Guillaume Carrier à l’arrivée du 65km de l’Ultra-Trail Harricana en septembre 2017 – Photo : Muriel Leclerc
Coureur depuis deux ans seulement, Guillaume Carrier s’apprête à compléter son premier 80 km lors de la course The North Face Endurance Challenge Californie à San Francisco, ce samedi. Pour cet athlète qui progresse à vue d’œil, la découverte de la course a été une véritable révélation autant sur le plan physique que psychologique.
Après avoir vaincu le 65 km Harricana en septembre dernier, Guillaume se cherchait une nouvelle aventure pour écouler ses vacances accumulées. « J’ai lancé la question comme ça en l’air à des amis. Je cherchais une destination pour courir, mais aussi pour avoir du plaisir. Ils m’ont dit : “Viens avec nous à San Francisco au North Face Endurance Challenge!”
Il ne lui restait qu’un mois pour s’entraîner sérieusement. Son ami Julien Lachance, de l’organisme Unis pour le sport, lui a monté un programme court de quatre semaines.
« Il y a de la spontanéité dans cette aventure. J’ai confiance que je vais être capable de le faire », dit Guillaume. « C’est une course que je vais faire pour moi. Mon objectif n’est pas lié au temps ou à la position, assure-t-il.
Revenir de loin
Il y a deux ans, Guillaume n’aurait jamais imaginé attaquer un 80 km. Après avoir monté un seul étage par les escaliers à son travail, il a eu un choc. « J’ai réalisé que j’étais tellement essoufflé que c’était impossible de tenir une discussion », explique-t-il.
Au-delà de sa forme physique déficiente se cachait un malaise plus profond. « Je n’étais pas bien dans ma peau. Je me suis posé des questions. Qu’est-ce qu’il faut que je change? Ça m’a frappé : bouge donc! Le lendemain, je me suis acheté une paire d’espadrilles et je suis allé courir en trail », se souvient-il.
Début chaotique
La première sortie de course n’a pas tout à fait eu les effets escomptés. « Mon patron de course n’était pas adéquat du tout », raconte l’ingénieur mécanique oeuvrant dans le domaine biomédical. « Je n’ai pas eu de dividende immédiat côté physique. Mais mentalement, dès ma première sortie de course, j’ai eu un high parce que je faisais quelque chose que j’aimais. Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. »
J’ai commencé à l’aube de la quarantaine. Ça ne se fait pas en une journée. Les os, les muscles, les articulations ont besoin de temps pour s’adapter.
Courir en groupe
Après avoir couru en solo pendant de long mois, il joint finalement le club de la boutique Le coureur nordique pour participer à des entraînements en groupe. « Un samedi matin, la sortie qu’on était en train de faire était la reconnaissance du 20 km du XC de la Vallée. J’ai trouvé ça cool et, de fil en aiguille, j’ai décidé de m’inscrire à cette course ».
Il s’agissait de sa première compétition sportive. « Cela a confirmé ma passion », dit Guillaume.
« J’ai commencé à m’ouvrir sur les autres en courant avec les “Coureurs nordiques“, admet-il. J’ai rencontré des gens, qui sont devenus des connaissances, puis des amis. En me découvrant, je m’ouvre sur moi-même et je m’ouvre sur les autres. »
Composer avec l’adversité
Cette année, Guillaume avait pour objectif de faire le 65 km de l’Ultra-Trail Harricana, un objectif qu’il qualifie lui-même d’ambitieux.
« Je me suis blessé lors de mon entraînement, mais à 48 heures d’avis, j’ai eu le feu vert d’un professionnel », dit-il.
La douleur l’a paralysé à la mi-course. « Je me suis complètement arrêté pendant sept longues minutes. Pour abandonner, je devais me rendre au prochain ravito à 12 km de là. J’ai bu, j’ai mangé, j’ai marché puis j’ai joggé. Je me suis dit que ce n’était pas si pire que ça. J’ai finalement terminé la course en 25e position. »
« On ne peut pas prévoir l’imprévisible, mais ce qui est certain c’est que dans une course, on doit faire face à l’adversité, dit Guillaume. Je m’entraîne à fonctionner dans l’adversité, quelle qu’elle soit ».
C’est un entraînement qui va servir ce week-end.