, Karoline Laforest et Sébastien Dion.

Pour se donner un maximum de chances de réussite, elle est également en communication avec une spécialiste du sommeil, qui l’aidera à identifier son rythme circadien pour connaître quand est le meilleur moment pour elle de faire des siestes pendant son épreuve. « C’est un gros point que je dois finaliser pour mieux gérer mon sommeil et mon pace. J’ai une nouvelle stratégie », confirme-t-elle avec confiance.

« Les premières fois que tu t’inscris à de gros défis, tu as la peur de l’inconnu, oui, mais tu as aussi l’innocence de ne pas trop savoir à quoi t’attendre, souligne-t-elle. Là maintenant, je le sais quel est le feeling de ne pas dormir pendant six jours. Tes cellules s’en souviennent, tu restes marquée à vie. Tu le sais que ça va faire mal dans toute ta peau, tes cheveux, tes pieds, que ça va brûler… »

Il n’est donc pas question pour elle de ne pas compléter le défi cette année. « C’est une love-hate relationship. Je ne suis pas quelqu’un qui refait quelque chose deux fois, sauf si je ne le termine pas, dit-elle en riant. Je ne veux plus y retourner, ça me prend tout mon mois de mai et juin pour la récupération, c’est un gros investissement! Si je réussis, je vais pleurer c’est sûr! »

Troisième participation à la Survival Run Nicaragua

La Survival Run, c’est son « petit bébé », comme elle aime le qualifier. « C’est mon petit pain chaud, mon favori », précise-t-elle avec un éclat dans la voix. Elle a d’ailleurs été la première femme à terminer cette épreuve en quatre ans, en 2016, au Nicaragua. Lors de l’édition canadienne, à Squamish, en Colombie-Britannique, l’été dernier, elle a réussi à terminer en deuxième position.

Ce sera la troisième fois que Hélène Dumais participe à la Survival Run Nicaragua, qui a lieu sur une île avec deux volcans et beaucoup d’élévation très technique. Le parcours change toutefois à chaque édition. Et cette année, pour le 10e anniversaire, ils ont invité des athlètes de haut niveau sous le thème de « la réunion ».

Helene Dumais - Survival Canada
Hélène Dumais à la Survival Run Canada – Photo: Michael O’Hearn

La particularité de cette course est que les participants doivent relever des défis tout au long du parcours, inconnus avant le départ et qui sont inspirés de la vie, de l’histoire et de la culture de la région où se tient l’événement.

« Nous avons 24 heures pour compléter des challenges sur une distance de 80 km, comme aller chercher des objets à la nage dans des lagons, transporter du matériel, escalader un volcan. Tu es toujours face à l’inconnu, tu ne sais pas où tu t’en vas, tu ne sais pas combien il t’en reste à faire. Il n’y a pas de ravitaillement. Tu te démènes avec ta nourriture et ton eau à travers les araignées, les crabes, les serpents, les scorpions. C’est vraiment wild », décrit-elle avec beaucoup d’excitation dans la voix.

La course est d’ailleurs conçue pour être pratiquement impossible à terminer. Ce ne sont ainsi que deux à six personnes qui réussissent à aller au bout de l’épreuve chaque année sur les 100 participants au départ.

« C’est spécial parce que chaque course doit signifier quelque chose pour moi. Et le fait de l’avoir déjà terminé, ça change la donne. Je suis en train de réfléchir à ce que la Survival Run Nicaragua va représenter pour moi cette fois-ci », a-t-elle confié.

La fameuse PTL

Finalement, à la fin août, Hélène aura la chance de prendre le départ de la très grande distance de l’UTMB, la fameuse et mythique PTL. Elle sera accompagnée de son ami Benoît Létourneau avec qui elle devra rester tout au long des 300 km de course, qui n’en est pas tout à fait une.

En effet, « la Petite Trotte à Léon n’est pas considérée comme une course. Il n’y a pas de podium, on te donne une cloche à vache quand tu termines et puis voilà. Ce sont souvent des gens plus vieux qui participent, des montagnards, des gens d’expérience. C’est costaud », explique l’athlète.

Le jumelage avec un partenaire de course est obligatoire pour tous les coureurs afin d’assurer une certaine sécurité. « Il n’y a pas de tracé, il faut traverser des cols enneigés, des éboulis de roches. Il faut savoir comment se déplacer dans des espaces comme ça », raconte-t-elle. La PTL, c’est plus de 26 000 mètres de dénivelé positif.

La porte ouverte aux opportunités

À côté de ces trois objectifs pourraient s’ajouter de plus «petites courses», plus traditionnelles disons, mais ça ne se décidera sans doute qu’au dernier moment, selon les occasions qui se présenteront, pour le plaisir de tester sa vitesse.

La traversée de Charlevoix en solo et en autonomie fait aussi partie de ses plans pour le mois de juillet.