Geoffrey Lonca établit le temps de référence entre Bordeaux et Royan le long de l’estuaire de la Gironde

Geoffrey Lonca durant son défi Bordeaux - Royan à la course par les sentiers
Geoffrey Lonca durant son défi Bordeaux - Royan à la course par les sentiers - Photo : courtoisie

Le coureur des Charente-Maritime Geoffrey Lonca a relié cet été Bordeaux et Royan en courant (145 km, 740 m D+), essentiellement sur sentiers, en 15 h 33. Il s’agit d’un temps de référence sur un parcours qu’il a tracé et inauguré. Il ne s’attendait pas à ce que cette aventure en solitaire dans son plat pays devienne au fil des kilomètres avant tout un périple entre amis.

« On a accompli une course d’équipe plutôt qu’une performance individuelle », se félicite le traileur français, qui vit à Montréal depuis 7 ans, et qui collabore à Distances+.

Geoffrey se prépare avec l’aide de Mathieu Blanchard

Durant le printemps, en pleine pandémie, il a eu l’impression de tourner en rond. « Ce qui me manquait, ce n’est pas la compétition, mais l’aspect défi », explique-t-il, soulignant quand même qu’il devait participer pour la troisième fois au 125 km (3800 m D+) de l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC), mi-septembre.

« J’ai commencé à être coaché par Mathieu Blanchard pendant le confinement, dans le but d’arriver en forme à l’Harricana et j’avais besoin de mettre à profit cet entraînement ». C’est là qu’a germé l’envie d’organiser, lui aussi, un défi spécial dans lequel il pourrait s’investir.

Habitué des épreuves entre 80 et 120 km, Geoffrey estime être un « coureur moyen essayant de se dépasser et de développer ses capacités pour atteindre le meilleur de lui-même ». Il peut quand même se targuer de courir le marathon en 3 h 07 et d’avoir décroché une belle 12e place l’an dernier sur le 125 km de l’UTHC, après 16 h 53 de course, alors qu’il lui avait fallu presque cinq heures de plus pour atteindre la ligne d’arrivée en 2018.

Établir un temps de référence en faisant du tourisme

La trace entre Bordeaux et Royan suit l'estuaire de la Gironde
La trace entre Bordeaux et Royan suit l’estuaire de la Gironde – Photo : Google

Originaire de Royan, une station balnéaire de la côte atlantique française, Geoffrey, 30 ans, s’est régulièrement rendu à Bordeaux au cours de sa vie, mais systématiquement en voiture. Il a réalisé qu’il ne profitait jamais vraiment de l’estuaire de la Gironde, et qu’il ne connaissait pas bien, finalement, cette partie de sa région. Il a donc décidé de changer ça et de courir en logeant l’estuaire, profitant d’un retour en France cet été.

Il a dessiné une trace GPS entre les deux villes. « Le but était de trouver un itinéraire cohérent pour un coureur de trail, qui puisse également être effectué par un vélo accompagnateur », explique-t-il. Il a ensuite proposé ce segment au site web américains « FKT » qui recense les « Fastest Known Time », les records de temps connus sur des itinéraires déterminés comme par exemple le GR20 ou le sentier international des Appalaches au Québec.

Une fois validé par les gestionnaires de l’organisation FKT, le plus dur restait à accomplir pour Geoffrey : boucler ces 145 km pour 740 m de dénivelé, entre la place de la bourse à Bordeaux, et le front de mer de Pontaillac à Royan. Un itinéraire composé d’environ 65 % de chemins de tracteurs de terre et de roches et de 35 % de bitume. Le parcours, parsemé de quelques petites bosses, est praticable à vélo de montagne dans son intégralité.

Il est parti au milieu de la nuit pour arriver en fin de journée de jour. « Les conditions ont été bonnes jusqu’à midi, puis le soleil a commencé à frapper fort », se souvient l’athlète, qui a aimé son expérience touristique. « Le paysage est exceptionnel, dit-il. Il y a un château, de nombreux vignobles et de jolis petits villages tout au long du parcours. »

Du projet solitaire à l’aventure entre amis

Geoffrey Lonca et ses deux équipiers
Geoffrey Lonca et ses deux équipiers – Photo : courtoisie

L’objectif originel était sportif, avec l’idée d’établir un temps de référence que d’autres pourraient ensuite essayer d’améliorer, mais Geoffrey Lonca a souhaité ajouter une dimension sociale à son défi, en impliquant ses amis.

« Ils s’étonnent des courses que je fais ici et là, et ne comprennent pas trop », raconte-t-il. La volonté de « les bouger un peu » a donc germé dans son esprit. D’autant que pour couvrir une telle distance, une assistance est généralement salvatrice. C’est ainsi que Marion Gayot, une amie d’enfance, et Robin Posteau, un de ses acolytes depuis l’époque du collège, se sont greffés à l’aventure. « Ils se sont sentis super concernés par le projet, dit-il. On a tout planifié ensemble, et on a fait les achats pour les ravitaillements les deux journées précédant le départ. »

Le jour J, ses deux comparses se sont plusieurs fois relayés sur le vélo et dans l’auto. « Celui sur la bicyclette assurait l’orientation, transportait l’eau et l’alimentation énergétique. L’autre, dans la voiture, acheminait un ravito plus conséquent », détaille Geoffrey. Tous les 15 à 20 km, le véhicule attendait les deux autres.

« Ils ont été exceptionnels, s’enthousiasme-t-il. Ça m’a vraiment touché et surpris. Ce côté partage est important pour moi. Et il a été de plus en plus fort au fil des kilomètres. À la fin, quand j’étais dans le dur, j’ai eu l’impression qu’ils souffraient autant que moi. Mais on a aussi ressenti les mêmes joies. C’est pour moi ce qui reste le plus maintenant. »

Le temps officiel de 15 h 33 est secondaire pour le principal intéressé. « Si quelqu’un le bat, ça me motivera pour le faire à nouveau, assure-t-il. De toute façon, j’ai déjà en tête de renouveler l’expérience l’année prochaine, avec encore plus d’amis autour de moi, dans le but d’améliorer le chrono ».

Il refera Bordeaux-Royan l’été prochain

La chaleur a été la principale difficulté du défi
La chaleur a été la principale difficulté du défi – Photo : courtoisie

L’équipée a de plus connu une fin inattendue. « Je souhaitais que certains courent des portions avec moi » et c’est effectivement ce qu’il s’est produit. « Robin a couvert les 12 derniers kilomètres à mes côtés, sa plus longue distance jusqu’alors! Il était content et pense en refaire, se mettre plus assidûment à la course », se félicite-t-il.

Geoffrey Lonca pense continuer de participer à fréquence régulière à diverses épreuves au Québec, où il est retourné. Il n’y a « pas autant de courses qu’en France, mais suffisamment tout de même », souligne-t-il. 

Outre son souhait d’améliorer son FKT, il a beaucoup d’idées de nouveaux défis en tête. « L’an dernier, j’avais parcouru le GR20 en corse avec un copain, en courant, en quatre jours. Pas dans une perspective de record, mais dans le but de faire une rando-trail avec un camarade. C’est le genre d’inspirations qui me font ressentir de grosses sensations. »

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