Jean-Sébastien Lemieux en Islande – Photo : courtoisie
« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles », a écrit Oscar Wilde. Difficile de penser à autre chose lorsqu’on écoute Jean-Sébastien Lemieux raconter son périple au Fire and Ice Ultra en Islande, en août dernier. Nul échec dans le récit du Québécois, mais des étoiles plein les yeux à l’évocation de cette aventure au milieu de paysages lunaires.
Il s’agissait de la première course à étapes pour Jean-Sébastien et, comme souvent dans ce genre d’événement, les participants devait accomplir leur aventure en semi-autonomie. Les tentes, l’eau chaude et l’eau froide étaient fournies, mais tout le reste était à la charge du concurrent.
L’équipement devait être léger, pratique, confortable, chaud… autant de paramètres qui ont fait gonfler la facture. Suite à son aventure, Jean-Sébastien est formel : se tenir au chaud est primordial, surtout la nuit. La température descend bas (-3° C), et il est essentiel de bien dormir pour faciliter l’étape du lendemain.
Un long cheminement
En 2010, Jean-Sébastien, banquier, père de deux enfants, voit la quarantaine approcher. Par chance, elle est accompagnée d’une furieuse envie de se remettre en forme. Il télécharge une application visant à courir un 5 km en quelques mois.
Comme souvent avec les appareils électroniques, Jean-Sébastien attrape un virus : celui de la course à pied. Les mois s’enchaînent, et les distances augmentent. Après avoir couru le marathon d’Ottawa en 2012, le résident de Candiac, sur la rive-sud de Montréal se trouve de nouveaux défis en se lançant dans le triathlon. Il devient alors un IronMan. Après toutes ces étapes en à peine cinq ans, Jean-Sébastien a besoin de s’e frotter à de nouvelles aventures.
Seul dans la nature sauvage
Dimanche 27 août 2017, c’est parti… ou presque! Après 9 h d’autobus dans des chemins plus ou moins carrossables, c’est le premier campement, celui de la veille de départ. C’est également la nuit la plus difficile pour Jean-Sébastien et de nombreux concurrents. Il pleut et il fait très froid. « Après cette première nuit, j’ai vraiment pensé abandonner », dit-il. Il se ravise finalement, au contraire d’une autre des 75 participants, qui déclare forfait.
Il ne le regrettera pas, les paysages sont à couper le souffle. Des immensités lunaires, des glaciers, des cascades… le spectacle est grandiose. De plus, Jean-Sébastien « se retrouve ». Il apprécie la quiétude, il est content d’être venu seul. « Voyager seul m’a permis de m’ouvrir aux autres concurrents, originaires de 18 pays différents », dit-il, et de savourer ces paysages inaccessibles à la majorité des gens. Sur une note plus philosophique, Jean-Sébastien estime avoir « (re)découvert le privilège et la chance de vivre (sa) vie ».
La découverte
C’est à Saint-Raymond, près de Québec, lors du XC de La Vallée 2015, que Jean-Sébastien découvre la course en sentier. À moins que ce ne soit l’inverse? Quelques semaines plus tard, alors qu’il se repose dans son salon, il voit à la télévision un documentaire sur une course incroyable dans des paysages islandais qui le sont tout autant : le Fire and Ice Ultra. Au programme : 250 km en six étapes.
C’est décidé, Jean-Sébastien ne peut rester de glace et déclare sa flamme à la course en sentier. « Pour Noël 2015, je me suis donc offert l’inscription au Fire and Ice » déclare-t-il. Ce sera en 2017 : il a donc 20 mois pour se préparer, des mois durant lesquels il participe entre autres à l’IronMan Canada à Whistler et au 125 km de l’Ultra-Trail Harricana.
Si ces dernières courses sont des objectifs en soi, elles constituent également des étapes dans la préparation de Jean-Sébastien. Son premier défi relié au Fire and Ice Ultra est alors de rester motivé et de savourer rapidement ses accomplissements pour se remettre à l’entraînement.
La dureté de l’épreuve
En plein course, aux moments purs et intenses de joie, s’opposent des difficultés qui leurs sont diamétralement opposées. Les trois premiers jours (et les nuits) sont pluvieux. Après avoir subi le froid intense sous la tente, pas d’autre choix que de remettre des vêtements mouillés le matin pour repartir.
À la troisième nuit, le matelas de Jean-Sébastien se perce, il devient impossible de dormir à même le sol glacial. « Les nuits étaient déjà difficile, mais là, je devais me réveiller pour regonfler mon matelas toutes les 90 min. (…) Les nuits étaient finalement plus difficile à gérer que l’épreuve physique elle-même », avoue-t-il.
Les ultras ont cette réputation de décupler chaque émotion. Des longs moments de solitudes à l’image des immensités volcaniques de l’Islande, à la contemplation de chutes d’eau magistrales de la terre du soleil de minuit. Écouter Jean-Sébastien parler de sa course permet d’en entrevoir quelques aspects. Pour l’aspect comptable, il complète l’épreuve en 22ème position, en un peu plus de 34 h. Et peu importe de savoir dans les faits ce qu’il aurait fait différemment, vous aurez tout de suite envie d’embarquer avec lui lorsqu’il vous répondra : « la prochaine fois… »