Florent Bouguin reconnait sans détour que sa saison 2016 en est une de transition. Après avoir complété en octobre dernier la Diagonale des Fous, à la Réunion – « mes Olympiques à moi », dit-il -, le célèbre ultramarathonien enchaîne les courses à la maison, au Québec, pour retrouver son équilibre et redonner à la communauté un peu de tout ce qu’il a appris au cours des dernières années.
Au moment de mettre ce texte en ligne, samedi matin 27 août, 8 h, le départ de la Gaspesia 100 est donné à Percé. Florent est l’un des 15 coureurs qui tenteront de franchir l’ultra de 160 kilomètres, qui compte 3850 m de dénivelés. Il s’agit de sa plus longue distance de la saison jusqu’à maintenant. « C’est une grosse interrogation sur mon corps et mon esprit, confie-t-il. Je suis assez positif, j’espère que ca va bien se passer. »
Cette course fait partie d’un nouveau cycle pour Florent, qui admet travailler à retrouver son équilibre intérieur, après les années d’entrainement qui l’ont mené courir à La Réunion, son île de naissance.
« J’ai eu besoin de me reconstruire un peu après cette course, dit-il, de savoir où j’en étais. » À la recherche de ses repères, il réitère plusieurs fois en cours d’entrevue que sa famille est sa priorité. Avec sa conjointe Catherine et ses enfants Yohan et Nolwen, 8 ans et 10 ans, il a fait un long voyage de cinq mois après la Diagonale des Fous. Puis, de retour au Québec, une longue vacance de canot-camping.
Florent, qui est ingénieur, a également décroché un nouvel emploi en début d’année, dans une entreprise, Optel, qu’il trouve « extraordinaire », parce qu’elle tente de sauver la planète et de changer le monde par des produits d’ingénierie innovants.
« Tu vois que mon équilibre doit être rétabli avec ma famille, mon emploi, et la course à pied », dit-il en riant.
Redonner à la communauté
Cette année, dit Florent, « j’avais également cet objectif de réinvestir tout ce que le Québec m’a appris et m’a donné depuis les quatre dernières années et qui m’a permis d’arriver à La Réunion. Je le dois à plein de québécois, des coureurs, des bénévoles et des organisateurs de course. J’avais envie de rendre aux gens ce que j’ai appris. Pour moi, c’était clair que ma saison de course se passerait au Québec ».
Il a donc participé cet hiver au championnat canadien de course en raquette, près de Québec, puis à la course de Bear Mountain, aux États-Unis, sa petite exception internationale, avant de prendre part au Trail de la Clinique du coureur, à l’Ultra-Trail du Mont-Albert, aux Titans de la montagne à Lac-Beauport et au Québec Méga Trail. Il pourrait prendre part à l’Ultra-Trail Harricana et au 100 miles du Bromont Ultra plus tard cet automne si tout se passe bien en Gaspésie.
« On a des courses incroyables au Québec », dit-il avec une véritable passion, endossant pleinement le mandat d’ambassadeur de la course en sentier de manière générale dans la Belle province. Il ne tarit pas d’éloges sur les parcours et les organisations de ces courses, et particulièrement sur l’ultra du mont Albert, qui lui a fait penser à la Diagonale en termes de difficultés techniques.
Retrouver la « vraie » motivation
Lorsqu’on lui demande vers quoi il est en transition, Florent se fait philosophe. Il reconnait d’abord que « l’après-Diagonale » lui est « bien rentré dedans ». Il a ressenti une baisse de motivation en début d’année, mais elle est pleinement revenue maintenant, sous une forme toute particulière.
« Aujourd’hui, moi ma motivation, ce qui me fait avancer, ce n’est pas un objectif dans un an, dans deux ans. Je trouve que c’est futile. Pour moi, la course en sentier, c’est bien plus que de courir telle ou telle course prestigieuse ou d’accumuler des points dans le classement de l’Ultra-Trail World Tour.
La course en sentier c’est dans ma vie, ça fait partie de mon équilibre. – Florent Bouguin
Ce que souhaite Florent, c’est courir le plus longtemps possible et de gérer avec brio cet équilibre entre la famille, le boulot et la course à pied. De ne pas s’épuiser en cours de route et de continuer à aimer son sport.
« Mon objectif, c’est d’inclure la course en sentier dans cette progression qui fait de moi un meilleur être humain », dit-il.
Alors, cette course Gaspesia 100, à laquelle il prend part, elle n’est pas banale. Elle contribue à faire de Florent un grand homme.