Malgré la maladie de Ménière, Dominic G.-Despatis s’attaque au 160 km du Bromont Ultra

Photo : courtoisie

Malgré la persistance de symptômes depuis trois ans, ce n’est qu’au début septembre que le diagnostic est tombé. Ce mystérieux malaise, c’est la maladie de Ménière. Et même si une « crise » vient de survenir, Dominic G.-Despatis est confiant pour sa course de 160 km au Bromont Ultra ce week-end.

La maladie de Ménière touche l’oreille interne, celle qui assure l’audition et l’équilibre. Les gens qui en sont atteints peuvent souffrir de vertiges, les messages qui parviennent au cerveau étant contradictoires. Le syndrome est peu connu, sa prévalence variant de 1 personne sur 1000 à une personne sur 10 000, en fonction des études.

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« Je suis confiant pour samedi, confie Dominic à Distances+. Je ne stresse pas trop avec ça. »

« Crinqué »

Dominic G-Despatis - Photo : courtoisie
Dominic G-Despatis – Photo : courtoisie

Cycliste, puis coureur sur route, Dominic a plongé tardivement dans l’univers du trail, initié par une amie. La course en sentier est devenue une façon d’alimenter le goût d’aller plus loin, plus longtemps… jusqu’à l’ultra. 

« C’est sûr que la Ménière, ça a déclenché mon désir de faire des 160 km, avant de ne plus être capable de faire ce genre de truc-là, dit-il. J’ai toujours été un sportif dans l’âme, mais j’ai commencé super tard le sport de performance. Quand ma mère est décédée, jeune, et que moi j’étais pris avec une maladie, je me suis dit : ˝c’est le temps d’exploiter ce trip-là à fond˝ ».

Il a aussi d’autres raisons de se pousser à fond : il vient d’apprendre que son père est atteint du cancer du pancréas. Cela le pousse à réfléchir au sens qu’il donne à son quotidien. « On a juste une vie à vivre, je ne veux pas avoir de regrets, dit-il. Je suis encore plus crinqué. »

Mode de vie

Dominic G.-Despatis - Photo : courtoisie
Dominic G.-Despatis – Photo : courtoisie

Dominic, 40 ans, travaille comme chef d’équipe graphique chez Ubisoft à Québec. Papa fort occupé, il ajuste son entraînement à son mode de vie. il se rend désormais au travail à la course afin de concilier le sport et la vie de famille.

« Les fins de semaine où je suis monoparental, je m’oublie. À la place de faire des cycles de quatre semaines d’entraînement, je fais des cycles de deux semaines, avec des week-ends-chocs aux quatre semaines », explique-t-il.

« Quand j’ai ma fille, je me repose à 100 %. J’ai appris beaucoup de la kinésiologue Évelyne Blouin, qui m’a entraîné. J’ai pris ce qu’elle m’a donné comme bagage et je l’adapte à mon horaire. Je sais que j’en fais encore un peu trop, mais Ménière, ça m’a vraiment crinqué pour faire des longues distances, peut-être un peu plus rapidement. »

« En ce moment, je dirais que ça me fait plus peur, parce qu’elle prend beaucoup plus de place qu’avant. Je m’étais fait avertir que ça n’irait pas mieux en vieillissant. Il faut que je fasse attention. Ça me fait peur, mais je me dis que je ne dois pas trop stresser avec ça, parce que c’est pire. »

De la route au trail

Sa première course en trail, le 25 km du Québec Méga Trail, il y a trois ans, a été une véritable piqûre. « À partir de ce moment-là, je me suis dit : c’est fini les marathons, je fais de la trail ». 

La suite? Le tout premier 50 km du Trail de la Clinique du Coureur et puis la ligne de départ du 160 km du Gaspésia 100 en juin dernier. Malheureusement, il a dû s’arrêter en cours de route.

Pendant l’été, il s’est préparé pour le 125 km de l’Ultra Trail Harricana. La veille de l’événement, Ménière a pris de l’espace, beaucoup d’espace. Assez pour envisager de ne pas prendre le départ. Éventuellement, Dominic a choisi de se rendre sur les lieux de l’ultra, oscillant sur la ligne de l’équilibre.

À deux heures du matin, il s’est élancé. Pendant de nombreuses heures, les effets engendrés par la maladie ont fait surface, mais il a terminé, un grand sourire aux lèvres, émotif, entouré de ses amis, en 17e position, toutes catégories confondues. 

Après Harricana, il ressentait un mélange de réflexion, de fatigue et de volonté de courir encore. Il a participé à deux autres courses, dont le Trail Urbain de Québec, qui vient en aide aux enfants en difficulté.

« Maintenant, je veux faire certaines épreuves qui me tiennent à coeur pour la beauté de la chose, pour le trip de gang et tout ce qui vient avec. C’est moins axé sur ma performance maintenant, mais plus sur l’ensemble ». Sur l’idée, déjà, de prendre le départ. 

Ses visées pour le futur : l’UTMB ou la CCC, se promener un peu partout en Europe, aux États-Unis en fonction de sa santé et, bien entendu, se présenter à nouveau sur la ligne de départ du 160 km au Gaspésia 100 l’été prochain, histoire de prendre sa revanche. 

Le 160 km du Bromont Ultra, c’est un objectif important. Parce qu’il s’est entraîné, mais aussi parce que c’est, assurément, un beau pied de nez à la maladie. Une petite victoire qui deviendrait grande, sur la ligne de l’équilibre. Avec ou sans Ménière, la course appelle.

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