Si le grand Kilian Jornet partage régulièrement ses performances d’athlète et ses exploits en montagne sur ses réseaux sociaux, il est rare de le voir dans l’intimité de son quotidien. Un documentaire de 40 minutes propose « un tour du monde dans la meilleure pire année » de l’ultra-terrestre, selon ses propres mots. Des caméras de l’agence de communication Lymbus, spécialisée dans le sport, l’ont suivi pendant plus d’un an.
Le documentaire, intitulé « Inside Kilian Jornet » (« Dans l’intimité de KJ »), vient d’être mis en ligne sur la plateforme de vidéo à la demande Rakuten TV. Il est disponible gratuitement en Europe.
On suit notamment le champion catalan lors d’une tournée mondiale de 11 jours en Asie, en Europe et aux États-Unis. Kilian multiplie les séances de dédicaces, les interviews et les opérations marketing avec ses partenaires et ses commanditaires. On apprend qu’il déteste répondre à deux questions en particulier : « quelle est la question qu’on te pose le plus ? » et « as-tu quelque chose à rajouter ? »
On le voit jongler, toujours souriant, avec tout un tas d’impératifs inhérents à son statut de champion populaire avec lesquels, comme il l’explique, il n’était pas spécialement à l’aise au début de sa carrière et qu’il continue d’appréhender comme un défi.
Après son opération au péroné, Kilian a repris l’entraînement bien avant d’avoir le feu vert des médecins
Le film montre aussi comment Kilian Jornet traverse ses blessures.
On le voit avant et après son opération de l’épaule après sa chute lors de la Hardrock 100 en 2017, puis après son intervention chirurgicale à la suite d’une fracture du péroné lors de la Pierra Menta 2018.
L’espagnol affirme alors avoir bien géré et accepté la première période de convalescence, car elle faisait suite à un choix qu’il avait fait lui-même.
En revanche, la seconde s’est abattue sur lui. Et il l’a moins bien vécu puisqu’il commençait à retrouver son meilleur niveau. Dans le doc, on découvre que l’athlète n’a pas vraiment écouté les recommandations de son médecin. On le voit faire du vélo alors qu’il a encore une botte qui lui immobilise la jambe gauche, ou encore courir sur les crêtes avant que la période de trois mois de repos complet ne soit écoulée. Lorsqu’il a eu le feu vert des médecins, il parcourait déjà 160 kilomètres par semaine, soit environ 30 heures d’entraînement. Rappelons qu’il avait gagné le Marathon du Mont-Blanc puis Sierre-Zinal dès sa reprise de la compétition.
Les inquiétudes de Jornet face à la paternité
Kilian Jornet confie également ses doutes et ses inquiétudes au sujet de sa paternité (sa compagne, la championne suédoise Emelie Forsberg, était enceinte au moment du tournage du documentaire). Il aborde les différents pans de sa vie qui pourraient changer après un tel événement.
Au-delà de devoir réorganiser son calendrier de course, il avoue qu’avoir un enfant aura un impact sur ses nombreuses expéditions en montagne, et notamment en Himalaya où il a prévu de retourner dès cette année. « Dans la montagne, il faut parfois prendre des décisions qui impliquent un risque. Il y a tant d’éléments qui entrent en ligne de compte. Et je crois qu’avoir un enfant c’est un facteur important », souligne-t-il.
20 000 km parcourus en avion durant sa tournée
Juste avant le générique de fin, on apprend que pour sa tournée mondiale, Kilian Jornet a parcouru 20 000 kilomètres en avion, 667 kilomètres en voiture et seulement 23 kilomètres à pied. L’athlète n’aura finalement pu courir que deux heures au cours de son séjour à Los Angeles. Au-delà de la distance parcourue, il s’est également livré à un entraînement contre le sommeil puisqu’il n’a dormi que 39 heures.
Après avoir calculé l’empreinte carbone équivalente aux déplacements de son équipe pour la tournée, qui s’élève à 861 euros, il a décidé d’investir la même somme dans des projets de développement durable pour compenser son impact négatif sur l’environnement.
Kilian Jornet participera-t-il à une course sur route en 2020?
Kilian Jornet a annoncé un peu plus tôt cette année qu’il participerait à la Pierra-Menta en mars et qu’il focaliserait sa saison de trail sur le mythique Pikes Peak Marathon au Colorado. Il tentera de battre le record de l’épreuve de 42 km et 2400 m de dénivelé, détenue depuis 1993 par Matt Carpenter.
Le champion espagnol semble aussi envisager de montrer ce dont il est capable sur route au cours de l’automne, contrairement à ce qu’il a toujours dit. Mais, a-t-il ponctué son annonce sur ses réseaux sociaux, « il ne faut jamais dire jamais ».
La prise de position environnementale de Distances Médias