La pandémie a chamboulé nos vies. Les athlètes ont dû s’adapter à l’annulation ou au report de la plupart des compétitions de trail dans le monde. Ils ont dû réviser leurs objectifs et adapter leur entraînement. En ce début d’année 2021, Distances+ a demandé à plusieurs coureurs inspirants de raconter comment ils vivent cette période inédite.
L’ultra-traileur Florent Bouguin, 46 ans, originaire de l’île de La Réunion, est un habitué des grands rendez-vous québécois depuis ses débuts en 2013, mais aussi des courses à l’international (Guadeloupe, Martinique, États-Unis, Chili, Mexique, Inde, Espagne, Irlande). Il doit composer ces dernières années avec des blessures aux genoux qui l’empêchent de performer à son plein potentiel et surtout de se projeter vers l’avenir.
Dans cette période délicate physiquement pour ce champion qui compte 7 victoires et 19 podiums en carrière sur la trentaine de compétitions auxquelles il a participé, la pandémie a été une opportunité de prendre soin de son corps, tout en faisant une place plus grande encore à son équilibre familial, dont il est l’un des meilleurs ambassadeurs.
Distances+ : Avec du recul, comment as-tu vécu ton année 2020?
Florent Bouguin : Comme une drôle d’année! Elle avait bien débuté avec un ultra de reprise début mars dans le désert de l’Arizona (50 miles de Mesquite Canyon, 3e, NDLR) qui annonçait le début d’une série de courses à l’international comme au Québec. Puis, avec la pandémie, cela a été la grande pause des courses, mais pas de LA course. Et, mince, une blessure! Avant d’aller à l’Ultra-Trail Harricana, mon ménisque s’est déchiré de nouveau.
Les périodes de confinement nous ont rapproché, ma conjointe, nos enfants et moi. Nous vivons dans notre bulle. Les grandes sorties de course se sont transformées en belles balades en famille, à discuter et à apprécier d’être ensemble. Nous qui, d’habitude, étions dans une expédition de raquettes ou de ski hors-piste pour la fin d’année, avons défoncé 2020 en ville dans notre maison en toute simplicité. Le bobo au genou est toujours là en ce début 2021.
Que retiendras-tu et quels enseignements as-tu tiré de cette période insolite?
Il est encore trop tôt pour prendre beaucoup de recul. Peut-être que, plus que jamais, on se demande pourquoi on court? Faut-il mettre un dossard? Pourquoi? Pour retrouver la communauté et les êtres humains qui la composent. Même si nous avons été conçus pour courir, nous sommes avant tout des animaux sociaux. Pendant cette pandémie, la nature a toujours été là, mais les contacts sociaux ont disparu. Certains d’entre nous ont très bien navigué dans ces conditions alors que, pour d’autres, c’était l’enfer. Nous sommes uniques et résilients, c’est ce que je retiens de cette période sombre.
Qu’est-ce que la pandémie et ses conséquences ont eu comme impact sur ta « carrière » de coureur?
La pandémie n’a fait qu’accélérer ma transition vers cette quête de l’authenticité. Ne pas courir pour se faire voir des autres, mais courir pour soi, sans tambour ni trompette pour partager avec autrui.
Comment appréhendes-tu cette saison 2021? À quoi, au moment où l’on se parle, devrait-elle ressembler?
Ma saison 2021 n’est pas du tout planifiée encore (fin janvier, NDLR) parce que je veux d’abord récupérer mon genou. J’ai toujours de belles courses qui me titillent et je m’adapterai au calendrier. J’ai envie de continuer à explorer, que ce soient des peuples, des territoires, ma famille, mon esprit et mon corps.
Quel message souhaites-tu faire passer à la communauté de traileurs et aux sportifs en règle générale en cette période difficile?
Cette période est un privilège pour se ressourcer et trouver sa véritable motivation. Le futur s’annonce bien meilleur et soyons prêts à transformer le monde vers un monde plus durable.
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