Après deux années à travailler ses aptitudes en montagne qui se sont soldées par deux podiums successifs à l’UTMB (172 km pour 10 000 m D+), à savoir une 3e place en 2021 et une 2e place d’anthologie derrière Kilian Jornet sous la barre des 20 heures en 2022, Mathieu Blanchard a choisi comme objectif numéro 1 de sa saison 2023 un autre 100 miles emblématique, la rapide Western States (160 km pour 5500 m D+ et 7000 m D-), qui se court en six heures de moins que l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (record de Jim Walmsley en 14 h 09).
Ambitieux sur une course où la densité de top coureurs est impressionnante, il vise une performance le 24 juin prochain en Californie. Dans cette perspective, le coureur franco-canadien a placé plusieurs jalons en début de saison, tous très différents, pour s’adapter à courir dans les conditions de la mythique course américaine, à savoir la vitesse en endurance sur terrain roulant et la chaleur.
Pour développer sa capacité à courir dans la chaleur, Mathieu a d’abord participé en février à une première course à étapes au Costa Rica, le Coastal Challenge (2e derrière derrière le Norvégien Didrik Hermansen), marquée par une chaleur et une forte humidité et par des sentiers techniques à fort dénivelé, puis à la 37e édition du Marathon des Sable au Maroc (avril), marquée une traversée de désert sous une chaleur sèche accablante (250 km et 2100 m D+), qu’il vient d’achever en montant sur la troisième marche du podium (2 h derrière les Marocains Mohamed El Morabity et Aziz Yachou).
Pour développer sa vitesse, Mathieu Blanchard a misé sur une préparation marathon sur route, qu’il a débuté chez lui à Montréal, entre les séances de piste en intérieur et des sorties dans le froid de l’hiver québécois, en courant ou sur les skis. Il s’est également astreint, pendant trois semaines en mars, à un entraînement intense au Kenya, où le temps était plutôt frais. L’une des particularités de ce stage de course sur les pistes d’Iten, c’est que les athlètes courent à 2400 m d’altitude. Il avait débuté son séjour en Afrique de l’Est par l’ascension du Kilimanjaro (5895 m d’altitude) en Tanzanie. Et puis, à son retour en France, il s’est aligné sur le Marathon de Paris avec l’objectif de passer la ligne en 2 h 25. Il est parvenue à surpasser ses attentes en signant un temps de référence de 2 h 22 min 36, un chrono très respectable pour un coureur en sentier spécialiste de l’ultra-endurance. Il a donc couru les 42 km à près de 18 km/h (3 min 20 / km) sous une météo peu clémente, en devant notamment composer avec un vent de face sur les 20 derniers kilomètres. Or, Mathieu a accéléré, réalisant un « negative split » avec un premier semi-marathon en 1 h 12 et le second en 1 h 10, devenant l’un des ultra-traileurs français les plus rapides sur marathon.
À noter qu’entre le Marathon de Paris et le Marathon des Sables, Mathieu avait rejoint au Portugal l’équipe Salomon International pour le traditionnel stage de début de saison, au cours duquel l’équipe désormais dirigée par Vincent Viet a enchaîné les kilomètres et le dénivelé, à la course et en vélo.
À son retour du Marathon des Sables, Mathieu va aller s’installer en Californie pour terminer sa préparation sur place, sur le terrain spécifique de la Western States.
Un texte écrit par Nicolas Fréret
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